Menu

Grand Angle

SIEL 2020 : Censure du livre «Sahih al-Bukhari, la fin d’un mythe» ?

La clôture de la 26e édition du Salon international de l’édition et du livre, ce dimanche, a été marquée par une polémique : la censure non-officielle de certains ouvrages, dont «Sahih al-Bukhari, la fin d’un mythe» de Rachid Aylal.

Publié
Rachid Aylal, auteur du livre «Sahih al-Bukhari, la fin d’un mythe» / Source : Facebook
Temps de lecture: 3'

Chercheur et auteur de l’essai «Sahih al-Bukhari, la fin d’un mythe», Rachid Aylal envisage d’intenter un procès contre la décision unilatérale et «injustifiée» du retrait de son ouvrage des étalages du Salon international de l’édition et du livre (SIEL), clôturé ce dimanche à Casablanca. En effet, l’écrivain basé à Marrakech a pris part à cette 26e édition pour y présenter son opus, qui s’appuie sur une recherche théologique et historique questionnant certaines notions sur les préceptes du Coran, les hadiths et la manière dont ils ont été rapportés par al-Bukhari.

Au lendemain de la rencontre avec l'auteur tenue mercredi dernier, les exposants du livre ont découvert que ce dernier avait disparu de leurs étalages. «Nous avons essayé d’entrer en contact avec la direction du SIEL, mais personne n’a souhaité nous recevoir. Je me suis rendu moi-même sur les lieux et frappé aux portes du bureau de la direction, voyant qu’il y avait du monde à l’intérieur, mais j’ai été ignoré et aucune explication ne m’a été donnée», affirme Rachid Aylal à Yabiladi.

Selon lui, «il n’y a pas eu de consigne écrite et officielle pour interdire le livre, mais des instructions auraient été données pour le retirer en douce». «Le soir après ma participation et la fermeture de l’Office des Foires et expositions de Casablanca, qui accueille le SIEL chaque année, des membres du personnel du salon auraient fait le tour des stands à la recherche des exemplaires restants», ajoute-t-il.

Des éditeurs auraient été menacés de se voir interdits du prochain SIEL

Rachid Aylal confie également que les éditeurs et exposants qui ont déclaré l’acquisition d’exemplaires pour le SIEL mais qui n’en ont plus eu sur leur étalage, après les avoir tous vendus, auraient «reçu la visite du personnel, le lendemain matin, pour rendre les copies qui seraient encore en leur possession dans les cartons». D’ailleurs, un autre livre «Mémoires de Kafer Maghribi» («Un apostat marocain») aurait subi le même sort, affirme encore l’écrivain. Pourtant, ces deux titres auraient fait partie des meilleures ventes lors des premiers jours du salon, selon le chercheur.

Contactés par Yabiladi, certains éditeurs et exposants ayant acquis le livre de Rachid Aylal ont nié l’avoir retiré des étalages. La maison d’édition ayant publié l’ouvrage (Dar El Watan) affirme pourtant à notre rédaction avoir fourni des exemplaires, spécialement pour le Salon du livre. D’autres nous confirment seulement que «le stand ayant accueilli la présentation de Rachid Ayal, mercredi, s’est vu retirer l’ouvrage et a découvert son absence le lendemain matin».

Pour l’auteur, les éditeurs se déresponsabilisent des faits parce qu’ils auraient «reçu des pressions et des menaces de se voir évincés du prochain Salon du livre». Par ailleurs, il dénonce un usage des organisateurs qui «s’apparente plus à du vol et à une censure non-officielle». Pourtant le livre ne fait pas l’objet d’une interdiction formelle, puisqu’il a un dépôt légal, a pu être imprimé et diffusé.

«La liste des livres retenus pour le SIEL 2020 et envoyée par le ministère de la Culture incluait d’ailleurs l’ouvrage, mais lorsque la direction du salon l’a soumise aux exposants, les vendeurs ont découvert que le titre avait disparu.»

Rachid Aylal, écrivain et chercheur

Pour Rachid Aylal, le traitement envers «Sahih al-Bukhari, la fin d’un mythe» illustre les «luttes de différents courants» au sein des structures intervenant dans le secteur de l’édition et du livre. Il estime que «pour certains, son contenu est dérangeant car il déconstruit ce qu’ils considèrent comme des vérités absolues, mais rien ne justifie que la direction du SIEL le retire sans s’expliquer». De ce fait, l’auteur confie à Yabiladi étudier avec son éditeur et son avocat l’éventualité de saisir la justice pour obtenir réparation.

En mars 2018, une présentation du livre prévue à Marrakech avait été déprogrammée, après que les organisateurs aient reçu des menaces.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com