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Les Marocains et les inondations, histoire de traumatismes récurrents

Les drames d’aujourd’hui rappellent les cauchemars d’autrefois. Le Maroc a connu plusieurs inondations mortelles, dont une vingtaine survenue depuis 1995. Histoire.

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Photo d'illustration. / DR
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Cette semaine, la crue d’un Oued a submergé un terrain de football, et fait au moins sept morts, mercredi 28 août, dans le village de Tizirt, situé dans la commune Imi N'Tayart (District d'Ighrem, province de Taroudant). Alors que les recherches de survivants se poursuivent depuis mercredi soir, le douar a inhumé hier ses victimes.

Ce vendredi encore, la Direction de la météorologie nationale (DMN) a annoncé dans un bulletin météorologique spécial, que les province de Taroudant, tout comme celle d'Al Haouz, Tata, Ouarzazate, Chichaoua, Azilal, Midelt, Tinghir, Zagora, Errachidia, Figuig, Boulmane, Smara, Boujdour, Laayoune (intérieur), Oued eddahab, Aousserd et les reliefs relevant de Tiznit, Chtouka ait baha, Sidi Ifni et de Guelmim sont concernées par des averses orageuses localement fortes, de niveau orange.

Le drame Tizirt, largement médiatisée et dont les photos et les vidéos de moments insupportables vécus par ces Marocains, rappelle d’autres inondations mortelles survenues au Maroc bien avant l’indépendance.

Des océans de boue au fil des années

L’une des tristement mémorables inondations que l’histoire du Maroc retient est celui du 25 septembre 1950. Cette année «l’Oued Agay déboulait à toute vitesse» sur Sefrou, rappelle nos confrères de Zamane dans un article publié en mai dernier : «La lame atteint six mètres de hauteur et tue plus d’une centaine de personnes.»

Un document de la Direction de la surveillance et de la prévention des risques du secrétariat d’Etat chargé de l’Eau évoque 100 morts.  Le drame est évoquée aussi dans une publication du Colloque culturelle de Sefrou, datant de mai 2012, qui souligne notamment le choc de la population, le déplacement du sultan Mohammed Ben Youssef sur place ainsi que l’élan de solidarité au Maroc encore sous protectorat.

«Nous habitions une maison au bord de l’oued, au niveau (mais en amont) du pont d’entrée à Sefrou en venant de Fès, près des escaliers du diable (Drijat Iblis) : l’eau est montée jusqu’au 1er étage de notre maison», relate un témoignage publié en ligne.

Une habitation détruite par l'oued Ourika en 1995. / Ph. DRUne habitation détruite par l'oued Ourika en 1995. / Ph. DR

Six ans plus tard, soit en 1956, c’est l’Oued Tensift qui provoque «plusieurs pertes en vie humaines», dont le nombre n’a pas été définis, au quartier Sidi Youssef Ben Ali de Marrakech à causes des crues, rapporte un document de l’Agence du bassin hydraulique du Tensift.

Le 23 mai 1963, c’est autour du fleuve de la Moulouya de s’agiter, emportant tout sur son chemin de la jonction du massif du Moyen et du Haut Atlas jusqu’à la Méditerranée. Si le nombre des victimes n’est pas connu, la crue a provoqué la «destruction de l’assise de la rive gauche du barrage Mohammed V», comme le rapporte le document de la Direction de la surveillance et de la prévention des risques.

Le 5 novembre 1965, la vallée du Ziz est dévastée par les crues notamment de l’Oued Ziz, avec un «débit de pointe de 7200 m3 par seconde et un volume de 570 millions de m3», ce qui laissera 25 000 personnes sans abri. On ignore aussi combien de morts ou de pertes provoquées par ce drame.

L’histoire retiendra également plusieurs cas d’inondations ayant touché le Maroc dans les années 1970 et 1980 mais peu documentées. Puis, dans les années, dès janvier 1990, plusieurs drames se succèdent. Les crues du coléreux Oued Tensift, qui prend sa source dans le Haut Atlas et se jettant dans l'océan Atlantique, entre Safi et Essaouira, inonderont ce mois-là, 530 hectares de terres agricoles, provoquant au passage la mort de quatre personnes et une vingtaine de blessés.

Image d'illustration. / DRImage d'illustration. / DR

De l’Oued Ourika au village de Tizirt à Taroudant

Cinq ans plus tard, l’une des catastrophes naturelles les plus meurtrières se produira. Avant les inondations de l’Oued Ourika, près de Marrakech, plusieurs événements se déroulent la même année, comme notamment la crue de 1995 de l’oued Zat (l’un des affluents de l’Oued Tensift) près d’Ait Ourir. Elle provoquera «11 morts tués par des apports de débris de Chaâbat tighadouine», «22 maisons détruites», «2 982 têtes de bétail mortes et 3 700 ha de terrain agricoles inondés», raconte-t-on.

Le 17 août 1995, le drame se produit dans la vallée de l’Ourika lorsque la crue de l’oued portant le même nom, lui aussi un affluent de Tensift, emporte 730 personnes. «Sitti Fadma, dernier bourg au pied de la montagne, jusqu'à Souk Tnine Ourika, autant dire à une trentaine de kilomètres en aval, dévalant des contreforts du Haut Atlas, des blocs de rochers, arracha des arbres et emporta sur sa lancée hommes et animaux, bétail, et végétation. Les voitures des estivants furent réduites à l'état de carcasses et l'excursion se transforma pour eux en cauchemar», raconte un article du journal Le Matin

Quelques jours après, c’est à Oued Amlil, dans la province de Taza que la crue d’Oued Abiod provoquera 43 morts, selon la Direction de la surveillance et de la prévention des risques du secrétariat d’Etat chargé de l’Eau.

Deux ans plus tard, les inondations que connaîtront les villes d’El Hajeb, Taza et Khénifra feront 60 morts. En 1999, l’oued R’dat (affluent d’Oued Tensift) au village Algu, qui «connaît au moins une crue par an», emporte six personnes en détruisant au passage plusieurs maisons.

L’année 2003 enregistrera aussi des inondations catastrophiques dans plusieurs villes telles que Mohammedia et dans le Rif. Et les pertes humaines se poursuivront : En 2008, les inondations feront sept victimes à Errachidia, Midelt, Boulemane et Fès. La même année, dans la région de Nador, 11 personnes perdront la vie dans des «pluies torrentielles et un océan de boue», de l’oued Kirt.

En novembre 2014, 47 morts périssent dans des intempéries et des inondations dans le sud marocain, notamment à Sidi Ifni. Cette année-là, plus de 23 000 maisons ont été endommagées.

Deux ans plus tard, six morts et deux personnes portées disparues a été le bilan d’inondations à Taroudant et Ouarzazate. Quatre personnes d’une même famille seront aussi portés disparues suite aux inondations de l’Oued Oughri situé à Ouled Berhil près de Taroudant, le même mois

Un drame qui sera notamment suivi par celui survenu cette semaine dans le village de Tizirt, où sept personnes sont mortes.

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