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Grand Angle

Dar Bouazza : Des habitants indignés par la reprise de l'abattage des chiens errants

Des habitants ont interpellé le pacha de Dar Bouazza sur cette opération qui a visé plusieurs dizaines de chiens errants, alors que beaucoup parmi eux sont castrés et vaccinés contre la rage, et ne peuvent donc être porteurs de cette maladie.

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Photo d'illustration. / DR
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A Dar Bouazza, l’abattage de dizaines de chiens errants suscite l’indignation. Mardi 10 et mercredi 11 décembre, tôt dans la matinée, les autorités locales de la commune ont procédé à l’abattage de chiens errants, dont plusieurs sont pourtant castrés et vaccinés contre la rage. Ces derniers sont d’ailleurs reconnaissables par le port d’une petite boucle d’oreille.

Selon nos informations, entre 50 et 80 canidés ont été abattus à coups de fusil par les autorités locales. D’après Hind Moustaghfir, présidente de l’association Comme chiens et chats Maroc (CCCM), contactée par Yabiladi, la commune aurait reçu «des réclamations des promoteurs immobiliers et d’enseignes de grande distribution» pour que Dar Bouazza soit débarrassée de ces chiens. Des habitants de la commune s’en seraient également plaints.

Selon un résident de Dar Bouazza contacté par Yabiladi, témoin des faits, l’opération a commencé mardi 10 décembre et s’est déroulée de 7 heures à 11 heures. Le caïd de la commune se serait rendu sur les lieux en compagnie de chasseurs. Sans précaution, ces derniers auraient commencé à tirer sur les chiens sous les yeux des passants, «dont des enfants apeurés». Après l’opération, plusieurs habitants se seraient directement rendus auprès du pacha de Dar Bouazza pour l’interpeller sur ces faits, mais ce dernier aurait déclaré ne pas être au courant de cette opération et contacté la commune pour la faire cesser. Contactée par Yabiladi, la commune de Dar Bouazza est restée injoignable.

Un contrat pas respecté ?

Ce résident nous indique également que les chasseurs se sont rendus sur des territoires où vivaient des meutes de chiens. Or, comme nous l’avait expliqué Yassine Jamali, agriculteur et docteur vétérinaire, cette pratique peut au contraire augmenter les cas de rage : «Lorsque vous éliminez des chiens qui occupent un territoire, ce dernier se vide. D’autres meutes vont alors venir le remplir. Pour que l’équilibre d’un système qui a été déstabilisé puisse se recréer, des hiérarchies entre chiens se mettent en place à coups de bagarres et donc de morsures. Le risque de transmission de la rage est par conséquent renforcé. C’est comme vouloir éteindre le feu en soufflant dessus.» Une pétition a par ailleurs été lancée contre l'abattage des chiens errants au Maroc.

De plus, Hind Moustaghfir dénonce une «rupture abusive», de la part de la commune, du contrat qui avait été signé entre l’association CCCM et la commune de Dar Bouazza pour procéder à la castration et à la vaccination des chiens errants contre la rage. Par ce contrat, la commune s’engageait en effet à ne pas tuer les chiens errants et à procéder à leur castration et vaccination. Dans ce sens, il prévoyait un budget de 200 000 dirhams et la mise à disposition, pour l’association, d’un local vétérinaire pour procéder aux castrations et aux vaccinations, ainsi qu’un véhicule spécialement conçu pour y transporter les chiens. «Nous n’avons eu que le local, et encore, nous avons dû le retaper entièrement à nos frais car il n’était absolument pas utilisable en l’état», fustige Hind Moustaghfir. 

Pour rappel, le ministère de l’Intérieur avait annoncé, en novembre, envisager un partenariat durable avec d’autres départements, notamment l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA), l’Ordre national des vétérinaires et la direction de l’épidémiologie au ministère de la Santé, tout en renforçant les capacités d’intervention des collectivités locales pour ce type d'opérations.

Les autorités compétentes s’étaient aussi engagées à ne plus recourir aux armes à feu et à différents poisons pour abattre les chiens errants, en raison du danger de ces moyens sur l’environnement, et des critiques d’organisations nationales et internationales de protection des animaux.

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