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Grand Angle

Huelva Gate : La justice refuse de réexaminer une des plaintes des saisonnières

Le réexamen de l'affaire des saisonnières marocaine par la cour d’instruction à Huelva sur le volet relatif aux violations des droits des travailleurs, n'a pas rempli ses promesses. Les saisonnières ont été déçues par le rejet de leur recours par le tribunal.

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Les dix saisonnières marocaines qui ont dénoncé les exploitations sexuelles présumées dont elles auraient été victimes à Huelva (Espagne). / Ph.DR
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En début de semaine, la Cour d'instruction numéro 1 de La Palma del Condado (Huelva), a rejeté la demande formulée par Belén Luján, avocate des saisonnières marocaines, dans le cadre de la plainte pour atteinte aux droits des travailleurs. La juge de ce tribunal a également informe l’avocate des saisonnières marocaines qu’elle dispose de cinq jours pour interjeter appel devant le Tribunal supérieur de justice d'Andalousie.

Contactée par Yabiladi, l’avocate Belén Luján a déploré que cette cour n’ait «pas envie d’entendre les saisonnières». «Elles ont déposé 20 plaintes pour dénoncer leurs conditions de travail. Trois recours ont déjà été classés sans suite alors que nous devons attendre octobre pour connaître le jugement dans les plaintes qui restent», nous explique-t-elle.

Concernant l’autre volet de l’affaire, relatif aux agressions sexuelles présumées, Belén Luján a indiqué qu’aucune date n’a été fixée pour connaître le verdict du juge.

Les saisonnières dans le désespoir

De son côté, l’une des dix saisonnières marocaines qui se trouvent toujours en Espagne depuis l’été 2018 nous a confié qu’elles avaient voyagé pendant «de longues heures» avant d’arriver au tribunal. «Malgré cela, la juge ne nous a même pas prêté attention. Elle ne s’adressait qu’à notre avocate et faisait comme si nous n’existions pas», déplore-t-elle.

«Nous n’avons pas vraiment eu notre droit de s’exprimer. Nous n’avons même pas eu droit à un interprète. C’était le chauffeur nous ayant emmenées au tribunal, un Marocain aussi, qui est venu finalement traduire comme il pouvait ce que disait l’avocate et la juge et ce que nous répondions aux deux.»

Une des saisonnières marocaines

D'une voix pleine de désespoir, notre interlocutrice affirme que les autres saisonnières sont «incertaines» quant aux issues de ces affaires qui s’annoncent marathoniennes, d’autant qu’elles se sont retrouvées seules et sans soutien.

C’est dans un appel de 121 pages, intitulé «Réforme et appel» et enregistré le mardi 4 septembre dernier, que la représentation légale des dix saisonnières marocaines a demandé, la semaine dernière, de réexaminer le dossier de l’affaire pour les crimes contre les droits des travailleurs. Le dossier, instruit par la Cour d'instruction numéro 1 de La Palma del Condado (Huelva), a été classé sans suite le 12 avril dernier.

Quelques mois auparavant, soit en décembre 2018, un collège du même tribunal d’instruction avait réagi de manière similaire pour la partie relative aux agressions sexuelles présumées de quatre des dix saisonnières marocaines. Les deux décisions ont été déboutées par la cour d’appel de Huelva en juin 2018 et un juge de l’Audience nationale.

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