A l’origine de ce phénomène, selon l’agence de presse Dogan, l’ouverture toute simple du premier cybercafé
dans le village de Gökçe, au niveau de la pro- vince de Mardin. Les hommes, célibataires ou mariés s’initient au chat internet. Les frontières tombent, des contacts se créent avec des Marocaines, avec qui la langue n’est pas un problème, car cette région frontalière à la Syrie est en partie arabophone. Suite à des propositions de mariage, de nombreuses Marocaines quittent le Maroc pour Mardin et leurs élus du coeur.
Les cybers prospèrent ; deux autres sont ouverts à Gokçe, ce qui augmente l’accès aux sites de rencontres. Conséquence : quelque 40 femmes d’origine marocaine ont déclaré vivre à Gökçe l’an dernier, contre 15 pour l’année d’avant. Dans la ville voisine d’Ortaköy, 10 femmes marocaines s’y sont installées. Elles parlent pour la plupart l’Arabe, le Français, l’Espagnol et/ou l’Anglais. Nombre d’entre elles possèdent également des diplômes universitaires.
Mariages d’amour
Son prénom : Monia. Elle serait la première femme marocaine installée à Gökçe. Diplômée d’une université religieuse au Maroc, Monia parle couramment le français. Mariée à Halit Öncel âgé de 36 ans, elle se dit très satisfaite. Öncel a déjà une première épouse et 11 enfants isssus de ce mariage. Lorsqu’ils se sont connus, Öncel avoue s’être présenté comme célibataire. Après connaissance, il lui dit la vérité et propose de l’épouser deux mois plus tard. Monia accepte. Öncel divorce de sa femme avant d’épouser Monia. Ils ont un fils, Yunus Emre et vivent tous ensemble, époux, femmes et enfants.
Aziza Eroğlu est aussi allée à l’université. Elle enseignait le français dans une école maternelle au Maroc. İskender Eroğlu l’a épousé en secondes noces et elle a accepté de vivre à Mardin. La loi ne reconnait pas ce mariage. Ils vivent néanmoins heureux tous les trois ensemble.
La Turquie ne reconnait pas la polygamie, mais cette pratique existe encore dans certaines régions. Les secondes femmes ont peu de droits sur le plan juridique. Selon les pré- ceptes islamiques, ces mariages sont pour- tant bien valables et la plupart ne s’en plaint guère.
Le maire de la ville, Haluk Çelik, a affirmé que ces mariages se font hors du contrôle de la municipalité. «Ces femmes marocaines qui parlent en moyenne trois langues, assistent à des cours d’alphabétisation en langue Turque». L’intégration devient alors complète.