Coronavirus et crise économique : Clash entre le patronat et les banques marocaines

La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) et le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) s’écharpent au sujet des modalités d’aide aux entreprises, sur fond de gestion des effets socio-économiques de l’urgence sanitaire. Dans une lettre datée de vendredi et rendue publique samedi, le GPBM tire à boulet rouge sur la CGEM, lui reprochant un ton «inadmissible», des attaques et des allégations «dénuées de tout fondement».

Cette missive cinglante vient en réponse au courrier de la CGEM adressé au GPBM, mettant en garde contre «un arrêt de l’activité économique» et appelant les banques à accompagner les entreprises dans cette épreuve. Le pateonat déplore qu’«une écrasante majorité des entreprises ont baissé drastiquement leur activité ou sont carrément à l’arrêt. Elles voient leurs revenus s’effondrer ce qui, par un effet domino, finit par toucher la quasi-totalité des secteurs». Plus loin, le président de la CGEM, Chakib Alj, dénonce des «écarts», des «situations de décalage» dans le traitement des banques vis-à-vis des entreprises et «un déficit brutal de traitement».

Par ailleurs, Chakib Alj s’adresse au président du GPBM en faisant état d’augmentation de marges de la tarification des emprunts par certaines institutions bancaires. Selon lui, «les taux de financement des importations sont parfois passés de 1,5% à 3,5%» et «les taux de charges sont parfois sans rapport avec les cours pivots», tandis que «certaines salles de marchés sont fermées».

Le président du GPBM, Othman Benjelloun, et son vice-président délégué, Mohamed El Kettani, estiment que ces propos «ne sont pas à la hauteur de la responsabilité nationale que nous devons assumer dans la sérénité et la concertation», en temps de gestion des effets du coronavirus sur l’économie. «Le secteur bancaire est indigné par ce genre de discours qui, au lieu d’unir toutes les forces vives du pays face à cette crise, tend au contraire à diviser et à semer inutilement la panique», écrivent encore les deux responsables.

A ce sujet, cette lettre affirme que jusqu’à vendredi matin, le GPBM et le ministère des Finances finalisaient «les dernières modalités pour l’opérationnalisation dès lundi prochains des engagements pris par le GPBM au sein du Comité de veille économique, pour le report des échéances de crédits et l’octroi de crédits de fonctionnement pour les entreprises touchées par les conséquences de la pandémie».

Le GPBM et la CGEM sont tous deux membres du Comité de veille économique (CVE), qui est également constitué de huit membres du gouvernement, de Bank Al-Maghrib et de la Fédération des chambres de commerce, d’industrie et des services et celle des chambres d’artisanat.