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Grand Angle

FINCOME : L'amicale des «compétences» marocaines à l'étranger

«Le Forum International des Compétences Marocaines à l'Etranger (FINCOME) sera lancé officiellement en avril 2007», c’est ce qu’avait annoncé la ministre déléguée chargée des Marocains résidant à l'étranger (MRE), Nouzha Chekrouni. Nous sommes aujourd’hui à la mi-mai, mais toujours rien… FINCOME ?

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Officiellement, Fincome est un programme. Un programme que Mme la Ministre a tenu à institutionnaliser. Non pas au sein de son ministère, mais plutôt au niveau de la primature: «c’est le Premier Ministre qui a le dossier entre les mains». Le ministère de Chekrouni joue uniquement un rôle d’intermédiaire, c’est lui-même qui l’affirme. On se permettra d’ajouter que même le rôle de relais est très mal joué. Un intermédiaire est par définition censé au moins faire circuler l’information entre les acteurs, à défaut de pouvoir faire plus… Jusqu’à aujourd’hui, combien de personnes savent de quoi il s’agit exactement ? Il n’y a pas eu de communication, pas de concertation ni de réunions d’information.

Pourtant le site de Fincom indique que parmi ses principes de base, il y a «l’approche participative. La plate forme élaborée est soumise à l’appréciation de compétences marocaines à l’étranger».

D’un côté, il faudrait d’abord savoir de quelle plate forme il est question. On en connaît la structure principale : le Ministère des MRE, l’ANAPEC, la CGEM et L’association marocaine Recherche Développement. On en connaît les acteurs : les MRE-compétences et des organismes publics et privés du Maroc. On en connaît les objectifs : transfert de technologie, contribution au développement du pays, etc. Mais on ne sait toujours pas ce qu’est FINCOME. Le Ministère précise «qu’il ne s’agit pas d’association ni d’amicale des MRE». Soit. Mais qu’est ce que c’est donc? Un supposé programme dont on ne sait rien mis à part qu’il rentre dans le champ d’une «stratégie nationale de Mobilisation des Compétences des Marocains Résidant à l’Etranger», qu’il s’agit d’«une stratégie ambitieuse, globale et intégrée». Quels en sont les axes, les mécanismes? Comment cela se passe-t-il? Mystère et boule de gomme…On en arriverait à se demander si eux-mêmes le savent, le site mis en ligne fin décembre n’augure rien de bon puisque la moitié des liens ne sont toujours pas fonctionnels, surtout ceux où l’interactivité entre en jeu. Pour un site censé référencer les compétences, il est avant tout l'oeuvre de beaucoup d'incompétences.

D’un autre côté, de quelles compétences marocaines à l’étranger parle-t-on au juste ? Le FINCOME sera couronné par un Comité d’Orientation, composé de membres issus des partenaires (ANAPEC, CGEM…), mais aussi de 25 compétences marocaines à l’étranger. Ces compétences sont au final sélectionnées par la Primature parmi une liste de CV dressée par les consulats marocains comme cela a été le cas au Canada, d'après l'Economiste. Si cela est avéré, sur quelles bases ces représentations diplomatiques ont-elles établi la liste ?

Tout donne à penser que FINCOME est une coquille vide. Contrairement au Conseil Supérieur de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CSCME), le forum n'est pas une institution avec pouvoir consultatif. C'est tout au plus une base de données de compétences, disons le clairement et sans détour, principalement des compétences gravitant autour des consulats. Au mieux, ces néo-amicales serviront pour des colloques, ou des conférences devant les caméras.

Avec un FINCOME lancé comme un cri de détresse et un CSCME qui patine avant même d'avoir commencé, l'agitation autour des MRE remet au goût du jour la nécessité d'un Conseil Economique et Social prévu pourtant depuis 1993. Cette institution présente déjà dans de nombreux pays européens et même au Maghreb, notamment en Tunisie, permet de réunir des membres de la société civile, du patronat, des syndicats. Le Maroc pourrait même se payer l'originalité d'inclure un collège de MRE. Son rôle consultatif officiel auprès du gouvernement et du parlement serait une véritable caisse de résonnance pour les différentes composantes de la société marocaine, diaspora y compris. La revendication du marocaine à l'étranger n'est elle pas d'être considéré comme citoyen marocain avant tout, membre à part entière de ce pays auquel il est tant attaché ?

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