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Grand Angle

En l'absence officielle du Maroc, Al Adl Wal Ihsane et le MUR au Sommet de Kuala Lumpur

En l'absence d'officiels marocains, le mouvement Al Adal Wal Ihsane ainsi que le Mouvement pour l'unification et la réforme (MUR) ont participé au Sommet islamique dans la capitale malaisienne, Kuala Lumpur, il y a quelques jours. Une rencontre ayant provoqué une fracture entre les pays du monde islamique, entre ceux qui se tiennent avec Riyad et ceux qui gravitent autour d'Ankara.

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Le Sommet de Kuala Lumpur a été organisé du 18 au 21 décembre dans la capitale malaisienne. / DR
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La capitale malaisienne Kuala Lumpur a accueilli, du 18 au 21 décembre, un sommet islamique autour du «Rôle du développement dans la réalisation de la souveraineté nationale». Aux côtés de la Malaisie, la Turquie, l'Iran et le Qatar ont également pris part avec un haut niveau de représentativité, tandis que 18 pays y ont participé avec des officiels. Le sommet a réuni 450 intellectuels, universitaires et religieux de différents pays du monde islamique.

Mais le sommet a été boycotté par les officiels marocains, une délégation du mouvement Al Adl Wal Ihsane et des représentants du mouvement pour l'unification et la réforme (MUR), le bras idéologique du Parti de la justice et du développement (PJD) y ont pris part.

Lundi, Al Jamaâ a affirmé que son porte-parole et secrétaire général adjoint Fathallah Arsalan et un Omar Amkassou, membre du Conseil d’orientation, ont été à cette rencontre. Le Premier ministre malaisien Mahathir Mohamad a d’ailleurs accordé aux émissaires de Mohamed Abbadi une réception spéciale.

De son côté, le MUR a déclaré que son président Abderrahim Chikhi ainsi que Mohamed Talabi étaient présents. Et de noter que «les questions de l'islamophobie, les souffrances des musulmans dans le monde et les migrations internationales à grande échelle parmi les musulmans en raison des guerres civiles et des conflits internes» devaient être discutés.

Une guerre par médias interposés

Le sommet a créé une bipolarisation au sein du monde musulman, entre les partisans de l’Arabie saoudite et ceux de la Turquie.

Au moment où les médias proches de la Turquie ont soutenu le sommet et l'ont considéré comme un pas dans la bonne direction pour l'avancement du monde islamique et le début d'une transformation dans la région, ceux de l’Egypte et des Emirats arabes unis se sont attaqués à cette rencontre, dénonçant un conclave de pays islamiques en dehors du cadre de l'Organisation de coopération islamique (OCI).

Même la chaîne saoudienne Al Arabiya, diffusant depuis Dubaï, est allée jusqu’à décrire la rencontre de Kuala Lumpur comme étant un «Sommet des Frères musulmans» ou encore un «sommet d'Al-Qaïda». Pour les détracteurs de la rencontre, la Turquie espère saper le rôle de l'Organisation de coopération islamique, qui comprend 57 pays et au sein de laquelle l'Arabie saoudite a une grande influence.

Pour l’Arabie saoudite, ce sommet n’était pas «approprié pour soulever des questions préoccupantes pour les musulmans du monde». Toutefois, l’agence Reuters, citant une source saoudienne autorisée, a précisé que le royaume wahhabite avait «reçu une invitation mais n'y assisterait pas à moins que le sommet ne se tienne sous les auspices de l’OCI».

De son côté, le président turc Recep Tayyip Erdogan a déclaré que Riyad avait fait pression sur le Pakistan et l'Indonésie, les exhortant de bouder aussi la rencontre.

Les relations diplomatiques entre l'Arabie saoudite et les pays participant au sommet sont caractérisées par des tensions, tout comme la politique étrangère des deux parties est clairement incompatible, notamment en ce qui concerne le soutien aux courants de l'islam politique. Un courant contre lequel l’Arabie saoudite est vent debout et considère la Turquie, le Qatar et la Malaisie comme des «sanctuaires pour les Frères musulmans».

L’absence officielle du Maroc de ce sommet peut être expliquée par la volonté du royaume de ne pas irriter ses partenaires des pays du Golfe. Les relations diplomatiques entre Rabat et Ryad viennent à peine de surmonter l’une des crises diplomatiques les plus marquantes de leur histoire. De plus, le Maroc est considéré comme soutenant le courant du royaume wahhabite.

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