Menu

Grand Angle

Elalamy détaille les raisons du Maroc à demander la révision de l’ALE avec la Turquie

Cet après-midi à la Chambre des représentants, le ministre Moulay Hafid Elalamy a donné en détail les raisons économiques ayant poussé le Maroc à demander la révision de l’ALE avec la Turquie alors que ceux avec l’UE et les Etats-Unis enregistrent également des déficits.

Publié
Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique. / DR
Temps de lecture: 2'

L'accord de libre-échange avec la Turquie a volé, cet après-midi à la Chambre des représentants, la vedette aux autres dossiers avec six questions. Le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique a commencé son intervention par reconnaitre devant les députés que le Maroc enregistre un «déficit» dans plusieurs ALE, citant particulièrement ceux conclus avec l’UE, les Etats-Unis et la Turquie.

Moulay Hafid Elalamy a ensuite nuancé ses propos en s’appuyant sur une étude d’évaluation réalisée par son département. Ainsi, le déficit annuel avec l’UE oscille entre 75 à 78 milliards de dirhams.

Toutefois, 71% des investissements étrangers au royaume sont européens, a-t-il souligné. Et de rappeler que Bruxelles a consacré 1,4 milliard d’euros d’aides à Rabat pour la période 2014-2020. En prenant en considération ces données, le ministre conclut que l’ALE avec l’UE reste équilibré.

Le partenariat avec les Etats-Unis a fait également l’objet d’un diagnostic. Le déficit s’élève à 20 milliards de dirhams par an alors que les investissements américains au Maroc représentent 6,% du total des IDE, a précisé Elalamy.

Passe d'armes entre le PJD et le RNI

Avec la Turquie, le ministre a brossé un autre tableau. Outre les deux milliards de dollars que perd annuellement l’économie marocaine, les investissements d’Ankara au royaume sont faibles par rapport à ce qu’elle réalise dans des pays de la région maghrébine, citant notamment le cas de l’Algérie. Elalamy a reconnu que, contrairement à l’UE et les Etats-Unis, le pays d’Erdogan n’accorde aucune aide à Rabat. Et de déplorer aussi la perte de milliers d’emplois dans le secteur du textile pour cause de cet ALE : de 14 000 enregistrés en 2014, jusqu’à 44 000 en 2019.

«Il s’avère à la lumière de ces chiffres que nous avons un problème avec la Turquie», a constaté Elalamy. «Lors de ma première rencontre avec la ministre du Commerce (fin novembre à Ankara), les Turcs ont rejeté toute demande de révision de l’accord. Une position qu’ils ont réitérée à Rabat», le 15 janvier lors du Forum d’affaires entre les deux pays, a-t-il révélé.

Et de rappeler que la réunion qui était prévue, le 30 janvier, a été reportée à la demande de la partie turque. «Faute de compromis, deux solutions se profilent : la révision ou la suspension par le Maroc de l’ALE». Elalamy a noté cependant un fléchissement de la part des Turcs, soulignant que «le 6 février, ils nous ont informé dans un mail de leur disposition aux négociations».

Le débat à la Chambre des représentants sur l’ALE avec la Turquie a été marqué par une passe d’armes entre le RNI et le PJD. Le député Mustapha Baitas de la Colombe a pointé la «politique hostile menée par l’Anatolie d’Erdogan envers le Maroc».

Une attaque au «grand frère» turc à laquelle les islamistes de la Lampe ont immédiatement riposté. Driss Azami a accusé le RNI mais sans le citer nommément, d’avoir signé l’accord si décrié aujourd'hui avec Ankara. Et Batias de répliquer que «le gouvernement doit prendre ses responsabilités, assumant le passif et l’actif de ses prédécesseurs».

Dans ce vif échange entre les deux partis, le ministre Moulay Hafid Elalmay est intervenu pour préciser que le «problème» avec la Turquie ne s’est aggravé qu’en 2014.

Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com