Coronavirus : Des MRE et des Européens bloqués sur les deux rives de la Méditerranée  

Au Maroc comme en Espagne, la décision de suspendre, jusqu'à nouvel ordre, les vols aériens et le trafic maritime de passagers entre les deux pays a pris de court plusieurs Marocains et Espagnols. «Les souverains des deux pays, le roi Mohammed VI et le roi Felipe VI, se sont concertés à ce sujet à la suite des échanges qui ont eu lieu entre les chefs de gouvernements et les ministres de l'Intérieur et des Affaires étrangères du Maroc et de l'Espagne», indique jeudi soir l’agence MAP.

Une fermeture destinée à lutter contre la propagation du coronavirus, mais qui ne reste pas sans impact sur la vie de plusieurs Marocains établis dans le pays ibérique. Des MRE d’Espagne, dont des étudiants, se rendant fréquemment au Maroc se sont ainsi retrouvés bloqués dans le royaume ibérique.

«Tout le monde est bloqué ici. Les universités et les écoles sont fermées et les autorités nous ont invités à nous approvisionner en denrées alimentaires», nous déclare ce vendredi Sonia, une MRE qui habite à Malaga avec sa sœur.

Bloqués en Espagne ou dans l'impasse au Maroc

Les deux Marocaines ne savaient pas si elles allaient rentrer au Maroc ou rester en Espagne, à cause de l’augmentation du nombre de cas testés positifs au coronavirus à Malaga. «Nous sommes inquiètes», dit-elle, précisant que depuis jeudi, «une trentaine de nouveaux cas de coronavirus ont été enregistrés dans la ville».

Et d’ajouter que «personne ne sait combien de temps cela va durer». «Les écoles sont fermées pour quinze jours normalement. Nous ne savons pas si cela concernera aussi les vols et les frontières désormais fermées avec le Maroc», conclut-elle.

Bloqué en #Espagne d’où je devais rentrer demain ! Situation inédite dans ma vie ! More news to come

— Othman Naciri (@othmannaciri) March 12, 2020

En attendant, d’autres MRE tentent de regagner le Maroc en essayant de contourner la suspension des liaisons entre le Maroc et l’Espagne. «Mon frère est étudiant en Espagne et n’a que 17 ans. Tous ses amis sont déjà partis chez eux et il s’est retrouvé presque seul dans le campus universitaire», nous déclare Anissa*.

Ce jeune étudiant marocain devait rentrer au Maroc le 1er avril. «Nous avons beaucoup réfléchi avant de lui chercher un billet d’avion», ajoute notre interlocutrice. Mais avec la fermeture, il fallait trouver une correspondance pour pouvoir regagner le Maroc. «Nous lui avons pris un vol avec la RAM depuis une autre capitale européenne, pour rentrer aujourd’hui, car nous sommes inquiets pour lui», explique-t-elle.

La décision prise conjointement par le Maroc et l’Espagne pour lutter contre la propagation du coronavirus a pris de court des MRE qui se sont rendus ces derniers jours dans leur pays d’origine. «Je suis venue rendre visite à mes trois filles ici à Tanger», nous confie Khadija, une MRE d’Espagne. «Je devais rentrer le 15 mars, mais avec la décision de suspendre les vols et les liaisons maritimes et terrestres, je ne pourrai pas rentrer en Espagne», regrette-t-elle.

Le cas de Khadija est loin d’être isolé. Une vidéo de deux femmes, une Marocaine et une Espagnole, qui se sont retrouvées au Maroc au moment de la décision a été largement relayée sur les réseaux sociaux. On les entendait exhorter les autorités marocaines à les laisser regagner l’Espagne, en affirmant avoir laissé derrière elles les membres de leur famille et leurs emplois.

Bloquées à Tanger-Med suite à la décision de suspension du trafic maritime en provenance et à destination d'Espagne.#CoronaVirus pic.twitter.com/MeVOGamOaJ

— Laarabi ? (@nawfal) March 12, 2020

Des Espagnols et des Italiens bloqués dans le royaume

D’autres Espagnols, venus au Maroc pour passer leurs vacances, ont également fait part de leur inquiétude après cette suspension des liaisons entre les deux royaumes. Ainsi, l’agence espagnole EFE a relayé le témoignage d’un groupe d'Espagnols à Merzouga et de touristes des Îles Canaries à Laâyoune, dont les membres affirment ne pas «savoir ce qui se passe» ou comment vont-ils regagner leur pays.

«Pour l'instant, personne n'a expliqué ce qu'il adviendrait de ces Espagnols, puisque le décret de fermeture de la frontière sera en vigueur jusqu'à nouvel ordre, selon un communiqué du gouvernement marocain publié cet après-midi», ajoute EFE.

Leur situation rappelle celle de plusieurs touristes italiens. En effet, après l’annonce, lundi soir, que l’Italie est désormais zone rouge, les frontières du pays ont été fermées à toute entrée ou sortie et nombre de ressortissant italiens en visite au Maroc sont bloqués dans le royaume.

Au Maroc, les décisions prises concernant les liaisons avec l’Italie et l’Espagne n’ont pas tardé à se concrétiser sur le terrain. «Il n’y a pas de trafic passager entre les deux rives. La situation est clame mais le trafic routiers (camions de marchandises, ndlr) continue normalement», nous déclare une source au port Tanger Med. «Les gens ne peuvent pas se déplacer aux ports vu qu’il n’y a pas de ferrys qui vont les transporter», nous explique-t-elle.

Et d’ajouter qu’hier, «il y avait des gens dans les bateaux, en pleine mer, au moment où la décision a été prise». «Ces bateaux ont continué leur traversée. Tous les ferrys déjà engagé ont continué leur chemin jusqu’à destination pour déposer les personnes à bord et les derniers ont fini leur traversée vers 23h», nous assure-t-elle.

Ces nouvelles mesures de suspendre les liaisons aériennes et maritimes avec le Maroc n’inquiètent pas que les MRE d’Espagne. Même ceux résidants dans d’autres pays européens, comme la France ou les Pays-Bas, se demandent aujourd’hui si leurs payss de résidence seront les prochains sur la liste.

*Le prénom a été changé