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Histoire : Quand le Maroc tirait sur un destroyer espagnol dans les eaux du Sahara

Dans les années 1980, en pleine guerre du Sahara, le Maroc n’hésitait pas à répondre fermement à toute agression, surtout dans les eaux de la province. Le 17 janvier 1980, les Forces royales Air (FRA) tiraient même sur le destroyer espagnol Almirante Ferrándiz (D22), qui se trouvait entre Dakhla et les Îles Canaries.

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Le destroyer Almirante Ferrándiz D 22 de l'armée espagnole, ancien USS David W. Taylor (DD-551) a été mis à la retraite en novembre 1987. / DR
Temps de lecture: 3'

En 1980, suite à la guerre au Sahara contre les éléments du Front Polisario, le Maroc est mobilisé sur tous les fronts. Parallèlement au lancement de la construction d’un mur de défense lorgnant ses frontières avec l’Algérie, pour se protéger des attaques de la guérilla du mouvement séparatiste, il surveille ses frontières maritimes, notamment au Sahara.

C’est dans ce cadre qu’il installe des postes militaires dans plusieurs villes de la province, notamment à Dakhla. Le 17 janvier 1980, son unité dans la perle du Sud détecte alors un navire, battant pavillon espagnol, qui se trouve dans les eaux territoriales du royaume.

L’incident est passé sous silence pendant quatre jours par le Maroc et l’Espagne, avant que celle-ci ne révèle, dans une note, ce qui s’est passé, évoquant une situation «pas alarmante», explique El País.

Un incident sous l’embargo

Dans un article paru le 22 janvier 1980, le journal espagnol est revenu sur cet incident, rapportant que le navire de guerre Almirante Ferrándiz (D22), anciennement USS Taylor DD 551 cédé par les Etats-Unis à l’Espagne à la fin des années 1950, a été visé par les tirs d’un Mirage des forces armées royales à 8 kilomètres du Sahara.  

«Almirante Ferrándiz patrouillait la zone dans l'après-midi avant d’intercepter l'appel de détresse d'un navire de pêche espagnol, qui aurait été arrêté par un bateau de patrouille marocain», explique le journal. «Le pêcheur espagnol a ajouté dans son message que l'équipage avait été privé de toutes les provisions qu'il transportait à bord.»

Selon la version espagnole, le navire de guerre aurait ainsi mis le cap sur l'endroit où se trouvait le bateau de pêcheur pour vérifier cet incident, avant de subir des tirs d’un Mirage F-1 du Maroc, qui avait effectué deux passages au-dessus du navire avant de le contraindre, par des tirs, de rebrousser chemin vers les Îles Canaries.

Almirante Ferrándiz est aussi le nom d'un navire espagnol ayant participé à la Guerre civile espagnole mais détruits par les nationalistes en 1936. / DRAlmirante Ferrándiz est aussi le nom d'un navire espagnol ayant participé à la Guerre civile espagnole mais détruits par les nationalistes en 1936. / DR

«Almirante Ferrándiz n'a pas répondu aux tirs de l'avion marocain, bien que le commandant du navire ait ordonné l'état d'alerte maximale pour l'équipage», poursuit le journal.

En Espagne, des sources officielles du ministère de la Défense avaient alors qualifié l'incident de «délicat», mais avaient informé El País qu'il n'était «pas possible de confirmer ou de nier les circonstances de l'incident». Des sources officielles de la diplomatie espagnole avaient, à l’époque, refusé de commenter. 

A Rabat, les données obtenues par le journal expliquaient que l'attaché militaire de l'Espagne aurait demandé des explications au gouvernement marocain, sans que l’ambassade espagnole n’émette des protestations.
L’article du journal rappelle enfin qu’un navire battant pavillon libyen avait lui aussi été arrêté près de Dakhla, le 8 novembre 1979, expliquant que son capitaine espagnol était toujours en détention car la société propriétaire refusait de payer une amende.

Une mobilisation marocaine pour défendre sa souveraineté sur le Sahara

Il faut rappeler que durant cette période, le Maroc était vraiment sur le qui-vive. En décembre 1980, quatre navires soviétiques avaient été interpelés par l’armée marocaine dans les eaux du Sahara. Ils avaient refusé de se conformer à la demande de celle-ci. L’armée du Maroc est contrainte d’agir, avec des tirs. L’intervention provoque la mort d'un marin soviétique blessé, après son transfert à Las Palmas.

Les navires russes sont bloqués au Maroc plusieurs jours, jusqu'à ce qu'ils soient relâchés en février 1981 à la suite de la visite à Moscou du ministre marocain du Commerce, Azeddine Guessous. Le Maroc contraint alors l'Union soviétique à lui payer des amendes prévues par la loi marocaine dans de tels cas.

