Les conciliabules en coulisse autour de l'avenir de l’USFP ont emergé dans les médias ces derniers jours. L'objectif étant de remettre le parti socialiste en position de locomotive d'une gauche dispersée et souffrante. S'il demeure plusieurs inconnus dans l'équation, la constante reste la volonté d'écarter Driss Lachgar, actuel secrétaire général du parti, pour espérer un éventuel renouveau.
«Dans un contexte politique très complexe et avec cette direction, je ne pense pas que le parti est en mesure de jouer ce rôle», nous confie sous couvert d’anonymat un ancien ministre socialiste. «Qu’il y ait réconciliation ou non, il faut reconnaitre que les Marocains ont perdu la confiance en cette direction de l’USFP», explique-t-il. Par ailleurs, il n’a pas exclu une résurrection du parti de la Rose avec le retour des cadres écartés depuis l’avènement de Driss Lachgar aux commandes.
Un optimisme mesuré accompagné de cette interrogation qui en dit long sur l'état d'esprit des militants : «la formation aura-t-elle suffisamment de temps pour reconquérir la confiance des Marocains alors que seulement deux années nous séparent des législatives de 2021 ?»
Le pari sur le PAM a échoué, place à l’USFP
Si le «titre» USFP à désormais la cote dans certains milieux c’est justement parce que le paysage politique national commence à ressembler à un vaste désert. Un vide menaçant même la continuité d’un «jeu démocratique», initié vers la fin de règne Hassan II, et qui est devenu tellement fade qu'il intéresse de moins en moins les Marocains. Le taux d’abstention enregistré lors des dernières élections législatives du 7 octobre 2016 (43%), est un signal fort du rejet par les citoyens.
La polarisation de l'échiquier politique tant souhaitée par feu le roi n’est plus d’actualité. Les frontières entre partis sont devenues si poreuses que les leaders politiques peuvent changer de couleurs sans que cela n'émeuve les électeurs. Une redéfinition d'un bloc de gauche pourrait conduire à donner plus de singularité aux positionnements des partis ainsi qu'à leurs programmes politiques.
Prudence dans les rangs de la gauche
Pour autant l'agitation qui entoure l'USFP ne permet pas pour le moment un élargissement des alliances entre les différentes composantes de la gauche marocaine. Mohammed Fares, coordinateur national du Parti Vert Marocain, se veut prudent : «Il ne nous faut plus conclure des alliances stratégiques mais des contrats sur des objectifs à réaliser. Une fois parvenus à parler le même langage avec la même grammaire, la question du leadership sera alors secondaire».
«Le débat sur l’unité et les chances de l’USFP de conduire la gauche est prématuré. Il faut d’abord qu’on se mette d’accord sur ce qu’on entend par la gauche. Les temps ont changé depuis l’époque de la 'la légitimité historique'. Maintenant nous avons besoin d'une gauche qui doit être porte-parole de la modernité, de la démocratie et des libertés individuelles.»
L'enjeu est donc important pour l’USFP comme pour l'ensemble de la gauche marocaine. Espèce menacée d'extinction ou phénix qui renaîtra de ses cendres ? La réponse sera connue au terme du prochain congrès avec l’élection de la direction du parti.