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Grand Angle

Diaspo #124 : Raja Felgata ou l’autonomisation des Néerlando-marocaines à travers les médias

Raja Felgata est une entrepreneuse dans le secteur des médias, déterminée à changer la façon dont les Marocains et les personnes de couleur sont dépeints par les médias néerlandais. Son récent projet s'intitule Fatima, un mouvement pour autonomiser les femmes d'origine marocaine aux Pays-Bas.

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La Néerlando-marocaine Raja Felgata. / Ph. Dekleurrijketop100.nl
Temps de lecture: 3'

Pour Raja Felgata, entrepreneuse dans le secteur des médias basée à Amsterdam, l'autonomisation des femmes membres de la communauté marocaine est un must. Née à Amsterdam de parents marocains ayant quitté le royaume pour travailler aux Pays-Bas à la fin des années 60, elle a été l'une des premières femmes néerlando-marocaines à travailler comme présentatrice du journal à la télévision.

Passionné par le journalisme depuis son plus jeune âge, la Néerlando-marocaine a travaillé comme journaliste, chroniqueuse, productrice et réalisatrice dans l'industrie des médias pendant une vingtaine d'années. Mais être une femme de couleur dans ce secteur n'était pas si simple.

«C’était un défi pour moi de travailler dans les médias néerlandais», nous confie Raja Felgata, évoquant les préjugés et les stéréotypes souvent associés à ses origines marocaines. «Tout au long de ma carrière de journaliste, j'ai voulu changer la façon dont les médias imaginaient la communauté marocaine», rappelle-t-elle.

La Néerlando-marocaine était déterminée à réagir, honorant ses racines et changeant l'image médiatique négative liée à sa communauté. Des plans qui figuraient toujours sur sa liste d’objectifs à réaliser, même après avoir décidé de cesser de «[se] qualifier comme journaliste».

Les médias pour l’autonomisation des personnes de couleur

En tant qu'entrepreneuse dans les médias, elle crée du contenu pour autonomiser les personnes de couleur aux Pays-Bas, grâce à la narration et au stroytelling. L'initiative se concentre principalement sur la communauté marocaine basée aux Pays-Bas, et particulièrement les femmes.

«Je crois que la créativité et la narration sont la bonne solution pour la situation actuelle des musulmans et des Marocains vivant en Europe», suggère Raja Felgata, qui fait référence au racisme et à la discrimination auxquels ces communautés sont confrontées lorsqu'elles sont représentées dans les médias.

En effet, à travers sa société de médias, elle produit et raconte des histoires sur les personnes de couleur de son deuxième pays pour mettre en valeur leurs talents et mettre en avant leur savoir-faire dans les médias. Sur la base de la diversité et de l'inclusivité, elle établit une liste qui classe les 100 premières personnes de couleur aux Pays-Bas. Son but ? «Influencer et inspirer les entreprises médiatiques sur les talents qui existent en dehors de leurs réseaux habituels», explique-t-elle.

Une histoire de migration conjuguée au féminin

Son récent projet va de pair avec la vision de son travail d'entrepreneuse média. En fait, Raja Felgata et son partenaire Fatimzahra Baba, une compatriote maroco-néerlandais, ont lancé plus tôt cette année une initiative intitulée «Fatima».

Destinée à célébrer les 50 ans de migration des Marocains aux Pays-Bas de manière unique, elle vise aussi à changer les préjugés liés aux femmes marocaines dans ce pays.

«Nous avons voulu célébrer la version féminine de cet événement, car il s'agit toujours d'hommes lorsque nous parlons de l'histoire de la migration marocaine aux Pays-Bas», déclare la Néerlando-marocaine, ayant été directrice créative et photographe de cette initiative.

Les 50 néerlando-marocaines de l'initiative Fatima. / Ph. Jossy-Photography-FilmLes 50 néerlando-marocaines de l'initiative Fatima. / Ph. Jossy-Photography-Film

Lorsqu'elles se sont rencontrées plus tôt cette année, Fatimzahra et Raja ont décidé de mettre sous les feux des projecteurs les histoires de 50 Néerlando-marocaines. Pour elles, le prénom Fatima reste le plus répandu au sein de la communauté marocaine du pays.

«Nous avons pensé à ce prénom car tout le monde aux Pays-Bas connaît quelqu'un qui s'appelle Fatima (…) Elle pourrait ainsi être votre cousine, mère, fille, collègue ou amie. Ces fatimas sont aussi des femmes entrepreneuses, des actrices, des chanteuses, des journalistes et même des étudiantes qui rêvent de devenir premier ministre.»

Raja Felgata

Mais l'initiative consiste également à rompre avec les idées négatives associées à ce prénom. «Nous avons mis en avant des femmes de première, deuxième, troisième et quatrième génération. La plus jeune Fatima est âgée de 9 ans alors que la plus âgée a presque 70 ans», explique-t-elle.

Dans le cadre de cette campagne, ces femmes néerlando-marocaine racontent leurs histoires et comment elles ont contribué à leur communauté, le tout dans un cadre d’histoires de migration vieille de 50 ans.

Mais pour Raja Felgata, ce n’est que le début d'un plus grand projet car elle prévoit d'élargir l'initiative avec son partenaire. «Nous avons reçu des commentaires positifs après le lancement et nous prévoyons de l'agrandir (…) peut-être à travers une tournée avec ces femmes dans un théâtre», nous informe-t-elle.

«Les gens étaient également heureux de voir que Fatima n'est pas toujours cette femme voilée et réprimée», souligne-t-elle, faisant part de son espoir de voir un mouvement similaire dans son pays d'origine.

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