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Grand Angle

Islam et publications étrangères : Le Maroc préfère le dialogue à la censure

Le ministère de la communication prépare en collaboration avec l’Organisation islamique pour l'Education, les Sciences et la Culture (ISESCO) une campagne de communication sur l’Islam à destination des éditeurs européens.

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Le gouvernement marocain prépare une campagne de communication à destinations des éditeurs européens, révèle Ajib.fr. Il s'agit de «prendre contact avec les maisons d’éditions européennes et autres porteurs de projets de publications dont l’objectif est d’expliquer l’Islam dans sa réalité, ses préceptes et principes en vue d’éviter les clichés et faux panachages médiatiques», souligne le ministre marocain de la communication Mustapha Khalfi. Le contexte de ce projet est particulier : l’Etat marocain a récemment interdit la diffusion de plusieurs revues françaises et espagnole pour avoir représenté le profète Mohamed et atteinte à la personne du roi.

Dimanche 26 février, le quotidien espagnol El Pais a été interdit de diffusion pour la seconde fois en 10 jours. Auparavant, avaient été censurés, l’Express, le 21 décembre, le Nouvel Observateur, le 28 décembre, et le Pélerin, le 2 février. Pour éviter ces clashs, le Maroc veut renforcer sa communication institutionnelle en amont, d'autres appelleront cela du lobbying. Pour ce faire, l’Organisation Islamique pour l’Education, les Sciences et la Culture envisage de «combattre les désinformations sur l’Islam», explique un communiqué du ministère de la Communication. Cela devra se faire par le biais d’une série d’ateliers, formations et échanges interreligieux et interculturels entre journalistes et éditeurs marocains et européens.

«Le positionnement de l’ISESCO puise toute sa légitimité dans les chartes et codes internationaux qui incitent éditeurs, journalistes et simples citoyens à respecter toutes les croyances religieuses et différences ethniques. Le respect mutuel et l’acceptation de l’autre naissent du dialogue», souligne El Mahjoub Bensaid, président de la cellule de communication au sein de l’ ISESCO. Il ajoute, «les pays européens sont les premiers à avoir parlé de démocratie. Ce programme est une occasion qui leur permettra de témoigner de leur ouverture d’esprit sans laquelle la démocratie ne pourra jamais exister. A fortiori quand on sait que le Maroc est par définition un pays ouvert au dialogue et à la tolérance.»

Si la nouvelle constitution du Maroc énonce dans l’article 28 que «la liberté de la presse est garantie et ne peut être limitée par aucune forme de censure préalable», l’article 29 du code de la presse donne au ministre de la Communication le pouvoir d’interdire l’import de publications qui «portent atteinte à la religion islamique, au régime monarchique, à l’intégrité territoriale [du Maroc], au respect dû au Roi ou à l’ordre public.» Avec ce programme, le ministère de la Communication veut à aller au-delà des interdictions et de la censure au nom des lois nationales par le biais du dialogue.

Dans une interview accordée au quotidien marocain arabophone, Akhbar Al Yaoum, le directeur de l’ISESCO, Abdulaziz Othman Al Twaijri, a précisé que ce projet est décisif car il sert à «clarifier une question épineuse d’une façon équitable et juste, loin de tout fanatisme censé affecter l’objectivité et la crédibilité d’une telle action».

En outre, Mustapha Khalfi précise que les revues et supports européens qui ont été mis à l’index dernièrement peuvent continuer à être distribués s’ils respectent les lois marocaines en vigueur relatives au respect de la Nation et de ses principes. Il ajoute également qu’il existe une décision de l’ONU qui interdit toute atteinte aux religions. «Ces magazines ont le droit de dire ce qu’ils veulent sur l’Islam mais doivent respecter le principe de sa non-représentation iconographique», explique le ministre.

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