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Grand Angle

De la stratégie de normalisation de la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental

Si certains l’accuse d’imposer une politique du «fait accompli» dans la province, l’ouverture de plusieurs consulats au Sahara confirme la stratégie entreprise par le Maroc pour normaliser, à l’échelle internationale, sa souveraineté. Une stratégie qui devrait se prolonger avec, notamment, plusieurs réunions d’ordre politique et économique internationales à Laâyoune ou Dakhla.

Publié
Nasser Bourita avec son homologue gambien Mamadou Tangara, inaugurant le consulat de Gambie à Dakhla, le 7 janvier 2020. / Ph. MAE
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Vendredi, la Guinée ouvrira un consulat dans les provinces sahariennes du Maroc. Selon des sources diplomatiques, les autorités de Conakry comptent inaugurer leur consulat à Dakhla. Le Guinée emboîte ainsi le pas à la Cote d’Ivoire, disposant depuis juin dernier d’un consulat honoraire à Laâyoune, la Gambie et l’Union des Comores. Avec trois consulats de pays subsahariens dans la province, en plus d’un consulat honoraire, le Maroc poursuit sa stratégie de la normalisation de sa souveraineté sur le Sahara occidental.

«Tout cela est la normalité de ce processus que le Sahara est marocain», nous déclare ce jeudi une source au sein de la diplomatie marocaine. «La marocanité du Sahara est une évidence historique, une position diplomatique constante et une réalité juridique nationale et administrative et cela ressort notamment dans le cadre de la délimitation de l’espace maritime», ajoute notre interlocuteur.

«Ce n’est pas seulement une proclamation mais une réalité qui est de plus en plus partagée par des pays qui souhaitent l’exprimer. Certains le font avec des positions diplomatiques, dans des communiqués ou des déclarations, en soutenant le Maroc alors que d’autres sont en train de l’exprimer aujourd’hui par une forme diplomatique plus forte, avec la reconnaissance de la juridiction politique et diplomatique du Maroc sur ses provinces du Sud à travers ces consulats.»

Source diplomatique marocaine

Plusieurs événements d’envergures accueillis par les provinces du Sud

Une stratégie qui a connu les prémisses bien avant cette vague d'ouvertures consulaires, avec notamment les manifestations régionales et internationales qui se sont tenues dans les provinces du Sud. D’ailleurs, c’est en février 2015 que le Maroc a annoncé en grande pompe la tenue, à Dakhla, de la première édition du Forum Crans Montana, qui n’a pas manqué de sortir le Polisario et l’Algérie de leurs gonds. Et avant Crans Montana, qui se tiennent depuis de façon annuelle dans la perle du Sud, le Maroc avait organisé, en mars 2014, la sixième réunion du Bureau de la Commission parlementaire mixte (CPM) Maroc-UE, ainsi qu’une conférence internationale sur «l’intelligence territoriale», avec la participation d’une centaine d’experts étrangers, en 2012. D’autres événements de taille seront organisés prochainement dans la province, comme le Championnat d'Afrique des nations masculin de handball, prévue à Laâyoune en 2022, ou la réunion de la CAF et la Coupe d’Afrique du Fustal, prévue du 28 janvier au 7 février.

En 2017, cette stratégie de normalisation a englobé le volet économique, avec l'ouverture du premier restaurant de la chaîne de fast food américaine McDonald’s à Laâyoune. Un virage en mesure de servir d'exemple à d’autres entreprises étrangères hésitant à s’installer dans les provinces sahariennes. D'ailleurs, le Maroc compte transformer l'essai en organisant de plus en plus d'évenements à caractères économiques dans la région. En décembre dernier, Laâyoune a accueilli le forum de l’investissement Maroc-Chine, organisé par le Conseil de sa région. En octobre 2019, la Chambre française de l’industrie et du commerce de France au Maroc (CFCIM) a choisi Dakhla pour abriter son forum d’affaires Maroc-France.

Evènements sportifs, investissements, consulats, et le Maroc ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. «Des commissions mixtes se tiendront dans les provinces du Sud tout comme des visites ministérielles. Il y a aura aussi une réunion sur les pays du Pacifique qui aura lieu en février», complète notre source diplomatique. L'enjeu étant de faire de ces villes des destinations normales à l'instar de Tanger ou Agadir. «Un consulat, pour le cas de Dakhla par exemple, est une représentation localisée au niveau de ce que nous considérons comme la porte du Maroc vers l’Afrique car pour nous, Dakhla est pour l’Afrique ce que Tanger est pour l’Europe», argue-t-il. Si la comparaison semble quelque peu hardie, notre source diplomatique précise sa vision : «beaucoup du commerce du Maroc avec l'Afrique passe par Dakhla, et l’activité économique sera de plus en plus importante, avec le nouveau port».

Article modifié le 17/01/2020 à 18h31

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