Après près de cinq heures d’attente, le verdict dans le cadre de l’affaire Hajar Raïssouni a été rendu en fin d’après-midi, ce lundi 30 septembre. La journaliste travaillant pour le quotidien hebdomadaire Akhbar Al Yaoum est ainsi condamnée à un an de prison ferme et 500 DH d’amende pour «débauche et avortement illégal», de même que son fiancé qui l’a accompagnée à la clinique, où le Parquet l’accuse d’avoir procédé à son IVG.
Pour sa part, le médecin traitant accusé d’avoir effectué l’intervention a été condamné à deux ans de prison ferme, 500 DH d’amende et une suspension de l’exercice de la médecine pendant deux ans. Quant à l’anesthésiste, il a écopé d’un an de prison avec sursis, tandis que l’assistante du praticien a été condamnée à huit mois avec sursis.
A peine la séance levée, la défense de la journaliste a affirmé à Yabiladi avoir l’intention d’interjeter appel le plus tôt possible et de continuer à étudier leur dépôt de plainte pour torture, considérant que la journaliste a elle-même déclaré au Parquet avoir subi «un examen intrusif forcé, sans même une anesthésie».
La défense compte interjeter appel
Parallèlement au déroulement de la séance ultime de ce lundi, des associations féministes et de défense des droits humains se sont une nouvelle fois données rendez-vous devant le tribunal de première instance de Rabat, espérant un acquittement de la journaliste qui n’aura finalement pas eu lieu.
«Ce procès n’étant plus en cours, je dis ouvertement aujourd’hui et sans réserve que ce procès, comme la peine infligée à Hajar, ont été irraisonnables de bout en bout et dénotent d’une grande irrationnalité, d’autant qu’il n’y avait pas de plaignant, pas de partie civile, donc aucune personne lésée dans ce que Hajar Raïssouni a fait ou n’a pas fait de sa vie personnelle.»
«D’un autre côté, cette décision de justice prouve -pour qui veut l’entendre- que malgré notre arsenal juridique et constitutionnel, les dispositions internationales n’ont pas la primauté, dans les faits. Si les textes internationaux avaient justement la primauté, ce procès aurait été considéré comme une violation des droits humains, conformément à l’esprit du Pacte économique, social et culturel (PIDESC) en termes de droits reproductifs, ainsi qu’aux exigences et recommandations de l’OMS dont le ministère public n’a pas tenu compte», ajoute Me Sadkou.