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Grand Angle

Maroc : Le rapport du ministère public au cœur d’une polémique au Parlement

Les membres de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme à la Chambre des représentants refusent de discuter du rapport annuel du ministère public sans la présence de son chef, à l’exemple de Driss Jettou. Seulement, Mohamed Abdennabaoui considère, de son côté, que la Cour constitutionnelle a déjà tranché sur la question.

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Le chef du ministère public et Procureur général du roi près la Cour de cassation, Mohamed Abdennabaoui. / Ph. Hespress
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Cette semaine, le débat bat son plein au sein de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l’Homme à la Chambre des représentants. Sa réunion prévue mardi pour discuter du rapport annuel du chef du ministère public a été reportée. Au cœur de la polémique, le rapport annuel du Parquet général et l’absence de son président, Mohamed Abdennabaoui, de la séance. Une absence qui n’échappe pas aux critiques des parlementaires de la commission.

«Il y a une incompréhension du principe de séparation des pouvoirs, une lecture arbitraire de la Constitution et des lois élaborées par le bureau du Procureur général», fustige un parlementaire, sous couvert d’anonymat, dans une déclaration à Alyaoum 24 sur ce sujet.

En fait, une problématique de forme a été soulevée par les parlementaires. Pour eux, c’est plutôt le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire, représentant de ce dernier, qui doit soumettre le rapport du ministère public et non pas le chef du Parquet général. Seulement, le débat va au-delà de cette question pour se concentrer sur le refus de Mohamed Abdennabaoui de présenter lui-même son rapport.

Contactée par Yabiladi ce mercredi, la députée parlementaire Boutaina Karrouri, membre de la Commission de la justice, de la législation et des droits de l'Homme, confirme. «Il ne s’agit pas d’un différend personnel mais plutôt de l’interprétation d’une décision de la Cour constitutionnelle», nous déclare-t-elle.

Les parlementaires veulent instaurer une pratique constitutionnelle

En effet, selon la députée, tout commence par l’article 110 de la Loi organique relative au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire. «Ce texte évoque la présentation et la discussion des rapports du chef ministère public devant les deux commissions chargées de la législation dans les deux Chambres», rappelle l’élue, ajoutant qu’une décision de la Cour constitutionnelle a été émise à ce propos. Un avis qui a indirectement creusé le fossé entre le Parquet général et les parlementaires.

«Dans sa décision, la Cour a estimé que l’article 110 reste conforme à la Constitution tant qu’il n’impose pas la présentation du rapport par le chef du ministère public. Mais celui-ci et nous-mêmes avons des lectures différentes : Pour lui, la décision lui interdit de se présenter devant le Parlement alors que pour nous, c’est plutôt le contraire.»

Boutaina Karrouri

Les parlementaires citent l’exemple de Driss Jettou, président de la Cour des comptes qui présente son rapport annuel devant les élus, «sans qu’il ne soit interrogé, contrairement aux départements ministériels car il s’agit d’une institution indépendante» du pouvoir exécutif.

Pour les membres de la Commission, l’interprétation des décisions de la Cour constitutionnelle doit se faire démocratiquement. «Cette phase transitoire nécessite la coopération entre tous les pouvoirs, afin d’entériner ce genre de pratiques constitutionnelles, surtout que le législateur pose les bases de la politique pénale pour qu’elle soit appliquée par le procureur général du roi», estime Boutaina Karrouri. «Il faut ainsi un lien entre les deux, car on ne peut pas seulement discuter de ces rapports entre nous tout en émanant des recommandations», insiste-t-elle.

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