«Nous envoyons 30 mails par jour à de grandes sociétés et des magasins ici en Hollande leur demandant de devenir nos sponsors, mais nous n’avons jamais de retour. C’est vraiment dommage parce que nous nous rendons régulièrement dans les quartiers populaires pour jouer avec les jeunes en difficulté qui doivent faire face à un fort taux de chômage et de criminalité», explique Khalid Elbaz, l’entraîneur de cette équipe de football en salle âgé de 38 ans. Khalid est né à Agadir et est arrivé en Hollande à la fin des années 70 avec sa famille. Quand il n’entraîne pas ses joueurs, il est également professeur d’université. «Tous les joueurs dans l’équipe sont des gens qui ont fait de longues études, nous sommes loin d’être stupides !», lance-t-il. Le seul sponsor qui finance l’équipe à l’heure actuelle est un patron marocain d’une grande société de nettoyage en Hollande et qui est également le propriétaire du club. Chaque année, il débourse 12 000 euros pour que l’équipe puisse acheter des tenues mais aussi pour louer les salles pour les entraînements et les matchs.
Le meurtre de Van Gogh
Pour Khalid Elbaz, la difficulté de trouver un sponsor réside dans deux points notamment. D’une part parce que les médias ne sont pas intéressés par ce genre de sport. Le football sur terrain étant plus mis en avant. D'autre part, l’équipe étant composée d’une grande majorité de joueurs marocains, Khalid explique que les Marocains et les musulmans ont une mauvaise réputation dans le pays, surtout depuis l’assassinat du réalisateur néerlandais Theo Van Gogh en novembre 2004 par Mohammed Bouyeri, un jeune néerlandais d’origine marocaine qui l’avait poignardé dans une rue à Amsterdam. Mohammed Bouyeri était proche d’un groupe d’islamistes intégristes. «La grande majorité de la communauté marocaine en Hollande est sérieuse et vit tranquillement, mais à partir du moment où un Marocain fait quelque chose de mal, c’est toute la communauté qui est montrée du doigt, ça été le cas avec cet assassinat», poursuit Khalid Elbaz.
Silence du Maroc
Mais ce que Khalid a aussi surtout du mal à digérer, c’est que le Maroc également est aux abonnés absents. Il a envoyé de nombreux mails à des sociétés marocaines pour tenter de trouver des sponsors mais là aussi pas de retour. Il s’est à plusieurs reprises déplacé au royaume pour rencontrer des chefs d’entreprise entre Casablanca et Rabat, mais les portes sont toujours restées closes. Parfois, certaines personnes ne se sont même pas déplacées au lieu du rendez-vous fixé. «Les Marocains du Maroc n’ont pas cet esprit de bénévolat ou d’entraide. Par exemple, si je démarche un magasin marocain, il me répondra qu’il préfère aider ses enfants», ajoute-t-il.
Khalid a également contacté l'équipe marocaine de futsal dépendant de la Fédération Royale Marocaine du Football. «J’ai déjà regardé l’équipe jouer. Les joueurs sont très bons mais les tactiques et stratégies sont très mauvaises. Je les ai contactés pour leur donner des conseils en tant que coach et je leur ai même proposé d’organiser un match amical entre leur équipe et la mienne, mais je n’ai jamais reçu de réponse», déplore-t-il confiant que l’un de ses joueurs rêve de quitter la Hollande pour jouer sous les couleurs de son pays d’origine.
Khalid Elbaz a donc décidé de se tourner vers les pays du golfe pour tenter de décrocher des sponsors. Il a contacté la Qatar Fondation qui lui a répondu qu’elle ne pourrait l’aider dans sa demande. Il attend actuellement une réponse de la compagnie aérienne Saudi Airlines.