"50 clés pour comprendre l’Islam", c’est le titre du dernier hors-série de la publication catholique Pèlerin qui vient d’être censuré au Maroc, rapporte le Monde. «On a sorti ce hors-série qui est en fait la réédition d’un numéro sorti il y a une dizaine d’années et qu’on a voulu mettre jour, car en 10 ans le monde musulman a beaucoup changé avec notamment les Révolutions arabes et le regard de l’occident sur l’Islam», déclare Antoine d’Abbundo, rédacteur en chef de Pèlerin joint par nos soins ce matin.
Briser les préjugés
L’objectif premier de cette publication était surtout de mieux faire connaître l’Islam aux lecteurs du magazine, de briser les préjugés dont est victime la religion musulmane et d’ouvrir un dialogue interreligieux. Une invitation au dialogue qui ne franchira pas les frontières marocaines. C’est hier que la rédaction apprend que son magazine ne pourrait pas être vendu au Maroc et que les exemplaires imprimés rentreront pour la France.
Ce qui a déplu au Ministère de la communication sont des illustrations représentant le Prophète, à l’instar de l’Express et du Nouvel Obs. «Dans le hors-série, il y a cinq miniatures iconographiques de Turquie et d’Iran sur lesquelles figure le Prophète mais le visage est caché. Il nous a semblé que ces images étaient respectueuses de la religion musulmane et qu’elle montrait la diversité de l’Islam» ajoute-t-il en faisant référence au Chiisme et Sunnisme. «Cette censure est regrettable car elle crée une mauvaise polémique qui empêche de voir la qualité de notre travail, un travail intellectuel que nous avons conduit avec sérieux», explique-t-il une pointe de déception dans la voix. Du côté des autorités marocaines, le royaume a toujours été ferme sur «la question de la reproduction du visage du prophète Mohammad», avait rappelé l'ancien ministre de la communication Khalid Naciri en décembre dernier suite à la censure de l'Express, une reproduction « très sensible pour l’opinion publique».
Bien plus que déçu, Antoine d’Abbundo se dit inquiet. «Je ne voudrais pas que cette polémique transforme notre hors-série en un ouvrage qui poserait problème aux Musulmans. Je veux que les Marocains comprennent que ce que nous avons voulu faire est un travail de main tendue et de rencontre avec l’autre et que nous n’avons nullement voulu être insultants», conclut-il.