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Grand Angle

Rabat : Devant le tribunal, mobilisation de la société civile en soutien à Hajar Raïssouni

Le tribunal de première instance de Rabat a fixé une nouvelle date d’audience de la journaliste Hajar Raissouni au 16 septembre prochain. En attendant, elle restera en détention préventive, malgré les requêtes de sa défense, rejetée ce lundi soir.

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Sit-in devant le tribunal de première instance à Rabat / Ph. Twitter
Temps de lecture: 3'

Lundi aux portes du tribunal de première instance de Rabat, plus d’une centaine d’acteurs associatifs et de journalistes se sont retrouvés à l’heure du début de l’audience de Hajar Raissouni, pour appeler à sa remise en liberté et dénoncer les poursuites à son encontre. En dépit de cette mobilisation, plus importante que lors de précédents procès de journalistes, la jeune femme travaillant pour le quotidien arabophone Akhbar Al Yaoum reste en détention préventive, soupçonnée de «débauche» et d’«avortement illégal».

Constitués d’organisations féministes, de défense des droits humains et d’associations de journalistes, les manifestants sur place ont ainsi dénoncé l’utilisation détournée de dispositions légales pour contraindre la liberté d’expression. Abdelilah Ben Abdeslam, coordinateur de la Coalition marocaine des organisation des droits humains et membre de l’Association marocaine des droits humains (AMDH), déplore «assister à une flambée des usages liberticides des lois pour viser le travail d’acteurs associatif et de journalistes».

Pour lui, «cela traduit une régression en termes de droits de manière globale, notamment les droits sociaux et les libertés, qu’elles soient collectives ou individuelles». Dans ce sens, le militant estime que la solidarité sur le terrain est nécessaire. «Les journalistes contribuent à insuffler une culture des droits humains au sein de la société et à ce titre, ils rejoignent les acteurs associatifs ou syndicaux pour l’avènement d’un Etat progressiste», souligne-t-il.

Sauf que ces acteurs «sont dans le viseur à travers des dossiers judiciaires, où l’Etat cherche à faire taire des voix dès que celles-ci atteignent un degré de dissonance qu’il considère gênante», déplore Abdelilah Ben Abdeslam. 

Un appel à la mobilisation pour garantir les droits et libertés

Abdelilah Ben Abdeslam croit en l’élan la mobilisation sur le terrain pour mettre fin aux usages détournés  des lois contre les journalistes. Pour lui, «plus la solidarité s’élargit au sein des différentes composantes de la société, plus nous pouvons constituer un moyen de pression positive pour que l’Etat se tienne au respect de ses engagements internationaux et constitutionnels en termes de protection des droits et des libertés».

«Tôt ou tard, cela pemettra la remise en liberté de Hajar Raissouni et l’abandon des poursuites, ouvrant ainsi la voie à un règlement équitable des autres affaires ayant visé des journalistes et des militants», affirme le militant.

Au sein des associations de défense des droits humains, des ONG féministes ont également pris part à ce rassemblement. Badia Reghay, membre du bureau de l’Association marocaine de lutte contre l’avortement clandestin (AMLAC), en fait partie. En plus de la dimension politique du procès, elle considère que cette affaire rappelle l’impératif de faire respecter le principe de la santé des femmes lorsqu’elles recourent à l’interruption volontaire de la grossesse (IVG).

«Nous prônons la dépénalisation de l’avortement depuis plusieurs années, notamment pour que cet alibi ne soit plus utilisé contre les femmes qui recourent volontairement à cette pratique, et pour qu’elles bénéficient de l’accompagnement médical nécessaire.»

Badia Reghay - AMLAC

«Quatre ans après la constitution du comité qui a travaillé sur un projet de loi dans ce sens, nous avons rappelé, depuis juillet dernier, l’impératif de passer à un autre stade de mise en œuvre, en défense de la dignité et de la santé des femmes», souligne Badia Reghay. 

«Cette affaire arrive dans ce contexte, nous signifiant que cette arrestation abusive n’a pas à avoir lieu et surtout pour les motifs que nous lui connaissons», fustige-t-elle en exprimant sa solidarité avec la journaliste et en appelant au respect de son intégrité physique et morale.

Article modifié le 09/09/2019 à 23h02

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