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Grand Angle

Maroc : Plusieurs personnalités et organisations expriment leur soutien à la journaliste Hajar Raissouni

Depuis le début de semaine, plusieurs personnalités comme l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ou encore le prince Moulay Hicham, ainsi que certaines organisations expriment leur soutien à Hajar Raissouni. Arrêtée samedi à Rabat, la journaliste d’Akhbar Alyaoum est accusée d’avortement illégal même si une expertise délivrée par le CHU de Rabat affirme le contraire.

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La journaliste marocaine Hajar Raissouni a été arrêtée samedi à Rabat, sur fond d'accusation d'avortement. / Ph. DR
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De nombreux Marocains ont choisi les réseaux sociaux pour exprimer leur solidarité avec la journaliste d’Akhbar Alyaoum, Hajar Raissouni, interpellée samedi par la police sur fond de soupçons de «débauche» et d’«avortement illégal». Depuis le début de cette semaine, plusieurs associations professionnelles et de défense des droits de l’Homme ont exprimé leur solidarité avec la journaliste, dénonçant la campagne de diffamation dont elle est victime, de la part de certains supports médiatiques.

Ainsi, le Forum marocain des jeunes journalistes (FMJJ) a publié hier un communiqué condamnant «la diffamation dont a été victime la journaliste Hajar Raissouni qui touche sa vie privée» par certains supports médiatiques «ne respectant pas l'éthique journalistique».

Le Forum a affirmé qu’il «s'aligne au côté de toutes les forces vives et les organisations de défense des droits civils et humains, défendant l'inviolabilité de la vie privée des citoyennes et des citoyens, ainsi que les libertés individuelles sous toutes leurs formes, sans aucune distinction».

Plusieurs organisations dénoncent une arrestation «arbitraire» et «injustifiée»

De son côté, le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a publié ce mercredi un communiqué pour affirmer «suivre avec beaucoup d'intérêt l’affaire de l'arrestation de Hajar Raissouni» et se déclarer «profondément préoccupé».

Le bureau exécutif du SNPM a par ailleurs condamné «la campagne de diffamation malveillante et non éthique» contre la journaliste et a annoncé qu’il mandate un avocat «pour examiner cette affaire et préparer un rapport sur le sujet». Et de promettre de «suivre tous les développements qui s'y rapportent pour traiter ce cas avec responsabilité et veiller à fournir toutes les garanties et les conditions d'un procès équitable».

Pour sa part, l'Organisation pour la liberté et l'expression des médias (Hatem) a qualifié l'arrestation de la journaliste Hajar Al Raissouni d’«injuste». Sur la page Facebook de l’association, celle-ci a dénoncé une «atteinte à la liberté de la journaliste et à la liberté de la presse».

La Ligue marocaine pour la citoyenneté et les droits de l’Homme a, elle aussi, publié un communiqué où elle exprime sa «solidarité inconditionnelle» avec la journaliste d’Akhbar Alyaoum en fustigeant l’atteinte à sa vie privée et le maintien de sa détention alors que toutes les garanties étaient présentes afin de la poursuivre en état de liberté provisoire».

Réagissant aussi à cette affaire, la Fédération de la Ligue démocratique des droits des femmes (FLDDF) a exprimé sa «solidarité absolue» avec la journaliste, exigeant «la fin de la campagne de diffamation la visant» qui «porte atteinte à sa réputation», ainsi que «le respect de son état de santé». Dans un communiqué, la FLDDF appelle à «libérer tout le monde» dans le cadre de cette affaire. Profitant de cette affaire, la FLDDF appelle à «mettre fin aux lois discriminatoires et injustes et à aligner réellement le débat sur ces questions conformément à l’évolution de la société et des relations humaines». Elle tient pour responsable «le Parlement avec ses différentes composantes qui n’a pas élaboré un système pénal qui protège les femmes contre la discrimination et la violence, ainsi que leur dignité et leurs droits».

De son côté, l’Association marocaine des droits de l’Homme (AMDH) s’apprête, elle aussi, à rejoindre les voix dénonçant l’arrestation de la journaliste. Jointe ce mercredi par Yabiladi, Khadija Riyadi, membre du bureau exécutif de l’AMDH affirme que l’association «considère que cette arrestation vise Hajar en raison de son travail journalistique». «Nous dénonçons la manière de son arrestation et l’espionnage visant sa vie privée», ajoute l’ancienne présidente de l’AMDH.

«Nous considérons que l'accusation d'avortement n'est qu'une excuse pour mettre Hajar en prison à cause de son travail journalistique et pour faire pression sur son environnement perturbant, en particulier le journaliste Slimane Raissouni. La cible derrière tout cela est certainement leur travail et de leurs positions.»

Khadija Riyadi

La journaliste visée pour ses articles de presse ?

La militante associative dit aussi «déplorer le fait que les femmes soient poursuivies parce qu'elles ont recours à la suspension volontaire de grossesse car cela s'inscrit dans le cadre de la liberté individuelle des femmes». «Après la publication de l’expertise médicale, la détention de Hajar et des autres personnes devient arbitraire et injustifiée et doivent donc être libérées immédiatement», poursuit Khadija Riyadi.

Et de critiquer le fait que la journaliste d’Akhbar Alyaoum aurait été interdite de communiquer avec son avocat après son arrestation. «C’est une atteinte aux conditions d’un procès équitable car le procès commence dès l’arrestation», rappelle la militante associative.

Plusieurs personnalités et activistes ont exprimé, eux aussi, leur solidarité avec la journaliste à l’image du prince Moulay Hicham, l’ancien chef du gouvernement Abdelilah Benkirane ainsi que l’historien et professeur universitaire Maati Mounjib ou l’ex-salafiste Abdelouahab Rafiki alias Abou Hafs.

La jeune journaliste a été arrêtée samedi dans la rue à sa sortie d’une clinique médicale à Rabat, avec son fiancé de nationalité soudanaise, son médecin et les deux assistants de ce dernier. Ils ont été mis en détention provisoire à la prison d’El Arjat sur décision du procureur du roi en attendant qu’ils soient jugés le 9 septembre pour «débauche», «d'avortement illégal» et de «participation à un avortement illégal».

Des accusations pour partie contredites par une expertise médicale effectuée à l'hôpital universitaire Ibn Sina de Rabat à la demande du ministère public. «Elle n’a pas fait d’avortement et l’homme arrêté est son mari, selon les témoins et la fatiha ; les formalités pour le mariage devant avoir lieu le 14 septembre prochain», nous déclare son avocat Saad Sahli, joint ce mercredi. «La journaliste clame son innocence et estime qu’elle est visée suite à ses articles de presse», affirme-t-il en conclusion. 

Article modifié le 05/09/2019 à 18h48

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