«Il y aura une grande fête au Gabon (…) j’aurais préféré une grande fête au Maroc» voici les mots d’Eric Gerets quelques minutes après la défaite contre le Gabon, synonyme d’élimination pour les Lions de l’Atlas. Absent en 2010, le Maroc nourrissait de grandes ambitions pour ses retrouvailles avec l’élite africaine. Comme lors de ses deux dernières apparitions dans la compétition (2008 et 2006), l’aventure s’arrête au premier tour. Un véritable camouflet pour une équipe annoncée comme l’un des prétendants au titre.
Des erreurs payées au prix fort
Après une bonne entame de match, ponctuée par un but de Kharja à la 22e minute, le Maroc n’a pratiquement plus existé dans la partie, sinon sur quelques contres mal exploités. En face, les Gabonais, poussés par leur public, multiplient les assauts sur la défense marocaine, qui craque sur trois erreurs défensives dans le dernier quart d’heure de la rencontre.
A la 77e minute, l’attaquant gabonais Pierre Aubameyang égalise d’une puissante reprise de volée au point de pénalty, après un mauvais dégagement de Jamal Alioui. Le plus grave sur cette action, c’est le fait qu’Aubameyang se soit retrouvé seul alors que 10 joueurs marocains étaient présents dans la surface de réparation.
A peine deux minutes plus tard, c’est le vétéran Daniel Cousin qui donne l’avantage au Gabon, d’un tir en pivot. La puissance athlétique de l’attaquant gabonais (1,87m, 86 kg) fait la différence sur l’action. Mais au départ, il y a une perte de balle de Taarabt.
Le capitaine Kharja sur pénalty, égalise à une minute de la fin de la rencontre, et redonne espoir à ses troupes. Les attaquants marocains manquent même de plier le match sur un contre où 3 attaquants marocains ne parviennent pas à battre le seul défenseur gabonais présent sur l’action. Sur l’occasion qui suit, Benatia fauche un joueur gabonais à l’entrée de la surface. Lamyaghri anticipant un centre dans la surface, ne place que deux joueurs dans le mur. Une erreur fatale, car l’attaquant gabonais choisit de tirer directement. Lamyaghri plusieurs fois décisif au cours du match, doit s’incliner pour la troisième fois. Le Maroc n’aura pas le temps de revenir dans la partie.
Une affaire de tactique ?
En conférence de presse, Eric Gerets a estimé que sa défaite n’était pas tactique. Pourtant, il faut bien reconnaitre que ses remplaçants sont directement impliqués sur les actions de buts. La déviation d’Alioui, qui a remplacé Basser touché à la cheville (72e minute) conduit à l’égalisation gabonaise. Deux minutes plus tard, Taarabt, entré à la place de Carcela (66e minute) perd le ballon et offre un contre au Gabon. Cousin est à la conclusion, et permet au Gabon de prendre l’avantage (2-1).
A l’inverse, le sélectionneur gabonais voit ses remplaçants lui donner raison. Ayant débuté en position d’avant-centre, Aubameyang éprouve des difficultés en début de rencontre. Repassé sur le côté droit après l’entrée de Cousin, il a constamment mis la défense marocaine en difficulté grâce à ses accélérations. Buteur sur l’égalisation, il est passeur décisif sur le deuxième but gabonais, alors qu’il avait été très peu en vue en première période. On note également que 2 des 3 buts gabonais ont été inscrits par des remplaçants : Cousin (79e) est entré à la place de Nguéma au début de la 2e période, et Mbanangoye l’auteur du but de la victoire (90+5), a remplacé Mouloungui à 5 minutes de la fin du temps règlementaire. Les faits parlent d’eux-mêmes.
Et maintenant ?
L’amertume. C’est le sentiment régnant dans la tanière après cette nouvelle désillusion. Houcine Kharja, l’unique buteur du Maroc dans cette CAN 2012 (3 buts), n’a pas caché sa déception en conférence d’après-match. «Il y a beaucoup de tristesse, de déception», a-t-il résumé, avant d’ajouter «On tombe de haut. Sortir au 2e match du premier tour... J'ai marqué trois buts qui ne servent à rien. On a zéro point. J'aurais préféré prendre des points». Le capitaine des Lions de l’Atlas a par ailleurs appelé la presse à se montrer indulgente après cette élimination.
Eric Gerets de son côté dresse un constat plus sobre : «On n'a pas fait notre jeu. Il faut accepter les choses comme elles viennent. C'est ça le sport. Il faut regarder la vérité en face, maintenant qu'on est dehors et qu'on a joué une deuxième mi-temps indigne de l'équipe nationale du Maroc.». S’il est conscient de son échec, Eric Gerets a néanmoins affirmé sa volonté de continuer l’aventure à la tête de la sélection. «J'ai commencé quelque chose que j'aimerais bien finir. S'ils (la fédération) ne sont pas contents de mon travail, ils me le diront. Pendant 15 mois, personne ne m'a dit que j'étais un mauvais. Mais en Football, lundi tu es un roi, le lendemain tu n'es plus rien. Je prends mes responsabilités». Il reste maintenant à savoir si la fédération maintiendra sa confiance au Lion de Rekem, qui avait réussi un bon parcours en qualification. En attendant, il faut déjà préparer une sortie honorable lors du dernier match face au Niger mardi prochain.