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Grand Angle

Les relations maroco-iraniennes bénéficieraient-elles du limogeage de John Bolton ?

Les relations maroco-iraniennes bénéficieraient-elles du limogeage de John Bolton ? La nature des échanges politiques du royaume avec la république islamique a toujours été façonnée par le facteur étranger.

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Donald Trump et le désormais ex-conseiller à la sécurité nationale, John Bolton, limogé cette semaine. / Ph. Leah Millis - Reuters
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Moins de deux mois après la nomination de John Bolton en tant que conseiller à la sécurité des Etats-Unis, le 23 mars 2018, le Maroc annonçait le 1er mai, la rupture de ses relations diplomatiques avec l’Iran. Son départ serait-il annonciateur du début d’une nouvelle normalisation entre Rabat et Téhéran ?

Si à Rabat, l’heure est plutôt à l’expectative, à Washington et après le limogeage de Bolton, Donal Trump commence à modérer ses propos envers la république islamique. Son ton martial et belliqueux a laissé place à une invitation au compromis. «Je pense que l'Iran a un énorme potentiel. Nous espérons pouvoir aboutir à un accord» a déclaré jeudi le président américain à la presse.

Interrogé sur une éventuelle rencontre avec Hassan Rohani, en marge de la prochaine session de l’Assemblée générale de l’ONU, Donal Trump a déclaré que «tout est possible». «Je peux vous dire que l'Iran veut une rencontre», rapporte la presse internationale.

Le facteur étranger

Il est encore prématuré de parler d’un réel changement de la politique iranienne des Etats-Unis et de son éventuel impact sur le Maroc. Néanmoins, il est lieu de noter que le facteur étranger a toujours joué un rôle capital dans le façonnement des relations maroco-iraniennes.  

Sous le règne de Hassan II, la première rupture était la conséquence logique des années de proximité avec le Shah Mohammad Reza Pahlavi et ensuite du soutien direct et assumé du Maroc à l’Irak de Saddam Hussein dans sa guerre contre l’Iran. Deux éléments auxquels s’est greffée la reconnaissance par le régime d’Al Khomeiny de la «RASD», ayant largement contribué à éloigner les deux capitales.

En mars 2009, c’est un autre élément étranger, à savoir la défense de «la souveraineté territoriale du Bahreïn», qui avait été avancé par les autorités marocaines pour expliquer la deuxième rupture.

Cinq ans plus tard, le contexte international a évolué. L’arrivée de Barak Obama à la Maison blanche a changé certaines règles du jeu. Libéré de la politique de ses prédécesseurs, il a tendu la main à l’Iran, encouragé en cela par l’élection en août 2013 d’un «réformiste», Hassan Rohani, président de la république iranienne. Le Maroc allait vite s’inscrire dans «ce nouveau ordre régional» qui était en train d’émerger.

La présentation, en février 2014, de la première Constitution de la Tunisie post-Ben Ali, allait permettre au prince Moulay Rachid de rencontrer Ali Larijani, président du Parlement iranien. Le fil du contact est ainsi renoué après cinq ans de rupture et sera suivie par une communication téléphonique entre les deux ministres des Affaires étrangères. La reprise s’est aussi confirmée avec la nomination de Mohamed Taghi Moayed comme ambassadeur iranien à Rabat. D’ailleurs, il présenta, le 18 juin 2016, ses lettres de créances au roi Mohammed VI. Le Maroc fera de même : en octobre de la même année, le souverain désigne Hassan Hami au poste d’ambassadeur du Maroc à Téhéran.

Toutefois l’«embellie» était de courte durée. La victoire surprise de Donal Trump aux Présidentielles américaines de novembre 2016 et surtout la nomination de John Bolton, mars 2018, comme conseiller à la sécurité nationale avaient précipité la fermeture de cette parenthèse. Une parenthèse qui a, pourtant, pu résister aux tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite.

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