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Grand Angle

Les Marocains au contact de leur peau

La dermatologie est une spécialité médicale particulière, parfois méconnue au Maroc. Pourtant, elle peut notamment remédier à certains maux provoqués par des usages et comportements propres aux Marocains. Le docteur Leïla Benamar, dermatologue et vénérologue à Casablanca, détaille ces particularités. Interview.

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Parmi toutes les spécialités médicales, quelle est la spécificité de la dermatologie ?

 Les dermatologues sont appelés à intervenir sur une très grande variété de pathologies car beaucoup d’entre elles, même si elles ne sont pas à proprement parler des maladies de peau, s’expriment symptomatiquement par la peau. C’est le cas, notamment, des maladies sexuellement transmissibles qui sont à ce titre traitées par les dermatologues, à l’exception du VIH. Les maladies de peau sont aussi généralement chroniques et le patient qui vient consulter un dermatologue doit s’attendre à nouer une véritable relation d’amitié avec lui ! Enfin, la dermatologie est la seule spécialité où le patient peut suivre, comme le médecin, l’évolution de sa maladie car elle est directement visible.

 Certains problèmes dermatologiques sont-ils propres au Maroc ?

 Ces maladies particulières sont le propre des pays en voie de développement et du Maghreb. On compte, la tuberculose cutanée dont la propagation est liée au niveau social, à la promiscuité, au manque d’hygiène... On recense aussi au Maroc quelques cas de lèpre, bien que la maladie soit presque éradiquée. La leishmaniose cutanée, transmise par certains moustiques, touche particulièrement les régions du sud du pays.

 Les pratiques culturelles et sociales des Marocains sont-elles parfois vecteurs de maladies particulières ?

 Je reçois beaucoup de patients pour des cas de mycoses. Le fait de rester pendant des heures dans une atmosphère humide, au hamam, alors que les champignons prolifèrent dans l’eau, provoque et entretient ces mycoses. Les ablu- tions fréquentes, lorsque l’on ne prend pas soin de bien se sécher les pieds, les favorisent aussi.

 Les taches de melasma sont aussi favorisées par le soleil, la chaleur des bains, l’usage du savon noir et les frottements. Toutes ces pratiques stimulent les cellules pigmentaires et ont donc tendance à foncer la couleur de la peau voire à provoquer ces taches, aussi appelées «masques de grossesse». Paradoxalement, les Marocaines souhaitent souvent être blanches alors qu’il est impossible de leur demander de renoncer au bain maure.

 Les Marocains ont-ils aujourd’hui le reflexe de se tourner vers un dermatologue en cas de problèmes de peau ?

 La dermatologie est une spécialité encore très ignorée et à ce titre les pharmaciens et les médecins généralistes se trouvent rapidement impuissants. Ils dirigent donc les patients vers les dermatologues. Cependant, fréquemment, les gens repoussent le moment d’aller voir un mé- decin. Ils essaient d’abord tous les conseils de leurs amis, les recettes de grand-mère, les indications trouvées sur internet et c’est seulement lorsqu’ils constatent que rien ne fonctionne, qu’ils viennent nous consulter. Ils évoquent toujours le même raison, très justifiée d’ailleurs, pour expliquer cette attente : les médicaments propres à la dermatologie sont très chers. Souvent assimilés à la cosmétique, ils ne sont pas remboursés par les couvertures santé

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