Le ministre français des Transports, Thierry Mariani, demande à son homologue marocain, Abdelaziz RABBAH «d’intervenir directement auprès» de la Comarit au sujet de «la situation des 260 marins bloqués dans le port de Sète». Des marins «en attente d’une solution judiciaire leur permettant de rentrer dans leur pays». C’est ce qu’indique un communiqué de presse rendu public par le cabinet ministériel jeudi 9 février.
Le gouvernement français s’engage à veiller à ce que la situation à bord des trois navires ne se dégrade davantage. D'après le Communiqué qui fait suite aux alertes du syndicat Force Ouvrière, «des stocks de vivres et de fuel pour se chauffer seront distribués aux marins en tant que de besoin». «Je suis très attentif à la situation humaine des équipages. Nous veillerons à ce que l’armateur respecte l’intégralité de ses obligations à l’égard de ses marins restés à bord» a déclaré Thierry Mariani.
Rester au risque de tout perdre
Les marins, qui vivent dans des conditions déplorables à bord des bateaux de la Comarit, sont obligés d’y rester. Ils n’ont perçu aucun salaire depuis trois mois. En plus, les sommes prélevées par la compagnie sur les derniers salaires des marins du Marrakech afin de régler leurs prêts immobiliers, et leur couverture maladie, n’ont pas été versées à leurs créanciers, rapporte Midilibre.fr. Un départ du navire serait considéré comme une démission. En droit maritime, on parle d’ «abandon de poste». Ils perdraient ainsi tout droit d’obtenir leurs arriérés de salaire.
Tristes retombées
Les marins vivent de plus en plus difficilement cette situation. Nombreux parmi eux sont des pères de famille. «Le plus dur, c’est pour nos familles. Nous, les hommes, on peut tenir. Mais au Maroc, nos enfants et nos femmes n’ont plus un sou», explique, à LaCroix.com, un marin de 49 ans. «Certains hommes pleurent parce qu’ils se sentent impuissants, incapables de faire changer les choses. Dans notre culture, cela veut dire beaucoup», confie l’un d’eux, âgé de 24 ans et embarqué sur le Marrakech.
Ils parlent aujourd’hui parce que l’inquiétude et le doute les ont envahis. Mais la plupart d’entre eux souhaitent garder l’anonymat. «Ils pourraient être mis sur une liste noire et se retrouver sans embarquement une fois revenus au Maroc», expliquent à Lacroix.com, Brigitte et Bertrand Castro, 72 et 73 ans, bénévoles de l’association Seamen’s club. Selon Midilibre.fr, il leur a longtemps été «conseillé de se taire pour ne pas troubler les négociations menées au Maroc afin de sauver leur compagnie».
Secours des autochtones
Sans la présence de quelques personnes sensibles dans la ville, le moral de ces hommes serait davantage écrasé. L’association Seamen’s club leur ouvre ses portes chaque soir. La peintre Vivi Navarro, qui connait bien les membres de l’équipage leur rend régulièrement visite ainsi qu’Alain Cwick de Force Ouvrière qui y va «les samedis et dimanches» pour leur tenir compagnie. La communauté portuaire est mobilisée pour apporter vivres et vêtements et la ville de Sète leur a ouvert gratuitement ses bains douches.
«Ils nous ont assuré que l’État marocain se préoccupait de nous», racontent les marins du Bni N’sar après le passage d’une équipe du consulat du Maroc de Montpellier s’est rendu sur les lieux mardi 31 janvier. Mercredi 8 février, les marins ont reçu de la Comarit «10 jours de vivres». Mais le besoin demeure en électricité et en chauffage surtout. Certains se sont achetés, aux puces, des radiateurs électriques. En dépit de cela, la température ambiante à l’intérieur du Bni N’sar est de 4°C au petit matin. Selon le communiqué du ministre français, M Abdelaziz Rabbah «s’est engagé à trouver une solution rapide permettant le départ des bateaux ou le rapatriement des marins».