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Grand Angle

Maroc : Après les révélations sur une affaire de pédophilie, de nouvelles victimes brisent le silence

Deux jours après les révélations sur une sordide affaire de pédophilie, de nouvelles victimes ont commencé à sortir de leur silence, en confiant à des associations locales avoir fait l’objet de sévices sexuels de la part d’un cinquantenaire, en échange d’argent. Alors que quatorze cas ont été identifiés, ils ne seraient par les seuls.

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Photo d'illustration / Ph. DR.
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Le week-end dernier, le quartier de Lissasfa à Casablanca a été secouée par les révélations sur une affaire de pédophilie. Le mis en cause, A.E.J, un cinquantenaire travaillant dans la maçonnerie, aurait fait plus de 14 victimes, identifiées par l’Association des jeunes nationaux pour la solidarité. Selon celle-ci, l’homme aurait sévi depuis au moins trois ans, planqué dans une partie abandonnée d’un établissement scolaire du quartier.

Présidente de l’association qui a révélé l’affaire, Khadija El Omari explique à Yabiladi l’avoir découverte au hasard d’un échange avec des mères à Lissasfa. «Un de nos membres nous a contactés pour alerter les autorités locales sur un foyer de délinquance à l’arrière dudit établissement, où nous avons découvert un véritable lieu de vol, de consommation de drogues… Mais j’ai senti que les riverains, surtout les femmes et les enfants, voulaient nous parler d’autre chose», nous raconte-t-elle.

C’est ainsi que l’ONG a découvert que les mères étaient «nombreuses à se plaindre du harcèlement sexuel sur leurs filles et même de viols, tandis que d’autres poussent leurs enfants à garder le silence au nom de la pudeur et pour ne pas s’attirer le regard des autres». «En filigrane, j’ai appris qu’un homme issue de Had Soualem fréquentait souvent les abords de l’école, où il rencontrait une adolescente de 15 ans depuis une année maintenant», nous confie Khadija El Omari.

Un suspect qui ne serait pas inconnu dans le quartier

Selon la militante, la fille de 15 ans aurait été violée et le suspect l’aurait forcée à avorter, dans l’impunité totale, profitant d’une forme d’omerta autour de ses agissements. «L’année dernière, il a déjà fait l’objet d’une plainte à cause de cela. La victime n’est plus revenue à l’école et l’affaire est restée sans suite», nous confie la présidente de l’association. «A sa demande, elle lui ramenait des fillettes de 6 et 7 ans, 11 ans tout au plus, depuis l’école», nous explique-t-elle encore.

C’est dans les mêmes lieux abandonnés que les écolières auraient subi des sévices sexuels moyennant argent, ou parfois même un repas, une friandise. «Il leur mettait des sites pornographiques et répartissait les rôles entre elles en chargeant chacune de lui faire des attouchements, notamment génitaux», nous affirme Khadija El Omari. «En retour, il promettait à chacune 5 ou 10 dirhams selon ce qu’il leur imposait de faire. Quant à celle qui devait lui ramener des victimes, elle était payée 50 à 100 DH», ajoute-t-elle.

Depuis, «quatorze cas ont été identifiés comme victimes présumées du cinquantenaire et le quinzième serait un petit garçon», nous précise la militante, selon qui le nombre «pourrait facilement atteindre la vingtaine, maintenant que les langues commencent peu à peu à se délier». Dimanche dernier, le mis en cause a comparu devant le procureur du roi avouant les faits lui étant reprochés. D’ici l’audience devant le juge dninstruction le 29 octobre prochain, A.E.J reste en état d’arrestation.

Les enfants sont aidés par l’association pour constituer un dossier médical prouvant les sévices sexuels dont ils disent avoir été victimes. Le prévenu sera entendu pour des faits de «viol sur mineur avec violence, détournement de mineurs de moins de douze ans avec fraude et viol».

Article modifié le 22/10/2019 à 23h03

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