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Grand Angle

Saisonnières marocaines en Espagne : « Des conditions de travail préoccupantes » selon la FIDH

Un cadre juridique peu protecteur, aucune rémunération pour les jours non travaillés et l'absence de représentation syndicale, sans parler des conditions d’hébergement peu enviables dans certains cas. Telle est la situation des saisonnières marocaines en Andalousie. Une réalité que vient rappeler la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH) à l’issue d’une mission d’enquête dans le Sud de l’Espagne.

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«Main d’œuvre importée pour fraises exportées», tel est l’intitulé du rapport d’enquête que vient de publier la FIDH, au terme d’une mission menée entre le 2 et le 6 mai 2011 dans la province de Huelva (Andalousie, Sud de l’Espagne). L’étude s’est intéressée aux conditions de travail dans les plantations de fraises de cette région, notamment au «respect des droits fondamentaux des travailleurs saisonniers migrants» qui constituent la très grande majorité des plus de 50 000 ouvriers agricoles. Parmi ces derniers, figuraient, en 2011, quelques 5335 saisonnières marocaines, recrutées parmi les «femmes mariées, avec des enfants en bas âge, critères censés assurer un retour au pays et prévenir des tentatives de prolonger leur séjour sur le sol européen».

Selon les enquêteurs de la FIDH, ces travailleurs exercent dans des conditions de travail «toujours préoccupantes». En plus d’un cadre juridique «peu protecteur», ces saisonniers n’ont quasiment pas du tout la possibilité de former des syndicats pour défendre leurs droits. D’où des «atteintes aux droits des travailleurs qui se trouvent complètement dépendants de leur employeur», en raison notamment, d’inspections du travail dans le secteur agricole «inexistantes» ou «très insuffisantes».


Analphabètes et vulnérables

Bien que la situation des saisonnières se soit «sensiblement améliorée» selon les témoignages des intéressées, elle «varie beaucoup selon l’exploitation». Certaines fermes «étant mieux-disantes sur le plan social et d’autres clairement moins regardantes».  Le rapport condamne, en outre,  l’absence de garantie de rémunération minimale  et le non-respect du tarif des heures supplémentaires.

Il s’attarde aussi sur la «vulnérabilité» des saisonnières marocaines, le plus souvent issues du milieu rural, analphabètes, et ignorant tout de leurs droits. Elles se plaignent de leurs passeports confisqués par leurs employeurs, de discriminations raciales, et souffrent parfois de l’éloignement familial, en raison de l’impossibilité du retour avant la fin du contrat (qui varie de 3 à 9 mois).

Pour la FIDH, cette situation n’est qu’une «des conséquences négatives intrinsèques du système de migration circulaire», un modèle promu par l’Union européenne. En plus d’inviter le gouvernement espagnol à faciliter aux saisonnières l’obtention de cartes de séjour permanentes, le rapport lui recommande aussi de renforcer la protection des travailleurs migrants. Quant aux autorités marocaines, appel leur est lancé pour «supprimer les critères discriminatoires dans les recrutements» et d’œuvrer avec leurs homologues espagnoles à garantir les droits sociaux des migrants et de leurs familles.

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