Pour la première fois de son histoire, le Maroc s’est retrouvé éliminé d’une phase finale de Coupe d’Afrique des Nations après deux matchs joués. Lors d’une première rencontre, les Lions de l’Atlas, rebaptisés d’un ton moqueur «chatons de l’Atlas» par de nombreux supporters, ont été vaincus (2-1) par une équipe tunisienne. Ils ont ensuite essuyé un revers face aux Panthères du Gabon (3-2), provoquant une déception et une «frustration», chez toutes les couches de la population marocaine. Des éditoriaux acides des quotidiens Assabah et Al Ahdath Al Maghribia demandent purement et simplement au gouvernement Benkirane d'évincer Ali Fassi Fihri.
Place à l’évaluation des responsabilités
«C’est de notre faute et le bureau Fédéral de la Fédération Royale Marocaine de Football doit dépasser son caractère makhzénien», fustige Larbi Habchi contacté par Yabiladi. «La nomination des responsables de cette structure doit être révolue et devrait passer par une élection démocratique» en bonne et due forme, poursuit ce membre du Groupe fédéral de l'unité et de la démocratie à la Chambre des conseillers. Au cours de la première session des questions orales à la deuxième Chambre du Parlement, ce dernier a proposé l’ouverture d’une enquête sur la fédération présidée par Ali Fassi Fihri. «Les causes de la défaite sont tout simplement structurelles», a-t-il notifié à Yabiladi.
En outre, même si ses compétences ne sont pas remises en cause, le sélectionneur Belge de l’équipe marocaine Eric Gerets «ne connait pas l’Afrique et n’avait jamais entrainé une équipe nationale auparavant», confie Larbi Habchi. Par ailleurs, une vive polémique tourne autour du montant de son salaire qui reste à ce jour inconnu et entouré de mystère. Le chiffre de 250 000 euros est murmuré mais reste incertain. «Le salaire du coach tunisien, qui a un passé d’ancien joueur international est de 100 000 dhs par mois», révèle Larbi Habchi. Une comparaison entre ces deux sélectionneurs est défavorable au Belge, que «nous sommes allés chercher et qui a eu carte blanche», selon le chroniqueur sportif Belaid Bouimid, joint au téléphone. Celui-ci dénonce fermement les mystères autour «d’un contrat ficelé par des technocrates qui imposent à tout instant n’importe quel sélectionneur étranger».
Débat national
Le problème ne peut définitivement être limité à quelques personnes. Le bilan d’Ali Fissi Fihri à la tête de la fédération comporte «quelques points positifs» de l’avis de Belaid Bouimid, «qu’il lui a fallu mener à bien, puisqu’hérités des réformes de 2002-2003».
Nombreux sont ceux qui défendent la thèse de la nécessité «d’une ouverture d’un débat national» ou de «l’analyse profonde du paysage sportif» à l’instar de Larbi Habchi. Pour sa part, le chroniqueur sportif Belaid Bouimid insiste sur le fait que le «football ne doit pas être réduit à des règlements de comptes. «Les seules références demeurent la victoire de 1976 et la finale perdue de 2004», rappelle-t-il. Selon ce dernier, «l’expérience a prouvé qu’à chaque défaite de l’équipe nationale, les opinions publiques s’en sont données à cœur joie. Il faudrait éviter de mêler la politique au sport».
A coup sûr, pour parler de la crise du football, il faudrait avoir toutes les cartes en main. Un conseiller auprès du ministre des Sports joint par Yabiladi promet des réponses dans les prochaines semaines de la part du ministère mais aussi de la Fédération Royale Marocaine de football, aux abonnés absents.