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Grand Angle

Cinéma Roxy, l’une des rares salles qui résistent encore au déclin à Tanger

À Tanger, le Cinéma Roxy est l’une des rares salles de cinéma encore en activité. Construite comme un opéra puis transformée en une entreprise familiale par Abdeljalil Wahabi, Roxy tente de survivre dans un secteur difficile.

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Cinéma Roxy à Tanger a été construit en 1943 pour servir, à la base, d’opéra. / Ph. DR
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Abdeljalil Wahabi est dans le secteur du cinéma depuis plus de trente ans. Il a commencé à aller au cinéma à l'âge de six ans avec son grand-père. En 1985, après avoir terminé ses études, il a commencé à travailler avec son père dans ce secteur.

Ensemble, ils ont ouvert Cinéma Tarik, puis Cinéma Mabrouk, qui depuis ont été fermés en raison de la baisse de la fréquentation des salles de cinéma au Maroc. Dans les années 1980, le Maroc comptait environ 270 salles de cinémas en activité. Mais ce nombre a considérablement diminué pour atteindre une trentaine actuellement. Le cinéma Tarik est l'une des nombreuses salles de cinéma abandonnées aujourd’hui, laissées pour témoins du lent déclin d’une industrie.

Toutefois, l’attachement d’Abdeljalil Wahabi et sa famille à ce business les a poussés à acheter, en 2003, le Cinéma Roxy. Située à Tanger, la salle a été construite en 1943 pour servir, à la base, d’opéra. Cela explique la structure circulaire du bâtiment et son architecture, conçue pour l’acoustique et les performances. Ce n’est d’ailleurs qu’en 1950 que le Cinéma Roxy a été converti en salle de cinéma, devienant ainsi l’un des trois cinémas encore en activité à Tanger.

Quand on lui a demandé pourquoi il pensait que l'industrie du cinéma avait péréclité si rapidement, Abdeljalil Wahabi confie à Yabiladi les différentes causes : «D'abord, c'était les cassettes, ensuite les CD et maintenant c'est Internet». Il enchaîne en expliquant que «la plupart des gens ont perdu l'éducation au cinéma».

Amener les enfants au Roxy pour l'éducation au cinéma

Avec abnégation, Abdeljalil essaie de faire de la fréquentation du cinéma une pratique ordinaire. Il combat l’absence d’éducation au cinéma en collaborant avec les écoles primaires afin d’amener les enfants au Roxy pour des projections privées et des spectacles. «Nous voulons que les enfants aiment le cinéma. Si, avant, les gens venaient naturellement au cinéma, nous devons faire l’effort de les y amener maintenant», déclare-t-il.

Cinéma Roxy accueille également deux festivals de cinéma. Le Festival du film court de Tanger et le Festival national du film de Tanger, tous deux organisés par le Centre Cinématographique Marocain (CCM).

Cinéma Roxy. / Ph. Youssef HarratiCinéma Roxy. / Ph. Youssef Harrati

Abdeljalil esquisse un sourire en se remémorant les années fastes du cinéma. «Le mieux, c'est de voir beaucoup de monde au cinéma. Cela signifie beaucoup d'argent», ironise-t-il. Et lorsqu'on lui demande quels sont les changements qu’il aimerait voir apporter à l'industrie cinématographique marocaine, le patron de Cinéma Roxy n’y va pas par quatre chemin : le besoin de financements.

Le CCM dispose, d’ailleurs, de fonds pour financer les rénovations de salles de cinéma. L'organisme public paie 10% pour un nouveau projecteur et 50% pour des rénovations. Encore faut-il que les salles sollicitent le CCM. Abdeljalil Wahabi aimerait voire plus de fonds de ce type, plus de mescènes pour garder les salles ouvertes et relancer l'activité cinématographique, ou pour reprendre ses mots, «sauver le cinéma».

Le propriétaire de Roxy rappelle également l'influence que le film peut avoir sur la société marocaine. Il se souvient avec amusement de la façon dont les gens ont commencé à s’habiller comme John Travolta lors de la première de Saturday Night Fever et Grease au Maroc. Cependant, Abdeljalil Wahabi estime qu'après avoir passé pratiquement toute sa vie au cinéma, «le seul film [qu’il] souhaite voir maintenant : voir [son] plus jeune fils grandir».

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