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Grand Angle

Maroc : Mouad Amentague panse les plaies de la société à travers le graphisme

Né à Imintatoute, le jeune Mouad Amentague se sert du graphisme pour dénoncer les stigmates du consumérisme au sein de la société marocaine, tel un pansement aux plaies de certains phénomènes observés dans son environnement. Portrait.

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Mouad Amentague, graphic designer / Ph. DR.
Temps de lecture: 3'

Du haut de ses 25 ans, Mouad Amentague est né dans la province de Chichaoua (près de Marrakech), au sein d’une famille composée de sept frères et sœurs. Après ses études secondaires effectuées à Agadir, il part continuer son cursus universitaire dans la cité ocre, où il suit une formation professionnelle en en électromécanique.

A partir de 2015, Mouad Amentague change de cap pour évoluer dans le monde du graphisme et de la communication visuelle, en intégrant une école privée. Il estime que ce choix a été «plus adéquat» à sa personnalité et à sa manière de voir les choses, comme il l’a confié à Yabiladi dans un entretien.

En effet, sa passion pour ce domaine l’a poussé à s’armer de persévérance, assez pour obtenir son diplôme et se distinguer sur le marché du travail par une touche personnelle qui lui est propre.

De magnifiques ambitions qui font faire les belles choses

Mouad Amentague fait partie de ces jeunes créateurs graphiques qui ne cherchent pas seulement à se frayer un chemin dans le monde du travail, en quête de sécurité de l’emploi. C’est pourquoi, il ne s’est pas contenté uniquement de son diplôme en se contentant de vivre de la première opportunité de travail qui s’est offerte à lui.

Après son diplôme, il a décidé de multiplier les formations sur le terrain pendant deux ans, ce qui l’a aidé à acquérir plus rapidement une expérience solide en renforçant ses capacités et sa créativité, ce qui lui a d’ailleurs facilité l’accès à un emploi stable en 2017.

Pour que sa flamme créative ne s’éteigne pas au fil des années passées en entreprise et par l’usure de la routine quotidienne, Mouad Amentague s’est imposer de trouver du temps pour concevoir ses créations à lui, en dehors de ses horaires de travail. Ceci l’a conduit à concevoir plusieurs créations d’images en 3D, qu’il partage sur les réseaux sociaux. Pour lui, ces graphismes lui servent de «moyen d’expression artistique, en portant un regard personnel sur plusieurs problèmes que l’on connaît au sein de notre société marocaine».

Création : Mouad AmentagueCréation : Mouad Amentague

Dans ce sens il confie à Yabiladi avoir «toujours été fasciné par les films et les publicités en 3D, dans lesquels leurs créateurs tentent de transmettre un message ou une idée ciblée et parviennent très souvent à cet objectif». «Cela m’a encouragé à faire de même, mais avec mon propre style», nous explique-t-il, ajoutant s’être notamment intéressé à la problématique du viol des mineures et la perception que porte sur elles leur entourage.

Chacune de ces créations nécessite une semaine de travail en moyenne, nous explique encore Mouad Amentague, soulignant que dans ce processus, il n’hésite pas à consulter ses collègues et amis proches pour d’éventuels conseils, des remarques ou même des critiques lui servant à améliorer son rendu.

L’art comme un catalyseur de l’évolution sociale

A l’approche de l’Aïd al-Adha, l’artiste a innové une création invitant les Marocains à plus de solidarité et à aider les plus démunis. Par ailleurs, il est en train de préparer un court-métrage 3D intitulé «Bilan», malgré quelques difficultés qui rendent difficile sa production. A travers un personnage qui traverse plusieurs situations, cette œuvre traite en tout cas du chômage, de l’accès aux services de santé et de l’éducation, entre autres droits sociaux.

Malgré les obstacles, Mouad Amentague a le sens du challenge et ne recule face à aucun défi. Son ambition finit toujours par triompher, lui permettant notamment de collaborer de plus en plus avec d’autres artistes, comme Manal Benchelikha lors du festival Mawazine pour la conception d’effets visuels des grands écrans de scènes. Il a également travaillé avec le rappeur Koumi, ou encore le chanteur Hatim Amor.

Création : Mouad AmentagueCréation : Mouad Amentague

Ses origines aussi font toute sa fierté. «Percer ainsi en venant d’une région comme celle d’Imintanoute est une manière de déconstruire l’idée reçue qu’on a encore sur les jeunes issus de villages reculés», nous affirme-t-il en soulignant sa satisfaction d’être ce qu’il est aujourd’hui et son ambition de continuer à évoluer et à porter des messages nobles, à contre-courant de «la célébrité facilement accessible à travers le buzz».

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