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Grand Angle

Liberté d’expression : De la mobilisation pour Omar Radi à celle pour tous les détenus d’opinion

Deux réunions simultanées se sont tenus à Rabat et Casablanca pour la constitution d’un comité de soutien pour la libération du journaliste Omar Radi, vendredi en fin de journée. Cette plateforme de défense et d’accompagnement portera les revendications pour tous les détenus d’opinion.

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A l'appel de l'Association Freedom Now, une réunion s'est tenue le 27 décembre 2019 pour la création d'un comité de soutien à Omar Radi / DR.
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La mobilisation pour la libération du journaliste Omar Radi est celle pour tous les citoyens détenus après avoir exprimé leur opinion. C’est la déclaration commune avec laquelle sont sortis les participants, vendredi à Rabat, à une réunion pour la création d’un comité de soutien à Omar Radi.

En effet, cette rencontre tenue au siège de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), à l’appel de l’ONG Freedom Now, a permis aux participants de dresser plusieurs constats, notamment la multiplication des procès politiques et des procès d’opinion. Ces derniers ne visent plus seulement les journalistes, mais ils ciblent également nombre de citoyens exprimant leurs opinions politiques sur Internet, qu’ils soient lycéens, rappeurs ou acteurs de la société civile. Face à une répression qui semble généralisée, le comité de soutien a souligné l’importance d’élargir la mobilisation.

Ainsi, celle-ci permettra d’accompagner plus facilement l’ensemble des procès d’opinion, à commencer par celui d’Omar Radi, en passant par différents cas (le rappeur Gnawi, le youtubeur Moul Kaskita…), mais aussi ceux qui restent parfois sous les radars médiatiques, associatifs et qui se déroulent sans que le large publique n’en entende parler.

Internautes, tous en sursis

«L’arrestation d’Omar Radi n’est que la goutte qui a fait déborder le vase et qui nous a fait réunir aujourd’hui», nous explique sur place Khadija Ryadi, ancienne présidente de l’AMDH et actuellement membre de son bureau central.

«Nous considérons que ce n’est pas uniquement un problème de ce journaliste avec les autorités, mais que ce procès s’inscrit dans tout un processus de répression observé depuis quelque temps et qui s’est accentué ces derniers mois par des arrestations, des poursuites et de lourdes peines inéquitables.»

Khadija Ryadi, membre du bureau central de l’AMDH

Pour la militante, «ce comité exige la liberté pour Omar Radi et des autres détenus d’opinion». Considérant que «c’est notre liberté à toutes et à tous qui est plus largement menacée», Khadija Ryadi nous explique que le comité «est constitué pour défendre notre droit à la liberté d’expression en tant que citoyennes et citoyens qui sommes en liberté provisoire car nous pouvons tous un jour être arrêtés à cause d’un tweet ou d’un statut Facebook».

Secrétaire général de l’AMDH, Youssef Raïssouni déclare pour sa part à Yabiladi que le cas d’Omar Radi est la suite d’«une série noire qui s’élargit de plus en plus à des profils variés». «De plus, le fait que plusieurs journalistes continuent à être poursuivis sur la base du Code pénal et non pas celui de la presse est un indicateur sur le degré d’ingérence du Parquet dans ces poursuites», dénonce le militant.

Les procès d’opinion se multiplient

«La large et rapide mobilisation que les poursuites à l’encontre d’Omar Radi ont suscitée montre que les Marocains tiennent à leurs droits et à leurs acquis, ce sur quoi nous gagnerons à capitaliser afin d’exiger le respect de ces libertés pour toutes et tous», explique encore Youssef Raïssouni.

«Nous espérons beaucoup que ce procès soit le dernier du genre, mais au vu du contexte social et politique que nous traversons actuellement, je crains que non.»

Youssef Raïssouni, secrétaire général de l’AMDH

Dans ce sens, Youssef Raïssouni souligne qu’Omar Radi est au moins la sixième personne à avoir été poursuivie ces deux derniers mois pour atteinte à une image sacrée, à un corps constitué ou à un représentant d’institution, parmi les cas suivis par l’AMDH uniquement.

«Quiconque qui s’exprime sur Twitter, YouTube ou Facebook devient un potentiel détenu d’opinion, puisque notre arsenal de justice pénale reste vague sur ses conceptions du sacré et du respect dû aux institutions, donnant ainsi un large éventail d’interprétations au Parquet, et nous savons ce qu’il en résulte», déplore le militant.

Dans le cadre de cette mobilisation, un premier sit-in est d’ailleurs annoncé par le comité de soutien, qui prévoir de se rassembler samedi à 18h30 devant le Parlement à Rabat. Prochainement, d’autres formes de mobilisation et d’expression de soutien seront annoncés, notamment une conférence de presse et un suivi des différents cas de procès d’opinion, à l’échelle nationale.

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