Le lecteur peut découvrir dans cet ouvrage-enquête un Marrakech «extrêmement méconnu» et «chic et toc», selon les propos d’Ali Amar au cours d’une interview accordée à la radio France Info. Plusieurs reportages effectués par la presse nationale et internationale ont révélé la prostitution lucrative qui subsiste dans le sud du pays. De l’avis du journaliste marocain, Marrakech serait à présent devenue la «plaque tournante du tourisme sexuel» et «aurait même remplacé Bangkok», la capitale Thaïlandaise depuis le tsunami qui a sévi dans le sud-est de l’Asie. «La permissivité est extrêmement visible dans la rue et sur la place Jemaa Al Fna», confie t-il, et certaines personnalités seraient attirées par «des plaisirs sexuels interdits».
«Plaisirs», «affaires» et «pouvoir» à Marrakech
Si le royaume reste la destination préférée des Français, il constitue également un Davos des vacances pour les hommes politiques. Outre les habituelles stars du show-biz et les hommes politiques, de nombreux intellectuels et chefs d’affaires possèdent des riads ou villas à Marrakech. «1000 pages ne suffiraient pour énoncer la liste des personnes influentes qui fréquentent la capitale touristique du Maroc pour des raisons autres que d’y passer des vacances», explique Ali Amar.
Selon l’auteur et journaliste marocain, nombre de personnalités françaises, «une tribu» notamment «séjournent dans des hôtels de la place et entretiennent des relations particulières avec l’entourage royal pour des intérêts peu reluisants». Des «pactes politiques» et «alliances industrielles» se nouent également dans les coulisses. Au journaliste qui l’interroge, Ali Amar confie qu’il est «notoire que Bernard Henri Lévy possède un ryad à Marrakech». «Cet intellectuel actif au plan international sur les dossiers de la Lybie, la Syrie et l’Arménie reste absolument silencieux sur les travers du régime marocain». Et pour cause, de l’avis d’Ali Amar «d’intérêts politico-financiers».
Critiques virulentes du pouvoir marocain
«Malgré une volonté affichée de l’Etat, ce dernier ne peut sévir efficacement contre le tourisme sexuel», puisque «tenant à ses objectifs touristiques», estime Ali Amar. «La défense de la politique du Roi Mohammed VI se fait au grand jour par les politiques français», poursuit-il. Un exemple illustratif mis en exergue dans l’ouvrage met en cause le diplomate et homme politique français, «Hubert Védrine, un ami des nationalistes marocains à l'époque qui défend officiellement les thèses marocaines en contrepartie de la possibilité de faire des affaires à Casablanca».
L’ouvrage intitulé «Mohammed VI, le grand malentendu» d’Ali Amar paru en 2009 aux éditions Calmann-Lévy avait été interdit au Maroc. Son confrère Jean Pierre Tuquoi, spécialiste du monde arabe, auteur de «Le dernier roi, crépuscule d'une dynastie» (Grasset, 2001) se posait la question de «l’impuissance de la dynastie alaouite à résoudre les véritables problèmes du royaume» et avait essuyé l’interdiction de sa publication au Maroc. Qu’en sera-t-il alors de la distribution dans le royaume de cette nouvelle publication commune aux deux journalistes, disponible en France depuis le 25 Janvier dernier ?