Menu

Grand Angle

Gouvernement Benkirane : Les attentes des journalistes marocains

Réforme du code de la presse, la loi sur la presse électronique, une meilleure distribution des aides étatiques, telles sont les principales doléances des «confrères» et «amis» de Mustapha El Khalfi, nouveau ministre de la Communication. Les journalistes marocains espèrent aussi avoir beaucoup plus de liberté que durant les quatre dernières années et attendent «un geste fort» du nouveau gouvernement : la libération de Rachid Niny.

Publié
DR
Temps de lecture: 3'

«Le secteur de la presse a connu des acquis sur le plan des libertés. C’est à nous de les renforcer». Réaction à chaud du tout nouveau ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, après la nomination du cabinet Benkirane, ce mardi 3 janvier. Pour celui qui était jusque-là directeur de publication du quotidien Attajdid, porte-voix du PJD, le Maroc «a besoin d’une presse démocratique, libre et responsable» car telles sont des «orientations de la nouvelle constitution… qui invite le gouvernement à élargir le champ des libertés de la presse, de la soutenir, d’œuvrer pour une nouvelle loi sur l’accès à l’information et mettre en place une instance indépendante en charge des affaires de la presse». L’intention est bonne, mais sera-t-elle concrétisée pour répondre aux attentes des journalistes marocains ?

Code de la presse

Si Ali Anouzla, responsable du site Lakome.com «n’attend pas beaucoup de choses du nouveau gouvernement», Karim Boukhari de Tel Quel, qui «connai[t] bien le nouveau ministre», considéré «comme un ami», «espère» que Mustapha El Khalfi se rappellera de leur «cause commune» à la FMEJ (Fédération marocaine des éditeurs de journaux) où ils ont partagé «le même souci : réformer le code de la presse, pour l’expurger des peines privatives de liberté». Ce souhait exprime en effet la principale attente des journalistes au Maroc : la réforme du code la presse.

«Il faut éclaircir le champ des libertés», lance Khalid Trikti, président du balbutiant Cercle des Journalistes Indépendants (CJI), créé en avril dernier 2011. «Actuellement, nous exerçons dans le flou. Dès fois ça passe mais parfois on nous tombe dessus. Il faut que le texte soit plus clair et précis». El Khalfi en est certainement conscient, comme il doit l’être en ce qui concerne «la réorganisation du secteur de la presse, y compris au niveau des subventions publiques». Car là aussi, l’octroi et la répartition «sont souvent hasardeux» fustige Karim Boukhari.

Cadrer le web…

La presse en ligne qui exige plus de transparence dans ce partage, demande en outre, à avoir sa part du gâteau. «Pourquoi ne pas accorder la subvention à la presse électronique aussi ?» s’interroge Anouzla, appuyé par Tritki, qui rappelle que la presse «paie à l’Etat plus qu’elle ne reçoit de subventions. Le minimum est que les aides soient égales aux impôts». Les professionnels de l’information appellent également à beaucoup plus de transparence dans l’attribution de la carte de presse, à défaut de la supprimer. «Dans les pays démocratiques, les journalistes n’ont même pas besoin de la carte presse», place Anouzla.

L’un des plus grands chantiers d’El Khalfi c’est incontestablement le «cadrage de la presse électronique», «là où tout se passe» selon Mohamed Douyeb, rédacteur en chef des Echos.ma. La loi sur la presse en ligne se fait attendre alors que les professionnels s’impatientent. Ali Anouzla de Lakome.com s’interroge toutefois : «cette loi servira-t-elle à organiser le secteur ou à nous mettre les bâtons dans les roues ?» Attendons de voir ce qu’elle sera, ainsi que celle sur la «réforme de l’audiovisuel qui s’avère nécessaire», selon Douyeb.

… libérer Niny

 «Le nouveau ministre de la Communication a du pain sur la planche», ajoute le red-chef aux Echos. «Il faut rassurer les professionnels et les investisseurs. Il nous faut voir un geste fort dans les 100 premiers jours». Ce «geste fort», à en croire Karim Boukhari, Khalid Trikti, et la quasi-totalité des journalistes, ne doit être rien d’autre que «la libération de Rachid Niny». La liberté des journalistes doit constituer «le premier objectif et le premier chantier», selon les confrères «Et tant qu'un journaliste comme Rachid Niny est injustement jeté en prison, je continuerai de douter de la bonne foi de nos gouvernants, même quand ils sont +amis +», conclut Karim Boukhari, qui continue d’espérer que son «ami» El Khalfi l’entendra.

Soyez le premier à donner votre avis...
Emission spécial MRE
2m Radio + Yabiladi.com