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Grand Angle

Sahara : Le Maroc a-t-il appris de l’incident de décembre 2009 impliquant Aminatou Haidar ?

Bien que l’incident qu’elle ait provoqué en 2009 ne soit pas considéré comme important pour certains, Aminatou Haidar continue de récolter ce qu’elle a semé en décembre 2009. Il y a dix ans, le Maroc avait fait l’objet de pressions de plusieurs puissances pour l'autoriser à rentrer à Laâyoune.

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Aminatou Haidar avait mené, en décembre 2009, une grève de la faim à Lanzarote (Îles Canaries) protestant contre le Maroc. / DR
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La militante pro-Polisario Aminatou Haidar a reçu, ce jeudi à Stockholm, le prix Livelihood attribué par la fondation Right Livelihood. Depuis 2009, elle récolte des prix accordés par des ONG qui ne se privent pas de soutenir ouvertement la thèse séparatiste du Front Polisario, à l’exemple du Centre Robert F. Kennedy. Il y a dix ans également, en novembre et décembre 2009, elle avait réussi son coup médiatique, après avoir mené une grève de plusieurs jours et squatté l’aéroport de Lanzarote, protestant contre le Maroc et accusant les autorités du royaume de lui avoir retiré son passeport.

Cet indicent, largement relayé par la presse internationale, avait mis le royaume dans une position difficile. Pressé d'accorder un passeport à Aminatou Haidar par l’Espagne, la France, les Etats-Unis et même l’ONU, le Maroc avait fini par accepter de l’autoriser à rentrer chez elle, à Laâyoune. C’est depuis sa maison que la présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme continue de plaider la cause des séparatistes. L’incident a surtout offert une estrade à la présidente du CODESA, lui assurant depuis une large visibilité.

«Ce fut une simple fausse interprétation du droit marocain par un responsable» qui a provoqué cet incident, nous rappelle Bachir Dkhil, ancien membre fondateur du Front Polisario ayant regagné le Maroc.

Un changement sur le terrain depuis 2009

Pour lui, le Maroc poursuit depuis «son chemin du grand changement». «Si nous parlons des droits de l’Homme aujourd’hui, aucune personne au Sahara n’est privée de passeport. De plus, Laâyoune regroupe, à elle seule, plus de 3 000 associations, dont certaines pro-Polisario», ajoute-t-il. «On ne peut pas prétendre qu’il n’y a pas de démocratie ou de liberté d’expression : l’exemple le plus éloquent est celui de cette femme qui est porteuse d’un passeport marocain et qui continue d’animer ici et là des conférences sans être dérangée», considère-t-il. «Le Maroc respecte donc la liberté de circulation et d’association.»

Bachir Dkhil dit également ne pas croire que cet incident puisse être considéré comme une bourde pour le Maroc. Un avis qu’il partage avec le professeur de relations internationales à l’Université Mohamed V Rabat, Abdelfattah Belamachi. «Depuis 2009 et jusqu’à aujourd’hui, il y a eu beaucoup de changements dans ce dossier et malgré les soutiens de certaines ONG internationales au Polisario, cela n’est pas comparable aux positions des pays», nous déclare-t-il.
Pour l’universitaire, «ce sont les positions des pays ainsi que les résolutions du Conseil de sécurité qui font la différence dans ce dossier».

«Lorsque nous constatons qu’il n’y a plus de nouveaux Etats qui reconnaissent le Polisario, que l’Union africaine n’est plus hostile au royaume depuis le retour de ce dernier en son sein, que la position des grandes puissances sont maintenues et que même la récente décision du Conseil de sécurité rejoint la position du Maroc pour la résolution de ce conflit, ce genre d’événements ne semblent pas avoir d’incident sur le dossier.»

Abdelfattah Belamachi

L’activisme politique déguisé en défense des droits de l’Homme

Pour le professeur universitaire, «on peut parler d’erreurs dans la gestion d’un dossier pareil, qui ont été instrumentalisées pour être amplifiées. Il s’agit d’un conflit traité au niveau international, où ce sont les résultats directs qui comptent et en dehors de ce cadre, toute "victoire" n’impactant pas la décision politique ou la position internationale, reste vaine».

Concernant l’instrumentalisation de cet incident par le Polisario, Bachir Dkhil ne manque pas, quant à lui, de pointer du doigt «ces personnes qui se présentent comme militants des droits de l’Homme alors qu’en réalité, elles sont des activistes politiques».

«Il y a une nuance car ces personnes portent l’idéologie d’une organisation politique qu’elles tentent de présenter comme une victime. Il ne faut pas mélanger l’activisme voulant détruire et diviser, et la défense des droits de l’Homme.»

Bachir Dkhil

«Le Maroc a appris des expériences précédentes», se félicite notre interlocuteur avant d’estimer que «c’est le fait ne pas appliquer la loi telle qu’elle est qui provoque ce genre de problèmes».

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