Menu

Grand Angle

Malgré les risques d’infection au Coronavirus, beaucoup de Marocains défient les mesures de confinement

Face à un virus invisible qui se propage rapidement, le confinement est la solution privilégiée par le Maroc. Mais malgré l'évolution des cas positifs au nouveau coronavirus, de nombreux Marocains ne respectent pas les mesures de l'état d'urgence sanitaire.

Publié
Photo d'illustration. / DR
Temps de lecture: 3'

Malgré les efforts proactifs de l'État pour freiner la propagation du nouveau coronavirus et son appel aux Marocains à adhérer aux mesures prises, certains persistent à violer l'urgence sanitaire. Les avertissements maintes fois répétés par les médecins n'y font rien.

«Comment est-il possible qu'une personne demande à l'État de la protéger alors qu’elle n'assume pas ce rôle envers elle-même et sa famille ?», s’interroge ainsi le docteur en sociologie et en psychologie Abdeljabbar Chokri. Contacté par Yabiladi, il estime sans ambages que «pendant cette crise, certains Marocains ont démontré leur manque de patriotisme». Pour lui, c'est donc une affaire nationale, et tous doivent participer à l'effort collectif. Les individus doivent «changer leur comportement à ce stade» parce que «leurs actions peuvent entraîner des conséquences inimaginables».

«Une personne imprudente ou négligente, pendant cette crise, ne paye pas toute seule le prix, mais cela se repercute sur sa famille et son pays.»

Abdeljabbar Chokri

Et de regretter que «bien que l'État ait fait tout ce qui était en son pouvoir, ce non-respect des mesures prises lui fera perdre le contrôle de la situation».

Le sociologue Abdeljabbar Boucetta va dans le même sens, en considérant que l'imprudence «face à la gravité de cette épidémie chez certains Marocains est due au manque de conscience» et à «leur manque de sens des responsabilités face aux risques, que ce soit au sein de la famille ou du système éducatif». Il pointe du doigt «les médias qui surmédiatisaient des banalités, provoquant ainsi de l’indifférence et de l’insouciance chez la population».

La pandémie entre fausses informations, manque de connaissance et interprétations religieuses

Pour le sociologue, il y a également celles et ceux qui évacuent les risques en invoquant le destin. «Ils ne savent pas que le pouvoir et le destin sont entre leurs mains, et qu'ils ne doivent pas se mettre en péril», souligne-t-il encore. Il insiste aussi sur «la nécessité de prendre en considération les finalités et de s’engager dans les efforts entrepris», en mettant en garde contre «la mauvaise interprétation de la religion».

A contrario, beaucoup de nos concitoyens ont «démontré leur sens du civisme, de la solidarité et de la prise de conscience de la gravité de la pandémie», estime Abdeljabbar Boucetta.

«Les efforts de l'Etat ne suffiront pas, chacun devrait s'engager pour faire face à cette crise. Nous sommes arrivés à un stade où les autorités n'auront pas d'autres choix que le recours à plus de fermeté.»

Abdeljabbar Boucetta

Plus nuancée, Lamia Amrani, spécialiste et psychothérapeute estime pour sa part que le déficit d'adhésion au confinement peut être aussi imputé au manque «de sensibilisation au Covid-19». «Tout le monde n'est pas au courant des publications de sources scientifiques fiables pour comprendre ce qu'est le virus et comment se protéger et protéger les autres», estime-t-elle.

La psychothérapeute critique aussi «la diffusion de fausses informations, comme le fait que le coronavirus n’atteint que les personnes âgées et ceux souffrant de maladies chroniques, ce qui laisser certains penser que les autres seraient immunisés et donc n'ont pas besoin de rester confinés». Cette fausse conviction entraîne en plus un risque d'infecter l'ensemble de la famille même si elle reste confinée à la maison.

«Ce qui aggrave les choses, c'est que certaines personnes croient que les maladies sont une punition divine résultant d'un mauvais comportement et réagissent ainsi par le non-respect des lois», explique-t-elle. La pureté de l'âme supposée serait donc ce vaccin anti-covid-19 que personne n'a encore découvert ? 

Lamia Amrani ne désarme pas contre cette fausse croyance. Elle assure que même avec cette catégorie de Marocains, la sensibilisation et l’adhésion aux efforts pour lutter contre cette pandémie restent possible et relève de «notre responsabilité à tous».

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com