C’est à peine le vote de confiance du parlement obtenu que le chef du gouvernement s’est envolé pour la Suisse. A Davos, Benkirane a appelé les occidentaux à soutenir les régimes islamistes qui ont émergé des soulèvements populaires dans le monde arabe. «Nous sommes très ouverts. Nous pouvons mieux garantir vos intérêts et investissements que par le passé. Que voulez-vous de plus ?», a lancé Benkirane lors d’un débat sur la gouvernance en Afrique du Nord auquel ont pris part son homologue tunisien, l’ex-secrétaire général de Ligue arabe, l’égyptien Amr Moussa de même que le nouveau premier ministre tunisien Hamadi Jebali, qui a enfourché la même trompette que son homologue marocain.
Selon Benkirane, les pays occidentaux et ceux du Maghreb ont «des intérêts complémentaires». «Nous avons besoin de ces investissements. Nous les cherchons» a-t-il ajouté, tout en rappelant qu’il a l’intention de «conduire des réformes au service des pauvres et des nécessiteux». Le chef du gouvernement a également insisté sur l’urgence de lutter contre la corruption, un fléau qui, dit-il, entrave considérablement le progrès du royaume.
Quant à l’étiquette d’ «extrémistes» habituellement collé aux islamistes, Benkirane n’est pas allé loin pour apporter sa réponse : «Est-ce le fait de refuser de déjeuner autour d’une table sur laquelle se trouve du vin doit être considéré comme de l’extrémisme ?», a répété un Benkirane très posé, contrairement à ses habitudes d’opposant. Le chef du gouvernement est accompagné de son ministre délégué aux Affaires économiques et générales, le Pjdiste Mohamed Najib Boulif ainsi que du patron des patrons marocains, Mohamed Horani.
Cette nouvelle édition de ce forum annuel lancé en 1971, planche sur trois grands thèmes, qui en disent long sur l’inquiétude de ses organisateurs, mais aussi de l’élite économique mondiale : «Le capitalisme du XXe siècle est-il en train de flouer la société du XXIe siècle ?», «Risques globaux en 2012 : les graines de la désillusion», ou encore «Réparer le capitalisme». Décideurs politiques et économiques, politologues, économistes, sociologues et autres historiens tenteront de croiser leurs points de vue pour dégager des perspectives meilleures pour l’économie mondiale.
Intervention de Benkirane lors d'un débat à Davos