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Grand Angle

Le Maroc, bientôt la principale alternative à la pénurie mondiale des «engrais phosphatés»

Une étude de Frontiers of Agricultural Science and Engineering a mis en garde contre une «crise imminente» de l’approvisionnement continu en engrais phosphatés dans le monde. Si la Chine la Russie, l'Inde, et les Etats-Unis n'ont que 20 à 30 ans de réserves, le Maroc qui produit annuellement 33 millions de tonnes, semble épargné par la pénurie à venir.

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Un engin dans la mine de Phosboucraâ située au Sahara. / Ph. OCP
Temps de lecture: 2'

«L'approvisionnement continu en engrais phosphatés à la base de la production alimentaire mondiale est une crise imminente», affirme une étude publiée dans la revue Frontiers of Agricultural Science and Engineering et évoquée la semaine dernière par The Guardian.

Ses rédacteurs estiment que les gisements de phosphate naturel dont dépend le monde sont non seulement limités, mais peuvent être soit contaminés, soit situés dans des zones géopolitiquement instables, ce qui signifie que des changements fondamentaux devront être apportés afin de maintenir la production alimentaire pour une population mondiale croissante.

L’étude note que l'estimation de l'offre restante de phosphate naturel au cours des dernières années est tombée de 300 à 259 ans en seulement trois ans, alors que la demande a augmenté. «Si le chiffre estimatif restant d’approvisionnements continue de diminuer à ce rythme, on pourrait affirmer que tous les approvisionnements seront épuisés d’ici 2040», écrivent les scientifiques.

Rappelant que la production alimentaire mondiale dépend fortement des engrais à base de phosphore issus de la transformation du phosphate naturel aujourd’hui, bien que ces dépôts se trouvent dans un nombre limité de sites dans le monde, l’étude note que les plus grands gisements de phosphate naturel se trouvent au Maroc avec environ 50 milliards de tonnes de phosphate naturel disponibles. Même s'il est assis sur les plus grandes réserves, en 2018, le royaume n'a produit que 33 millions de tonnes de ce minerai, tandis que la Chine, disposant des deuxièmes plus grandes réserves connues (3,3 milliards de tonnes) est le plus grand producteur avec 140 millions de tonnes.

Le plus grand gisement de phosphate naturel craint-t-il l’épuisement ?

De ce fait, la Chine, qui reste le plus gros producteur de phosphate naturel (sans exportation), ne dispose que de 24 années d'approvisionnement avec ses taux de production actuels. Ce constat alarmant s’applique aussi à plusieurs pays comme l'Inde (29 ans d'approvisionnement), les États-Unis (36 ans), et la Russie (29 ans).

Quant au Maroc, avec les taux de productions actuels, il dispose encore de 1515 ans d’approvisionnement. C’est presque la même chose que son voisin, l’Algérie qui, avec une production annuelle de 1 million de tonnes et des gisements de 2,2 milliards de tonnes, dispose encore de 1 692 ans d’approvisionnement.

Bien que le scénario d’un épuisement d’ici 2040 reste improbable, l’étude met en exergue le fait que la demande subit des modifications importantes. Ainsi, de manière imminente, des changements fondamentaux dans le commerce mondial du phosphore, son utilisation et ses efforts de recyclage seront nécessaires pour garantir sa disponibilité. Un constat «particulièrement pertinent en Chine, en Inde et aux États-Unis, les trois pays les plus peuplés de la planète, qui dépendent du phosphate naturel pour nourrir leur population», affirme l’étude.

Frontiers of Agricultural Science and Engineering ne manque pas de rappeler qu’outre le Maroc, les autres pays disposant de gisements importants, comme la Syrie, la Jordanie et l’Algérie, restent «situés dans des zones d'instabilité politique récente».

Ainsi, les scientifiques suggèrent une «combinaison d’approches en matière de gestion du phosphore non seulement pour prolonger la durée de vie des réserves restantes de phosphate naturel non renouvelable, mais également pour rendre le cycle du phosphore plus efficace et durable». «La disponibilité future d’engrais phosphorés est l’un des problèmes les plus critiques liés à la sécurité alimentaire mondiale et à l’intensification durable de l’agriculture nécessaire à sa réalisation», concluent-ils.

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