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Grand Angle

Terrorisme : En Espagne, «trois accusés sur quatre sont nés au Maroc ou en Espagne»

Dans son rapport annuel pour l’année 2019, l’Observatoire international des études sur le terrorisme affirme que la plupart des personnes arrêtées en Espagne «sont des citoyens marocains ou espagnols». Said Lak'hal, expert des mouvements islamistes et terroristes, analyse les constats de ce rapport, notamment pour le Maroc et les Marocains d’Espagne.

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Photo d'illustration. / DR
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L’Observatoire international des études sur le terrorisme (OIET) a rendu public son rapport annuel sur la menace terroriste dans le monde. Selon ce document publié il y a quelques jours, la tendance amorcée en 2018, qui a connu une diminution considérable des attaques terroristes sur le sol européen, s’est poursuivie en 2019.

Ainsi, «les 15 attaques djihadistes enregistrées en 2017 ont été réduites à sept en 2018 puis à cinq en 2019» en Europe. Ce recul s’est aussi traduit en termes de nombre de victimes de ces attentats, qui a baissé de 62 morts en 2017 à sept en 2019.

En Espagne, aucun attentat terroriste n’a été enregistré durant l’année dernière, souligne l’OIET, qui évoque «une première» et rappelle que 2018 et 2017 ont été marquées par des attentats terroristes ayant endeuillé le royaume ibérique. «Cela est dû à plusieurs facteurs, dont le fait que l’Espagne et l’Europe ont pris des mesures sécuritaires strictes, tout en expulsant un certain nombre d’imams et de prêcheurs extrémistes dans leurs pays d’origine», nous explique ce mardi Saïd Lak'hal, islamologue et expert des mouvements islamistes et terroristes. «L’Europe a également accentué sa surveillance des personnes soupçonnées de liens avec le terrorisme», ajoute-t-il.

En revanche, l’observatoire souligne notamment la persistance de l’attaque terroriste ailleurs, comme dans le Sahel et au Moyen-Orient. Pour l’expert des mouvements islamistes et terroristes, «l’incapacité de ces Etats de faire face au terrorisme, à cause notamment du manque de ressources et des frontières importantes à surveiller», en serait la principale cause. Il ajoute que «la défaite de Daech en Irak et en Syrie a conduit plusieurs éléments à se rendre dans le Sahel et le Sahara».

Saïd Lak'hal rappelle aussi que «les organisations terroristes cherchent un environnement propice, notamment social, pour évoluer, comme cette zone géographique». «Ces organisations se nourrissent des différends tribaux et sectaires et de l’échec des politiques gouvernementales sur les minorités religieuses et ethniques», analyse-t-il.

L’extrémisme en Espagne et au Maroc, environnement «propice» au terrorisme

C’est le cas, jusqu’à récemment, de l’Espagne. Dans son rapport, l’OIET s’est intéressé au profil des djihadistes arrêtés en Espagne l’année dernière. Ainsi, il révèle que la plupart d’entre eux «étaient des citoyens marocains ou espagnols». «Sur les 51 cas dont l'origine est connue, 39 d'entre eux possédaient l'une de ces deux nationalités et par conséquent, trois détenus sur quatre sont nés au Maroc ou en Espagne», précisent ses rédacteurs.

Pour Saïd Lak'hal, plusieurs facteurs sont à l’origine de ce constat, dont le fait que «plusieurs Marocains d’Espagne restent, directement ou indirectement, liés au Maroc». «De plus, il y a des imams extrémistes marocains en Espagne (comme l’exemple de l’imam de Ripoll, ndlr) et le fait que le pays a été un passage, avec Ceuta et Melilla, de Marocains se rendant en Irak ou en Syrie», ajoute-t-il.

L’expert estime aussi que «l’Espagne ne prenait pas très au sérieux la mobilité des djihadistes et des extrémistes ni les prêches dans certaines mosquées, contrairement à d’autres pays européens comme la France» et que le pays «peut être considéré comme ayant un environnement propice» pour le terrorisme, d’où l’apparition de plusieurs profils de terroristes.

D’ailleurs, en lien avec le Maroc, le rapport souligne que 89 personnes liées au terrorisme ont été arrêtées par les autorités marocaines, dans les 27 opérations menées l’année dernière.

«Le Maroc est toujours concerné par la menace terroriste, car en plus des facteurs extérieurs, il y a aussi l’approche sécuritaire qui ne s’attaque qu’aux résultats, soit la naissance et la constitution des cellules terroristes.»

Said Lak’hal 

Pour le chercheur, «il y a des imams extrémistes marocains qui prêchent des expiations et des condamnations à mort sans être inquiétés». «Nous avons un environnement intellectuel pour répandre l’extrémisme et tant qu’il existe, la naissance de cellules terroristes ne s’arrêtera pas», conclut-il.

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