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Interview

«Encourageons les personnes âgées à maintenir une bonne qualité de vie en confinement» [Interview]

L’urgence sanitaire et le confinement préventif contre le coronavirus ne doivent pas isoler les personnes âgées de leur entourage et les faire oublier les réflexes d’une hygiène de vie saine. C’est ce à quoi appelle Dr. Khadija Moussayer, spécialiste en médecine interne et gériatrie, présidente de l’Alliance des maladies rares au Maroc et présidente-fondatrice de l’Association marocaine des maladies auto-immunes et systémiques.

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Le risque pour la santé s’accroît-il pour les personnes âgées, au cours de ce confinement sanitaire ?

Pas spécialement, à condition de maintenir une bonne hygiène de vie. Les personnes âgées connaissent une baisse des sensations de faim. Cela dit, elles doivent continuer à manger sainement et à boire de l’eau régulièrement, même si elles n’en ressentent pas le besoin, car elles peuvent se déshydrater sans le réaliser rapidement.

Contrairement aux idées reçues, les besoins en nutriments et en protéines ne diminuent pas avec l’âge. S’en nourrir permet au corps de continuer à avoir la matière première suffisante pour maintenir son système immunitaire. Par ailleurs, les personnes âgées doivent veiller à avoir un bon sommeil, qui permet la régénération de l’organisme et garantit un équilibre hormonal. C’est plus facile à dire qu’à faire, mais ces personnes doivent éviter le plus possible toute source de stress, en entretenant des relations humaines, malgré la distanciation sociale.

Durant cette période, des personnes âgées ne pourront pas être suivies de près par leurs enfants ou leurs médecins. Comment peut-on veiller sur leur état de santé ?

Les moyens de communication pour les sensibiliser sur l’importance de rester vigilants par rapport à leur santé permettent de leur rappeler à chaque fois qu’il faut faire bouger son corps, notamment à travers les vidéos et la messagerie instantanée. Tout au long de cette période, les personnes âgées doivent garder contact aussi avec leurs médecins traitants. Ces derniers doivent avoir à portée de main les dossiers médicaux de leurs patients, surtout ceux dont l’état de santé ou l’âge nécessite une attention particulière et un suivi régulier.

Dans ce sens, il faut tout faire pour que nos aînés suivant un traitement n’interrompent pas celui-ci à cause du confinement. Certains protocoles médicaux ne doivent pas être arrêtés de manière brutale, sans la supervision des praticiens, sous peine de voir des maladies sous-jacentes se réactiver (diabète, hypertension, problèmes cardio-vasculaires…).

Comment les personnes âgées peuvent maintenir une activité physique en confinement ?

C’est un conseil valable en tout temps, mais qu’il faut prendre encore plus au sérieux en temps de pandémie, qui implique la suppression des sorties et donc la diminution des activités physiques. Il est très important pour tous, mais surtout pour les personnes âgées, de maintenir cette activité. Se tenir à des séances de marche, des mouvements réguliers de bras, des épaules, des cuisses et du dos, permet d’entretenir la force musculaire, qui se réduit avec l’âge et qui risque de s’amoindrir davantage avec la sédentarité du confinement.

Ces exercices peuvent s’effectuer quotidiennement par les personnes âgées, quel que soit l’espace de leur domicile, qui ne doit pas être un obstacle pour entretenir la motricité et la circulation sanguine. Nous voyons bien que les astronautes, confinés dans la superficie réduite de leur navette spatiale, maintiennent une activité physique en faisant des mouvements réguliers !

De la même manière, si les personnes âgées ne maintiennent pas un rythme d’exercices, elles risquent d’entrer dans une spirale de fragilité, où elles perdent leur autonomie, leur défense immunitaire et augmentent leur exposition à des maladies chroniques.

Avec la multiplication des appels au confinement préventif, certaines personnes se sont empressées de quitter leurs villes pour rejoindre leurs proches, avant l’état d’urgence sanitaire. Est-ce un facteur aggravant de propagation du coronavirus ?

Le confinement doit être strict pour tout le monde, non seulement pour les personnes âgées, mais aussi de leur entourage et les gens qui sont plusieurs à vivre dans une même maison. Plus le nombre est réduit par ménages, plus la maîtrise de confinement et de contagion est efficace. Depuis le développement de la pandémie au Maroc, beaucoup de jeunes adultes ont voyagé pour rejoindre leurs familles. Dans ces cas-là, la maîtrise des cercles de contagion doit être plus renforcée.

On pense beaucoup que si les personnes à risque restent à la maison, elles sont automatiquement protégées, mais ce n’est pas suffisant. Il faut que celles qui sortent et rentrent empêchent le coronavirus de s’immiscer dans ces maisons, en se lavant les mains dès l’entrée, en se changeant, en évitant le contact physique avec ceux qui ne sortent pas et en respectant les distances recommandées.

Les maladies rares face au coronavirus

Quelles sont les maladies rares des personnes âgées au Maroc, qui sont peu visibles mais qui nécessitent une attention particulière, dans le contexte de la pandémie ?

Par définition, les maladies rares sont celles qui touchent moins d’une personne sur 2000. Trois quarts d’elles surviennent dès l’enfance et se développent avec l’âge, sur 30, 40 ou 50 ans, voire plus. Elles sont très diverses, entre les maladies génétiques et auto-immunes, mais peuvent être reconnues grâce à un dépistage néonatal. C’est d’ailleurs le problème qui se pose au Maroc, puisque nous ne recourons que très rarement à ce procédé, en l’absence de centres spécialisés et de médicaments en quantité.

Par exemple, les malades de mucoviscidose dans notre pays vont probablement souffrir d’une rupture de stocks, puisque leurs traitements sont indisponibles ici. Très souvent, ils sont acheminés de l’étranger pour chaque patient, par ses propres moyens, à travers un membre de la famille, une personne qui peut faire un aller-retour ou envoyer une quantité à travers quelqu’un d’autre. Avec l’urgence sanitaire, cela n’est plus possible et nous craignons donc que des personnes soient à court de traitement.

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