«Hier, c’était le Juif ; aujourd’hui, c’est le Rom, l’Arabe ou le musulman», déclare la sénatrice, dénonçant le fait que le gouvernement Sarkozy et le FN aient remis en cause «l’idée républicaine du vivre-ensemble» avec le débat sur l’identité nationale, rapporte Le Monde. «J’ai grandi dans ce mythe de la France tolérante, de Zola, des droits de l’homme… Pour moi, la France représentait le meilleur de l’Occident. Liberté, égalité, fraternité, culture…», se souvient cette passionnée de la liberté.
Intégration pour moins «d’ostracisme et de communautarisme»
Etant elle-même issue de l’immigration, Esther Benbassa semble mieux comprendre le problème de l’immigrer en France. Elle préconise leur participation à la vie d’un conseil municipal qui serait pour elle, «une bonne manière de les faire participer à la vie publique» Au lieu de s’attarder pour les problèmes liés à l’immigration et vouloir les pallier de manière radicale, faudrait-il plutôt reconsidérer ce qu’est devenue la France grâce à l’immigration. «Il faut citer en exemple les réussites de l’intégration. Il faut les promouvoir pour construire une politique», soutient-elle.
La sénatrice déplore le fait que Claude Guéant s’en prenne aux étudiants alors que « beaucoup d’étudiants, d’artistes immigrés ont contribué à la renommée de la France, qu’ils soient venus de l’Est comme Marie Curie, Georges Charpak ; du Sud comme Picasso, Yves Montand, Coluche ; ou d’Afrique comme tant de musiciens, de sportifs. Aujourd’hui, Modigliani ou Zidane ne seraient pas naturalisés. Impossible est devenu français».
Du côté de l’UMP, ils se sont pendant longtemps opposés au vote des étrangers en caractérisant le sujet de «travail de sape d’un des fondements de notre République». Pourtant, Nicolas Sarkozy avouait en 2001 «ne pas être outrageusement choqué par la perspective de voir des étrangers, y compris non communautaires, voter pour les scrutins cantonaux et municipaux. A partir du moment où ils paient des impôts, où ils respectent nos lois, où ils vivent sur notre territoire depuis, par exemple, cinq années, je ne vois pas au nom de quelle logique nous pourrions les empêcher…».
Quant à la naturalisation, autrefois considérée comme un facteur d’intégration, celle-ci est aujourd'hui devenue «un mal» pour la République, s’est-elle indignée. Pour la sénatrice, les mesures de durcissement prises par Claude Guéant au sujet de la naturalisation ont pour but d'empêcher les gens d'y recourir. Quel intérêt en tire alors la France?
Sentiment de mépris
Pour elle, il ne s’agit pas «d’ouvrir toutes les frontières et de naturaliser tous les étrangers». Selon Mme Benbassa, de nombreux immigrés ont émergé et se sont bien intégrés au sein de la société française. Ces derniers supportent de plus en plus mal d’être renvoyés à «une image de fraude, de délinquance ou d’extrémisme. Il faut citer en exemple les réussites de l’intégration. Il faut les promouvoir pour construire une politique».
Ce point de vue se vérifie. Ali Ben Baz, marocain résidant en France depuis 35 ans en parle. «Les Européens sont éligibles aux postes de conseiller municipaux et maires adjoints. Nous on a ni l’un, ni l’autre. Moi personnellement, je demande qu’on m’aligne comme les nationaux. Je vis en France depuis 35 ans. J’ai deux enfants français de naissance. Je paye les impôts, les taxes,… Ce que je demande au moins c’est d’être éligible aux municipales. Avec la dissociation entre citoyenneté et nationalité, je me bagarre pour la citoyenneté depuis de nombreuses années», explique-t-il à Yabiladi.
A la question de savoir pourquoi après tant d’années, M.Ben Baz ne s’est pas fait naturaliser il répond exaspéré : «la naturalisation est un choix personnel. En plus de cela, il faut passer des tests. Je ne veux pas que quelqu’un me teste sur mon intégration. Ce pays, je le connais très bien, je sûr que je serais même mieux intégrer que le policier qui pourrait m’interroger». «Et puis…Je trouve leur interrogatoire humiliant», ajoute-il dérangé.