Aujourd’hui se poursuit, à Salé, le procès en appel des accusés de l’attentat de Marrakech. Hier déjà, dès leur entrée dans le tribunal, les accusés dénonçaient leurs conditions de détention. Ils parlent de torture, d’humiliation et de privation, rapporte La Voix du Nord. Pour apporter des preuves à leurs propos, l’un d’eux a enlevé ses pulls pour montrer son dos rougi par les coups qu’il reçoit en cellule. La cour a ordonné au parquet que des certificats médicaux sur l'état de santé des accusés soient produits lors de la prochaine séance, les avocats de la partie civile reportant quant à eux leurs plaidoiries, selon AFP.
L’allure que prennent les choses retourne complètement les avocats des victimes. «C'est une honte ! s’est emporté Frank Berton, l'un des avocats des familles de victimes. Ces gens cherchent à échapper à leurs responsabilités. Et, de plus, ils rejettent celles-ci sur les familles des victimes ! […] Pour mettre fin à cette pièce de théâtre, nous voulons savoir si les accusés sont réellement malades. S'ils ne viennent pas avec des certificats médicaux, les marrons sont cuits. […] Nous ne voulons pas aller en cassation avec un vice de forme en leur faveur», a lancé, excédé, Me Berton.
Les familles des victimes se disent méprisées. Plusieurs d’entre elles ont fait le déplacement pour assister au procès. «Pour nous, ce nouveau procès est une épreuve supplémentaire mais nous le ferons face parce que nous voulons que justice soit rendue…», confie un ami d’un couple français décédé lors de l’explosion de Marrakech, selon La Dépêche.
Il faut un «procès équitable»
Les familles de six individus parmi les accusés sont montées au créneau et dénoncent à leur tour non seulement les exactions des forces de l’ordre envers leurs enfants, mais aussi envers elles-mêmes. Elles réclament un «procès équitable» et exigent une amélioration de leurs conditions de détention, rapporte EFE. Elles ont à cet effet organisé une conférence de presse dans les locaux de l’Association marocaine des droits de l’homme (AMDH). «Nous nous joignons à la famille pour dénoncer les conditions d’incarcération des détenus. Nous demandons à ce que les promesses qui nous ont été faites par le CMDH [Centre mosellan des droits de l’homme] soient honorées», déclare à Yabiladi Khadija Riyadi, présidente de l’AMDH.
Leurs familles aussi auraient été victimes de violence, apprend-t-on de l’Association. «L’une d’entre elles a passé la nuit au commissariat pour avoir insisté à voir son fils, avec un bébé parmi eux. Par la suite, ils sont poursuivis en justice. La famille de Mohamed Réda aussi sera poursuivie. C’est intolérable !, s’indigne Mme Riyadi. Sachant que la famille a été privée de visite. Un huissier de justice a fait un rapport sur l’état des choses, dont nous détenons une copie». «Tout ce que nous demandons c’est que les droits des détenus soient respectés et que le procès se déroule dans le respect du droit international qui régit ce type d’affaires», ajoute-t-elle.
Pour rappel, l’attentat de Marrakech survenu le 28 avril 2011 dans le café Argana sur la place Jamâa el-Fna avait fait 21 blessés et 17 personnes dont huit Français et deux Marocains, un Britannique et un Hollandais. Neuf personnes avaient été arrêtées. Le principal suspect jugé coupable a été condamné à mort, son complice Hakim Dah à la prison à perpétuité. Quatre des sept autres accusés ont été condamnés à quatre ans de prison et trois à deux ans.