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Grand Angle

Diaspo #133 : Yassir Kazar, un passionné qui a su conjuguer cybersécurité et entreprenariat

Ce Franco-Marocain originaire de Casablanca a réussi à faire de sa passion pour la cybersécurité un projet entrepreneurial. L’année 2020 sera celle du marché marocain pour Yogosha, la société qu’il a cofondée en 2015.

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Yassir Kazar a fait de la cybersécurité le cheval de bataille de sa passion pour l’entreprenariat et l’informatique. / DR
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Yassir Kazar n’est pas ce qu’on appelle communément «un geek». Ce trentenaire franco-marocain est effectivement un passionné d’informatique, mais il voit plus loin que le bout de son écran. Cofondateur de Yogosha, une entreprise créée en 2015 et spécialisée dans le bug bounty («chasse aux bugs»), Yassir Kazar, 36 ans, s’est intéressé très tôt à l’informatique et à ses mystères, indéchiffrables pour le commun des mortels. Le déclic survient à l’âge de 11 ans, lorsque ses parents, enseignants, piochent dans les bas de laine pour lui acheter son premier ordinateur.

Son adolescence sous les cieux bleus de Casablanca s’en trouve ainsi marquée : «J’étais un bidouilleur. J’ai découvert le monde du hacking et du codage très tôt. J’adorais ça !», se souvient aujourd’hui l’entrepreneur, contacté par Yabiladi. Sa passion pour l’informatique se conjugue à celle pour l’entreprenariat. Durant ses études universitaires à la faculté des sciences et techniques de Mohammedia et à l'École des hautes études en gestion, informatique et communication (EHDEC) de Casablanca, il se renseigne sur les cursus susceptibles de correspondre à ses aspirations et tombe sur le parcours MIAGE – Méthode informatique appliquée à la gestion – dispensé à l’université de Paris Descartes. «Je me suis reconnu dans ce diplôme», nous dit-il. Il débarque donc dans la capitale française en 2005, à l’âge de 22 ans, pour suivre cette double diplomation en informatique et en gestion d’entreprise.

Le virus de l’entreprenariat

Sa fibre entrepreneuriale ne tarde pas à reprendre le dessus. Dès sa première année d’étude en France, il cofonde Recrutinnov, une startup dont il devient le directeur technique et qu'il gère parallèlement à ses trois années d’études. «J’avais réussi à convaincre mon directeur de formation de l’époque de pouvoir travailler dans cette entreprise en alternance avec mes cours. Je consacrais deux jours par semaine à ma société et les trois jours restants à mes études. Ça a été mon premier parcours professionnel», précise-t-il.

Yassir Kazar à Issy-les-Moulineaux lors d’une conférence portant sur le thème «''Hacker'' pour mieux vivre ensemble». | DRYassir Kazar lors d’une conférence TEDx portant sur le thème «''Hacker'' pour mieux vivre ensemble», à Issy-les-Moulineaux le 22 novembre 2018. | DR

Peinant à faire décoller son activité, il se contraint à tourner la page de cette première aventure entrepreneuriale. A l’issue de ses études, il décroche un poste au sein de l’entreprise canadienne CGI.inc, spécialisée dans les services-conseils en technologie de l’information, qui a racheté en 2012 la société Logica, spécialisée dans le conseil, l’intégration de systèmes et l’externalisation, au sein de laquelle il travaillait auparavant. Enseignant dans des écoles de commerce et d'ingénieurs en France, il a également participé au lancement de la branche marocaine de l'Open Knowledge Foundation pour l'ouverture des données et l'open data, ainsi qu'au lancement de la branche marocaine de OuiShare, un think tank autour de l'économie collaborative.

«J’ai passé sept années assez intenses dans le monde du service. Je m’occupais notamment d’une dizaine d’ingénieurs dont je supervisais le parcours. Je travaillais beaucoup sur la business intelligence, l’analyse et l’entrepôt de données. Je touchais à beaucoup de choses, j’étais multi-casquettes. Après sept ans, le virus de l’entreprenariat a repris le dessus», raconte-t-il.

Le Maroc, un marché prometteur

Yassir Kazar décide alors de créer sa deuxième boîte, Defensive Lab, à travers laquelle il commercialise des tests d’intrusion, «services classiques dans le monde de la cybersécurité». C’est au cours de cette activité que l’idée de Yogosha prend racine. «J’ai décidé de me consacrer à 4 000 % à ce projet parce que j’y ai cru. J’ai mis un terme à l’aventure Defensive Lab et je me suis recentré sur Yogosha.»

Sa société vise à repérer les failles de sécurité dans le système informatique des entreprises. La startup collabore avec une communauté privée de 500 hackers éthiques, capables de contrer les cyberattaques, aussi bien sur site web qu’application mobile, API ou encore infrastructure. «Notre entreprise s’adresse principalement à des grands comptes ou à des ETI (entreprise de taille intermédiaire, ndlr). On travaille avec des éditeurs de solutions logiciels, des e-commerçants et des banques assurances, qui disposent de services en lignes susceptibles d’être exposés aux cyberattaques», explique Yassir Kazar.

L’entreprise compte parmi ses clients de grandes entreprises, à l’instar de Bouygues Telecom, BNP Paribas, Cdiscount, Galeries Lafayette ou encore L’Oréal. L’enjeu de cette année 2020 est de miser sur le marché marocain, dont Yassir Kazar est convaincu du potentiel en matière de cybersécurité : «Les partenariats se dessinent ; on a récemment signé avec nos premiers clients marocains. Le Maroc est un hub pour l’Afrique, du fait notamment des liens qu’il a pu tisser avec d’autre pays. C’est un pays stratégique pour nous cette année.»

Signe que Yassir Kazar voit grand pour Yogosha : l’entreprise a récemment levé 2 millions d’euros auprès de OneRagtime, BNP Paribas Développement et ses investisseurs historiques Axeleo Capital, Starquest Capital et ZTP. Cette levée doit permettre à la startup d’étendre son offre sur de nouveaux marchés de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique. L’avenir est donc prometteur pour cet entrepreneur-né.

Article modifié le 29/02/2020 à 22h32

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