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Grand Angle

Maroc : Les femmes victimes de violences financières

L’association Initiatives pour la protection des droits des femmes (IPDF) a récemment lancé à Fès un fonds d’investissement baptisé «Attahadi». Le projet est essentiellement destiné à venir en aide aux femmes victimes de violence (violences financières comprises)  et ce, à travers le développement d’un bouquet d’activités génératrices de revenus. Cependant, ce projet prête à réflexion…

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«Dans la quasi-totalité des cas, les femmes battues peinent à voler de leurs propres ailes financièrement parlant. Car pour ce faire, il faudra au moins qu’elles divorcent de leurs bourreaux et notre ligue ne peut pas les pousser à prendre une telle décision» lance d’emblée Bouchra Abdou, membre au sein de la ligue démocratique pour les droits des femmes (LDDF). En effet, une femme en situation de violence financière penserait rarement à s’engager dans une vie professionnelle active. Le plus convenant serait qu’elle puisse aller au-delà du calvaire qu’elle subit au quotidien. Cependant, rien ni personne n’est censé inciter une femme à divorcer en dehors de sa propre volonté. «Notre devoir consiste à écouter, sensibiliser et puis à orienter ces femmes violentées. Qu’elles soient battues, humiliées ou qu’elles aient eu le malheur d’avoir un mari qui leur soutire leur salaire sous la pression, notre tâche est de leur redonner le sourire», continue-t-elle.

Etre victime de violence n’est pas une fatalité

Les centres d’écoute et d’orientation juridique pour les femmes victimes de violence poussent comme des champignons au Maroc. Toutefois, la violence a la peau dure et les traditions n’aident pas la Marocaine à abandonner son foyer. Heureusement, les mentalités évoluent et la religion ne prohibe pas le divorce. Quant aux cas proprement dit, bon an, mal an, les tribunaux de la famille reçoivent des tonnes de plaintes de femmes victimes de leur propre choix. Celui d’épouser un truand. Le cas échéant, certaines femmes peinent à prouver leur châtiment. Si pour les violences physiques la femme a besoin d’un certificat médical et de photographies, qu’en est-il d’une femme dont la violence est d’ordre financier? Néanmoins, peu de femmes osent avoir recours à l’aide des centres d’orientation juridique qui leurs sont essentiellement destinés. Le plus assommant, c’est que parmi ces femmes violentées financièrement, il existe même des médecins. «Notre filière de Ouarzazate a déjà reçu une plainte en provenance d’une femme médecin. Celle-ci souffrait le martyre à cause de son mari qui l’obligeait à lui donner sa recette quotidienne sous la pression, parfois même sous l’agression physique», témoigne Bouchra Abdou.  Et d’ajouter : «Cette dame a obtenu son divorce grâce au soutien juridique de notre bureau à Ouarzazate. Malheureusement, la chance ne sourit pas autant aux villageoises ou aux femmes vivant dans les zones les plus enclavées du Maroc».

Marocaines d’ici et d’ailleurs…

Pour Milouda Hazeb, parlementaire marocaine et militante de la question féminine, lorsque la violence n’atteint pas son degré physique, le tout reste une question de personnalité : «Personnellement je pense que ces femmes fonctionnaires qui se laissent faire par leur mari violent ont un sérieux problème de personnalité. Le parlement marocain ne peut pas proposer des lois pour gérer les susceptibilités de chaque cas social au Maroc» insiste-t-elle avant d’ajouter : «Lorsque ces femmes souffrent d’une violence d’ordre financier, les lois marocaines ne peuvent que les placer dans le rang des violences générales, mais n’arriveront jamais à  ‘’gonfler’’ ce genre de problème. Les centres d’orientation juridiques pourront, par contre, faciliter la procédure de leur divorce au cas où elles en auraient envie». 

En outre, au-delà de nos frontières, le calvaire des Marocaines violentées est tout autre. Car les ambassades du Maroc ne sont pas en mesure de soigner ces cas sociaux. Les plus chanceuses ont réussi à être épaulées par des associations de protection des étrangers. Pour la députée Milouda Hazeb, la balle est dans le camp des parlementaires marocaines et militantes féministes qui auraient tendance à oublier de venir à l’aide de ces citoyennes à part entière…

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