Un navire espagnol aux Îles Canaries. / DRUn navire espagnol aux Îles Canaries. / DR

Embarrassé devant l’opinion internationale, l'Union soviétique tente de minimiser sa soumission aux demandes marocaines. Le ministère soviétique de la Pêche déclare alors que l’acceptation de payer ces amendes au Maroc intervient «pour des raisons humanitaires et pour libérer [ses] citoyens détenus dans le port de Dakhla de manière négociée».

«L'Union soviétique ne reconnaît toutefois pas la souveraineté du Maroc sur les eaux du Sahara», ajoute le communiqué, en précisant que «le paiement de ces amendes ne peut être interprété comme une reconnaissance de la souveraineté du Maroc» sur ce territoire.

En 1981, l’armée marocaine arrête aussi un navire cubain dans les eaux adjacentes de ses provinces sahariennes qu’elle accuse de transporter du «matériel informatique sophistiqué», laissant entendre qu’il pourrait s'agir d'espionnage.

Mais bien qu’aucune explication n’ait été donnée pour cet incident, il se peut que le problème de délimitation des frontières maritimes au Sahara posait déjà un problème. Un sujet qui reste, même de nos jours, un tabou entre Rabat, Las Palmas et Madrid.

bouza75
Date : le 18 janvier 2023 à 10h40
Cet épisode montre une partie des problèmes que H2 a eu à gérer pendant son règne. Cela n'a pas été de tout repos. On peut comprendre son addiction à la cigarette...et à une certaine manière de gouverner le pays!evil
gustavo321
Date : le 18 janvier 2023 à 10h09
''Un sujet qui reste, même de nos jours, un tabou entre Rabat, Las Palmas et Madrid.'' Ce sujet n'est plus tabou aujourd'hui. Il sera débattu, ainsi que toutes autres questions '' délicates '' à l'occasion de la grande commission mixte maroco-espagnole de février prochain. L'Espagne, qui a reconnu de manière ''irréversible '' la pertinence du plan marocain d'autonomie pour le Sahara, est décidée à mettre sur la table lors de ces discussions tous les sujets, y compris celui des frontières maritimes du Sahara marocain.
Kabylie Libre
Date : le 17 janvier 2022 à 22h43
Pourquoi l'Algérie n'a pas tiré ni même donné une seule cartouche aux Marocains (Sahraouis ou pas) contre le colon espagnol au Sahara? La lutte anticoloniale n'était qu'un discours? Pourquoi attendre précisément la marche verte pour envoyer son armée au Sahara (bataille d'Amgala) et armer les séparatistes ? Les Sahraouis ne méritaient l'attention algérienne comme aujourd'hui ? C'est une question qu'on ne pose pas assez aux Algériens pourtant elle est fatale : *L'Algérie a reconnu la marocanité du Sahara espagnol en 1970.* ?? ?? ?? Le 27 mai 1970, à Tlemcen, les chefs d'Etat d'Algérie, du Maroc et de Mauritanie se réunissent et décident de créer une commission paritaire chargée de délimiter la frontière entre Figuig et Tindouf mettant ainsi un terme définitif à leur conflit territorial. *Après quoi, le président Boumédienne déclare soutenir les revendications marocaines sur le Sahara occidental.* Quelques jours plus tard, le 8 juin à Casablanca, le roi Hassan II conclut avec le président Moktar Ould Dada un traité de solidarité, de bon voisinage et de coopération en même temps qu'il convient que le Maroc et la Mauritanie collaboreront étroitement pour hâter la libération du Sahara. Le Front Commun du Maghreb est réalisé contre l'Espagne. Un premier obstacle à l'action du Maroc, tenant aux relations difficiles ou aux oppositions de l'Algérie et de la Mauritanie, est levé. La diplomatie marocaine dans l'affaire du Sahara occidental, 1978. Pierre Vellas Centre d'Etudes de Politique Etrangère https://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_1978_num_43_4_1616
Red'One1
Date : le 18 janvier 2021 à 22h10
J'espère qu'ils ont appris la leçon ,si d’aventure ils recommencerait sa sera un seule tombeau pour tous dans les eaux profond ,le Maroc des années 2000 n'est pas celui des années 70- 80
garsomi
Date : le 18 janvier 2021 à 12h49
Voilà pourquoi le voisin de l’Est se cache derrière son bébé!
maroko59
Date : le 17 janvier 2021 à 21h26
comme quoi le maroc ne craint aucune grande puissance dès qu'il s'agit du sahara !! H2 était vraiment un lion !! que Dieu ait son âme.
An-altruistic-lady
Date : le 19 janvier 2020 à 04h49
History hasn't been kind to him but he had to toughen it up.He was nevertheless a genius.May he rest in peace.
Hsoun 2
Date : le 18 janvier 2020 à 00h49
À cette époque hassan2 ne rigolait pas. Tout le monde en a pris pour son grade, et surtout quand il s'agissait du Sahara marocain. C'est Lui même supervisait les opérations sur le terrain. Cette époque est-elle vraiment révolue ?
Dernière modification le 18/01/2023 10:40
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