Maroc : Les femmes cadres payées 15% de moins que les hommes

Chaque année, l’Europe célèbre le 2 mars l'Equal Pay Day, une journée prônant l’égalité salariale entre hommes et femmes. A l’occasion de cette journée, le cabinet Mercer, spécialisé en ressources humaines, a publié mardi 6 mars une étude sur les écarts de rémunération entre hommes et femmes dirigeants le monde. Pour la région Moyen-Orient et Afrique, le cabinet Mercer a analysé six pays. Au Maroc, les femmes dirigeantes sont payées 15% de moins que leurs pairs masculins.

Ce n’est pas un scoop. La dernière grande enquête qui avait été menée sur les disparités des salaires entre hommes et femmes avait été publiée au mois d’août dernier et avait été menée par le Haut Commissariat au Plan entre 1991 et 2007. Cette étude ne portait pas seulement sur les cadres ou dirigeantes mais sur tous les secteurs d’activité et métiers confondus. «Au Maroc, les femmes souffrent toujours de discrimination sur le plan des salaires, même lorsqu’elles exercent la même activité que les hommes. En 2007, les femmes étaient payées 17 % de moins que les hommes», rapportait en août dernier le Soir Echos alors qu’elles étaient payées 56% de moins que les hommes en 1991.

Discrimination envers les femmes

« Les écarts de salaires sont dus à des représentations sociales considérant que certaines franges d’individus sont vouées à la sous-rémunération en raison de leur âge, sexe, statut matrimonial, origine sociale. […] Le seul fait d’être une femme réduit à lui seul le salaire de l’intéressée de 32,4 % en 1991, 15,4 % en 1999 et 14 % en 2007», ajoute le quotidien marocain. Par ailleurs, l’étude soulignait également que les femmes rurales étaient les plus grandes victimes de cet écart.

Toutefois, dans ces six pays passés au peigne fin par l'étude Mercer, les Marocaines ne sont pas dans la pire position. Au Qatar, les femmes cadres perçoivent en moyenne une rémunération inférieure de 38% à celle perçue par les hommes, aux Emirats Arabes Unis, une rémunération inférieure de 12%, en Turquie, 1% seulement. L’Arabie Saoudite fait également parti de ses pays analysés mais le cabinet a été dans l’incapacité d’avoir une base statistique fiable, en raison du nombre trop faible de femmes dirigeantes dans le pays. Les Saoudiennes pourront voter pour la toute première fois en 2015 à l'occasion des élections municipales. 

Responsabilités familiales

En parallèle, l’Europe n’est pas l’eldorado de l’égalité salariale entre hommes et femmes et peut difficilement jouer au donneur de leçon. Le cabinet Mercer a basé son analyse sur les rémunérations de 264 000 cadres supérieurs et dirigeants, dans 5 321 entreprises et dans 41 pays européens au total. Les femmes représentent moins d’un tiers des dirigeants européens. Les femmes dirigeantes gagnent en moyenne 22% de moins que leurs pairs masculins en moyenne en Europe, contre un écart de 15% au Maroc.

Cet écart de salaire est dû, non pas parce que les entreprises mènent une discrimination salariale à l’égard des femmes comme cela est le cas au Maroc mais cet écart est expliqué par la nature des fonctions, l’ancienneté ou l’expérience. «Les femmes, plus que les hommes, ont une probabilité plus élevée de mettre temporairement leur activité professionnelle entre parenthèses, le plus souvent en raison de leurs responsabilités familiales […] Une femme sera peut être moins payée que ses équivalents masculins car les 5 ans qu’elle n’a pas passé à gravir les échelons de l’entreprise, représentent aux yeux de son employeur, 5 ans d’expérience professionnelle en moins», explique l’étude.

Une autre raison est également avancée par l’étude expliquant cet écart de salaire : la ségrégation des métiers, c’est-à-dire que certains métiers comme ceux de la communication et les ressources humaines sont occupés davantage par des femmes, des postes beaucoup moins rémunérés, laissant ainsi d’autres postes plus stratégiques dans la société aux hommes. 

Par conséquent, les plus grandes disparités entre hommes et femmes en matière de salaire sont constatées en Allemagne. Les dirigeantes allemandes gagnent en moyenne 22% de moins que leurs pairs masculins, en Suède, l’un des premiers pays européens à avoir octroyé le droit de vote aux femmes, l’écart est de 19%, l’Espagne et la Grèce (- 18%), la France et les Pays-Bas (-14%), le Danemark (-12%), l’Irlande (-10%), l’Italie, la Finlande, le Royaume Uni et le Portugal (-9%), la Norvège (-8%), la Suisse (-7%) et la Belgique (-6%).