La situation en Italie, pays européen le plus touché par Coronavirus, décrite par des MRE

L’Italie a mis samedi une dizaine de villes du nord sous quarantaine pendant deux semaines, après la découverte d’une soixantaine de cas de contamination au nouveau coronavirus en deux jours. Le pays a enregistré cinq décès – les premiers sur le continent européen.

Au sud de Milan, la province de Lodi est particulièrement concernée : dix de ses communes ont été mises sous quarantaine. Abdelkrim Al Merdadi, acteur associatif résidant dans la commune de Somaglia, un petit village de 4 000 personnes dans cette province de Lodi, nous décrit la situation. «Le premier cas a été détecté à 100 mètres de chez moi tandis que l’hôpital de Codogno où il a été admis est situé à 4 km de mon domicile», dit-il. Sur les 50 000 habitants de la province, 1 000 seraient Marocains ou d’origine marocaine, selon les estimations.

Depuis l’annonce de l’isolement de sa commune, plusieurs mesures ont été mises en place, comme la présence de gendarmes et l’instauration d’un couvre-feu. «A Codogno, une autre commune proche de chez nous, des supermarchés ont fermé. Nous avons été obligés de nous déplacer plus loin pour trouver un supermarché, où il y avait une file d’attente et dont les produits étaient déjà en rupture», déplore-t-il. Il se veut toutefois rassurant, expliquant faire «confiance aux autorités italiennes». «Je pense que les militaires se chargeront du transport des produits alimentaires», ajoute-t-il.

«Nous sommes tous chez nous et en arrêt de travail. Ce dernier a été autorisé sans nécessité de présenter un certificat médical. Tous les lieux de culte sont fermés. Même pour les funérailles, les autorités recommandent que trois personnes seulement soient présentes, y compris la personne représentant l’autorité», poursuit-il. Sa fille, étudiante et en internat à une trentaine de kilomètres du domicile familial, est isolée après être rentrée chez elle jeudi, précise-t-il. Elle va bien et est en contact avec les autorités en attendant des analyses.»

Des écoles, des mosquées et des administrations fermées

Un peu plus à l’est, à Vérone précisément, le consulat du Maroc a mis en place dimanche une cellule de crise ainsi qu’un numéro spécial pour les MRE de la ville. Joint par Yabiladi, Achraf Ali, responsable du Centre islamique de cette ville de la région de Vénétie, se montre rassurant lui aussi. «Il n’y a qu’un seul cas déclaré dans la région de Vérone. Les mesures annoncées ne sont que préventives pour empêcher la propagation du virus», nous explique-t-il.

Et d’ajouter que «les rassemblements, notamment dans les stades, les églises, les mosquées et les synagogues sont déconseillés», bien qu’aucun cas n’ait été déclaré.

Idem à Bologne, au centre de l’Italie, où des mesures similaires ont été adoptées. Adil El Asri, président de l'Association marocaine des travailleurs en Italie, explique que les autorités ont fermé des écoles et des universités afin de réduire la propagation de la maladie. «Il y a des directives du gouvernement interdisant l'ouverture des écoles, des universités et des activités sportives, ainsi que toutes les activités culturelles, y compris les musées», déclare-t-il.

Une situation normale dans les villes du Nord

A la question de savoir si le consulat du Maroc dans cette région a lui aussi mis en place une cellule de crise, ce MRE rappelle que «les suivis médicaux sont effectués par les autorités italiennes». En pratique, «les cellules ne sont mises en place que pour s’informer des conditions de la communauté», ajoute-t-il. «Cela rappelle les événements de 2011, lorsqu’un tremblement de terre a eu lieu dans cette région où nous vivions. Une cellule de crise avait été créée et nous avions évoqué la possibilité de rapatrier des Marocains par crainte d’un deuxième séisme. Toutefois, en cas de pandémie, je ne pense pas que des Marocains accepteront de retourner au Maroc, car nous savons que cela peut représenter un risque pour le Maroc. De plus, il serait difficile de rapatrier un grand nombre de personnes», se justifie-t-il.

Un MRE de Milan, joint par notre rédaction, confirme aussi ces mêmes mesures. «Il ne faut pas paniquer. Hier, des supermarchés ont été vidés de leurs produits. Un magasin a vendu la totalité de ses produits alimentaires dès 15 heures. Je pense que les gens doivent éviter ce genre de comportement», fait-il savoir.

Pour sa part, Abdellah Khazraji, président d’un festival maroco-italien et acteur associatif vivant à Trévise, près de Venise, souligne que même «les enfants ont l’interdiction d’aller à l’école jusqu'au 1er mars». «Le carnaval de Venise qui devait avoir lieu demain a été annulé et les rassemblements ont été interdits. Il est conseillé aux gens d’observer des mesures de prévention et d'éviter les lieux de rassemblement», déclare-t-il, en décrivant de l’inquiétude, bien que la situation sur le terrain reste «normale». «Des églises et certaines mosquées se trouvant dans des zones où la quarantaine a été imposée sont fermées. Ce n’est pas encore le cas ici mais nous y arriverons aussi», ajoute-t-il.

Et de rappeler l’annulation des trains entre l’Italie et l’Autriche, proche de son lieu de résidence, ou encore les mesures des autorités françaises à la frontière avec l’Italie.