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Grand Angle

Diaspo #125 : Aïcha Qablaoui, l’écodéveloppement pour l’autonomisation des femmes

Installée en Allemagne, Aïcha Qablaoui a fait de son engouement pour les questions environnementales un projet bénéficiant à sa région natale, Houara. La petite ville accueille désormais sa coopérative féminine de fabrication de sacs écologiques, qui permet ainsi aux femmes de s’assurer une autonomie financière.

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Aïcha Kablaoui présentant son projet de développement / DR.
Temps de lecture: 3'

Le hasard de la vie est fait de rencontres qui peuvent sembler ordinaires, mais qui changent parfois le cours de l’existence. C’est le cas d’Aïcha Qablaoui, une Marocaine qui vit actuellement en Allemagne.

L’été 2018, alors qu’elle passe ses vacances dans le pays, elle croise le chemin d’une femme portant son bébé et vendant des sacs en plastique, lors d’une sortie au souk. «Je n’en avais pas réellement besoin, mais la vendeuse a insisté pour que je lui en achète des articles et ses paroles m’ont beaucoup touchée, à tel point que j’ai acheté tout ce qu’elle exposait», nous confie-t-elle.

Depuis, les mots de cette vendeuse ont continué à raisonner dans l’esprit d’Aïcha Qablaoui. De retour à la maison, elle se donne comme mission de trouver une alternative économique à toutes les femmes qui sont dans la situation de celle rencontrée dans le souk. Elle vide le garage de son domicile à Taroudant et le convertit en atelier de confection de sacs en tissu. Elle l’équipe du matériel nécessaire, notamment des machines à couture et emploie rapidement les première bénéficiaires de ce projet, voulu par ailleurs respectueux de l’environnement.

Un nouveau cadre de travail pour les femmes sans revenu

L’activité industrielle commence la même semaine, notamment avec la création du cadre légal de la coopérative appelée «Sanaât Houara», avec un logo qui reprend les couleurs du drapeau national.

«Je voulais profiter du temps qui me restait au Maroc, j’ai récupéré les papiers administratifs nécessaires rapidement et j’ai choisi dix femmes dans le besoin pour les faire travailler. J’ai fait la promotion du projet dans la région mais malgré cela, peu d’enseignes ont montré de l’intérêt. Cela dit, j’ai reçu des commandes de la Chambre de commerce.»

Aïcha Qablaoui

Malgré les défis, Aïcha Qablaoui n’abandonne ni son projet ni les femmes qui en bénéficient. Repartie en Allemagne, elle décide de promouvoir la marque là-bas, en participant aux expositions et aux foires commerciales tenues dans différentes villes, notamment Herten, où elle vit avec sa famille.

«Nous avons produit des sacs en rouge et vert, des couleurs très utilisées en Allemagne pendant les fêtes de Noël. Ces articles portent la signature ‘MD’, une abréviation faisant allusion aux deux pays. Beaucoup de clients étaient satisfaits du produit.»

Aïcha Qablaoui

L’entrepreneuse travaille actuellement sur la création d’une autre coopérative en Allemagne afin de palier le faible succès de sa marque au Maroc. Ainsi, il s’agira de vendre les sacs produits dans le royaume à l’étranger et en commercialiser d’autres, fabriqués cette fois-ci en Allemagne. Elle voit en cette initiative une importante opportunité d’emplois pour les femmes réfugiées qui se trouvent dans sa municipalité, où elle travaille à la base comme traductrice et assistante sociale.

Un parcours parallèle dans le travail social

Outre son intérêt pour l’autonomisation des femmes de son pays d’origine, Aïcha Qablaoui évolue en effet dans le travail social à Herten depuis 2015. Là-bas, elle assiste surtout des réfugiés issus de pays arabes, principalement de Syrie et d’Irak, en plus de ressortissants venus d’Afrique subsaharienne. Avant de travailler au sein de la municipalité, elle a occupé ce même poste au sein de l’organisation d’aide affiliée à l’Eglise catholique, Caritas.

Aïcha a commencé ce travail après l’obtention de son diplôme en langue et communication. Mais avant cela, son parcours n’a pas été des plus simples. Au Maroc et avant de reprendre les études, elle a dû quitter l’école à sa première année de collège pour un mariage qui n’aura pas duré longtemps. Après avoir déménagé en Allemagne en 2001, elle est retournée aux bancs de l’école puis a refait sa vie. Aujourd’hui, elle nous raconte avec fierté être mère de trois filles.

Sa passion pour le travail social et l’engagement associatif vient certainement de là, puisque la jeune femme accompagne désormais plusieurs activités culturelles dans les établissements scolaires et les ONG. «Dans toutes ces activités, je tiens toujours à porter une tenue traditionnelle marocaine, que ce soit un caftan ou autre robe qui distingue une région spécifique de mon pays, afin de faire découvrir aux autres la beauté des traditions marocaines», nous confie-t-elle. De plus, Aïcha œuvre pour mieux faire connaître la cuisine marocaine et les produits du terroir, notamment l’huile d’argan.

L’intérêt d’Aïcha pour l’environnement l’a amenée à créer une association près de la ville d’Oulad Tayma, à travers laquelle elle vise à sensibiliser les enfants sur l’importance de l’écosystème. «L’idée est de cultiver chez ces petit un certain amour pour l’environnement dès le plus jeune âge, à travers aussi une introduction au recyclage de déchets, la réutilisation de matériaux récupérés pour en faire des objets créatifs ou les activités de jardinage», nous explique-t-elle.

L’année dernière, Aïcha Qablaoui a organisé sa première grande rencontre ouverte dans la même région, à travers plusieurs présentations sur les questions environnementales ou encore l’organisation d’activités ludiques sur ces thématiques pour les enfants. Elle voit grand et ambitionne désormais d’organiser un forum annuel. 

Article modifié le 04/01/2020 à 20h57

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