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Grand Angle

Coronavirus : Les proches d’une médecin décédée au CHU de Casablanca exigent une indemnité

Après le décès d’une médecin des suites du coronavirus, ses proches veulent constituer un dossier d’accident du travail. Le CHU de Casablanca, où la défunte exerçait, refuse en bloc. Pour cause, il se tient à une version relayée par le ministère de tutelle sur les circonstances de l’infection, mais que le syndicat des médecins publics réfute.

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Le CHU Ibn Rochd / DR.
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Le décès d’une médecin à cause du coronavirus au Centre hospitalier universitaire (CHU) Ibn Rochd de Casablanca a divisé le ministère de tutelle et le Syndicat indépendant des médecins du secteur public sur les circonstances de cette infection, mais pas que. Les proches de la défunte s’alignent sur la version qui met en lien l’exercice de la praticienne, dans la lutte contre la pandémie, et le fait d’avoir contracté le covid-19. Ils exigent de ce fait que le CHU les indemnise, ce que l’établissement refuse pour le moment.

Contacté par le site d’information arabophone Al3omk, un membre de la famille de la médecin affirme en effet s’être rendu au CHU, mardi, en préparation d’un dossier d’indemnisation pour accident du travail. Selon lui, la requête a d’emblée été rejetée par l’administration du CHU. Celle-ci se tient d’ailleurs à la version du ministère de la Santé, qui estime que l’infection et le décès sont «sans rapport avec l’exercice des fonctions» de la praticienne.

Soutenant pour sa part la version du syndicat des médecins, le proche de la défunte souligne que cette dernière «n’a contracté le virus ni de son entourage familial, ni de ses voisins, puisqu’aucun d’eux ne semble avoir été atteint du virus». Dans ce sens, il estime que «la médecin a contracté le virus dans un contexte professionnel où elle a été en contact avec une collègue atteinte».

Lundi dernier, au lendemain de la sortie du ministère de la Santé, le syndicat des médecins publics a appelé le département à présenter «des excuses officielles», estimant que la version officielle relayée serait «erronée» et porterait «préjudice aux sacrifices du corps médical» mobilisé pour endiguer la pandémie.

Un débat sur la contraction du virus comme maladie professionnelle

«Nous ne cherchons aucunement à créer une polémique. Nous laissons temporairement l’ensemble de nos différends avec le ministère de la Santé. Nous ne reculons pas devant nos revendications de plusieurs ordres, mais notre priorité pour le moment est d’unir les fronts, les forces, et nous appelons tout le monde à la raison. Donc si l’un ou l’autre commet une erreur, il n’y a aucun mal à rectifier le tir pour avancer en bonne entente», souligne ce mercredi auprès de Yabiladi Alaoui Al Mountadar, secrétaire général Syndicat indépendant des médecins du secteur public.

Pour lui, cette rectification «est simplement une question de reconnaissance».

«L’erreur est humaine, il est noble de la reconnaître et de la corriger. En tant que syndicat et à travers nos membres permanents à Casablanca, nous avons bien pu vérifier la version des faits rapportée dans notre appel au ministère de la Santé, qui lui a d’ailleurs été adressé sous forme de courrier.»

Dr. Alaoui Al Mountadar

Pour ce médecin exerçant à Fès, la possible qualification du coronavirus comme maladie professionnelle «est un débat juridique» qui peut être mené, comme c'est le cas en France. Mais avant cela, le syndicat demande réabilitation et réparation pour la médecin décédée.

«Nous ne parlons même pas des autres praticiens atteints du virus pendant l’exercice de leur devoir national, à Casablanca, Rabat, Khémisset, Fès et ailleurs, pour ne pas créer la panique au sein des citoyens et de notre front uni avec le ministère. Mais en retour, ce moment nécessite de la retenue de la part de tous et certaines erreurs ne doivent plus être commises», estime Alaoui Al Mountadar.

Lundi dernier, l’Académie de médecine française a estimé que les professionnels de santé, mais aussi de l’alimentation, des transports ou de la sécurité, devaient être pris en charge pour maladie professionnelle, s’ils contractaient le coronavirus.

Article modifié le 08/04/2020 à 22h41

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