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Grand Angle

Maroc : Une femme à la tête du PSU, l’Istiqlal prépare la « retraite anticipée » d’Abbas El Fassi

Décidemment, le vent du renouveau souffle partout, même sur les formations politiques marocaines. Au Parti Socialiste Unifié  (PSU) le virevoltant Moujahid a passé le relais à la très engagée Nabila Mounib, alors que l’Istiqlal s’apprête à tourner la page Abbas El Fassi, qui décide de se retirer plus tôt que prévu. Si le parti de la balance doit résoudre ses dissensions internes, la nouvelle figure du PSU entend de son côté redonner des ailes à la gauche.

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Nabila Mounib, femme en chef du PSU. Du Moujahid version féminine. Ph: Le Soir
Temps de lecture: 2'

De nouvelles vitrines pour les formations politiques marocaines. Les quasi-inamovibles chefs de partis tirent leur révérence un à un. A l’Istiqlal, c’est un homme de 70 ans qui part en… «retraite anticipée». Abbas El Fassi, décide de se retirer du jeu après 14 longues années de gouvernail à bord du navire istiqlalien, mais à un an de la fin de son mandat qui s’achève en 2013. Le poids de l’âge, la fin de la mission gouvernementale, et certainement la montée de nombreuses voix réclamant son départ, ont motivé le secrétaire général à opter pour le retrait.

Une décision qui oblige le Conseil national du parti de la balance à tenir une session extraordinaire dans les semaines à venir pour convoquer un congrès national de la formation dès le mois d’avril. Ce XVIe congrès verra l’élection d’une nouvelle tête aux commandes du parti nationaliste. Une formation actuellement traversée par des luttes intestines entre ses différents clans. Chacun de ceux-ci risque de placer un prétendant.  


Lutte des clans

Le nom d’Abdelouahed El Fassi, fils de Allal, fondateur du parti est ainsi cité pour représenter le clan du tourbillonnant Hamid Chabat, alors que le gendre d’Abbas El Fassi, Nizar Baraka, propulsé au ministère de l’Economie et des Finances, pourra continuer l’œuvre de son beau père. De leurs côtés, l’ancien ministre de l’habitat, Taoufiq Hejira et le tout nouveau ministre de l’Education Mohamed El Ouafa, pourraient tenter leurs chances.

Plus chanceuse, Nabila Mounib elle, a déjà commencé à cracher du feu sur le gouvernement Benkirane. Elle est en effet le nouveau secrétaire général des gauchistes du PSU. Ce dimanche 15 janvier, le bureau politique du parti a confirmé les pronostiques  en faisant de cette militante engagée la "successeure" du tonitruant Mohamed Moujahid. La professeure d’Université considère le choix porté sur elle comme une «nouvelle bataille gagnée par les femmes» après celle perdue dans le gouvernement (lire interview en encadré). Consciente du  «combat de longue haleine qui l’attend» pour repositionner le parti de la bougie sur l’échiquier politique, cette membre du syndicat national des enseignants du Supérieur, aussi prolixe que Moujahid, se dit «optimiste» pour un nouveau déclic des idées de la gauche dans ce contexte de crise.  

Nabila Mounib, SG du PSU : « Le gouvernement ne détient pas le pouvoir »

Une seule femme au gouvernement mais une autre à la tête d’un parti aussi virulent que  le PSU. Quel rapprochement en faites-vous ?


NM: Mon élection est une nouvelle bataille gagnée par toutes les femmes, pour une société égalitaire. La présence d’une seule femme au gouvernement constitue quant à elle, une récession très grave. Ils n’ont  même pas pris en compte l’esprit de la nouvelle constitution qu’ils ont approuvée [le PSU avait appelé au boycott, ndlr]. Les partis de la coalition gouvernementale pouvaient proposer plus de femmes mais ce n’est pas dans leur subconscient. Nous n’allons pas accepter de régressions sur les acquis des femmes.


Quel regard portez-vous sur le gouvernement Benkirane ?


Tout d’abord, il faut souligner que la victoire du PJD aux législatives a été favorisée par la conjoncture créée par le Mouvement du 20 février. Un mouvement dont ce parti s’était d’ailleurs détourné. Cela dit, ce gouvernement est là, mais il n’a pas le pouvoir. Je crains qu’à la fin du mandat, il [Benkirane] vienne nous dire que "ce n’est pas moi qui prenais les décisions, je n’ai pas autorisé telle ou telle mesure". Le problème se situe encore au niveau de la constitution qui concentre les pouvoirs entre les mains du roi.


Quelles sont vos priorités à la tête du PSU ?


Repositionner le parti dans le champ politique marocain. Nous sommes là pour faire l’opposition. Quant à la stratégie, elle consiste en un travail de groupe. C'est-à-dire décentraliser la décision même au niveau des sections locales, en renforçant le parti sur le plan interne et le restructurer. Mon objectif est également de renforcer les liens avec la gauche ainsi que le Mouvement du 20 février.


Le PSU fait beaucoup de bruit mais peine à s’imposer. Croyez-vous que ce parti a sa place sur l’échiquier politique national ?


C’est un travail de longue haleine qui nous permettra de repositionner notre parti dans ce pays où les gens tournent le dos à la politique. Le Maroc est le seul pays où ceux qui se battent pour le changement ne récoltent pas les fruits de leur lutte. Nous pensons que la gauche doit être restructurée. Avec la conjoncture internationale et interne, on est plutôt optimiste. Car le système néolibéral est en déconfiture. Le projet de la gauche est d’actualité pour proposer une alternative. La gauche a son rôle à jouer et elle dispose de militants engagés.

Image radieuse
Auteur : hautatlas_14593
Date : le 22 janvier 2012 à 22h13

C'est une image radieuse d'un Maroc qui travaille, qui milite, qui agit et qui réagit. Meilleurs voeux de réussite Mme Mounib.
Félicitation Mme Mounib !
Auteur : Delpha
Date : le 16 janvier 2012 à 15h17
Félicitations à cette grande militante de la gauche marocaine et du combat féministe qu'est Mme Mounib !

Le chemin du PSU vers la reconnaissance est long et semé d'embuches. Mais la consécration de Mme Mounib a de quoi susciter l'espoir.
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