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Grand Angle

Maroc : Le badbuzz contrebalancé par la solidarité avec les bénévoles belges

Un groupe de jeunes bénévoles belges, majoritairement des filles, s’est rendu à Tadoudant pour prendre part à la construction d’une route rurale, dans le cadre des activités de l’ONG belge Bouworde. Un badbuzz a tenté de détendre sur ce séjour, mais une campagne est lancée sur les réseaux sociaux pour y répondre.

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Photo d'illustration / Ph. DR.
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Accueillies chaleureusement à Adar Ouaman (province de Taroudant) il y a quelques jours, des bénévoles belges ont participé à la construction d’une route rurale après une réception organisée par l’imam du village. Elles se sont également rendues à Marrakech et à Essaouira, exprimant leur joie d’être sur place, entourée de la bienveillance de la population locale. Cela n’a pourtant pas empêché que les associatives soient prises pour cible dans un badbuzz sur les réseaux sociaux.

Alimenté par les propos tenus par un enseignant à Ksar El Kébir et ceux du député PJDiste Ali El Asri, mettant en cause la tenue des volontaires lors des travaux sur la route (un short et un t-shirt), ce dénigrement a fait tâche d’huile. Il semble avoir détendu également sur le séjour des concernées, qui ont dit jusque-là ne garder que de bonnes impressions de ce voyage, comme elles en ont fait part au site arabophone Al3omk.

Préoccupation chez les familles des bénévoles 

Face aux attaques des deux hommes et surtout à leur relais sur les réseaux sociaux, les familles des concernées s’inquiètent en effet. Cette préoccupation se ressent aussi chez l’association ASBL flamande Bouworde dans le cadre de laquelle ce voyage a été entrepris.

Ainsi, une source proche de l'ONG belge explique à Yabiladi que «l’association reçoit un grand nombre d’appels des parents et des proches de volontaires parties au Maroc, car ils s’inquiètent sur leur sécurité après le commentaires les ayant prises à partie sur les réseaux sociaux et les déclarations du député». Par souci de ne pas alimenter la machine à buzz en attendant que «l’ouragan passe», l’ONG a donc préféré rester en retrait des déclarations faites de part et d’autre, nous explique encore notre source.

Cela n’empêche que certaines familles préconisent que leurs enfance raccourcissent désormais leur séjour au Maroc, même que le ministère belge des Affaires étrangères aurait émis un avis, sur la base duquel a été «suspendue, dans le cadre de cette coopération, toute activité au Maroc», rapporte le quotidien belge néerlandophone Nieuwsblad en citant l'association. Le média indique même qu’au moins trois jeunes bénévoles ont décidé de rentrer plus tôt que prévu en Belgique, après consultation avec leurs parents.

«Il est très regrettable que le positivisme de nos jeunes soit contrecarré sur Facebook par un seul homme. Tout le monde est déçu», a confié à la même source la porte-parole de l’ASBL, Karen Heylighen. Plus tôt dans la journée, l’agence de presse Belga a indiqué que l'ONG se réunissait ce mercredi pour déterminer si le programme organisé au Maroc doit être adapté en fonction du développement des événements. «Trente-cinq jeunes partent le week-end prochain dans la même région et des parents nous ont fait part de leur inquiétude», a affirmé Karen Heylighen, aux médias belges.

Contrer le badbuzz par un hashtag

Avant les initiatives sur les réseaux sociaux, les réactions sur le terrain n’ont pas tardé à suivre. En effet, l’enseignant ayant proféré des menaces de mort à l’encontre des bénévoles a été arrêté pour apologie au terrorisme et incitation à la violence. Par ailleurs, les appels se multiplient pour que le député Ali El Asri soit lui aussi interpelé et questionné sur ses propos. Celui-ci est allé jusqu’à adresser une question écrite au ministre de l’Intérieur, mettant en doute les objectifs de la présence des bénévoles sur la base de leurs habits lors de leur participation au chantier routier.

Dans la foulée, une campagne a été lancée sur les réseaux sociaux sous le hashtag #shortonsles. Elle invite les utilisateurs à mettre sur leurs profils une photo d’eux en short, sur la base d’une pétition signée par une cinquantaine de personnalités marocaines du monde des médias, de la culture et de la société civile, en solidarité avec les associatives belges.

«Nous Marocain(e)s, Marocains du Monde, Marocain(e)s de cœur, non-marocains vivant au Maroc, touristes, hommes et femmes ami(e)s du Maroc… leur dénions le droit de parler en notre nom !», lit-on dans le texte de soutien. «Nous assurons ces jeunes filles de notre de notre amitié, de nos remerciements fraternels, demandons que cet enseignant soit poursuivi pour apologie du terrorisme et que ce député remette sa démission», enchaînent les signataires.

Dans ce sens, ces derniers estiment qu’«il n’est pas acceptable que de tels individus prennent ainsi en otage toute une population». «Pour le projet de société qui est le nôtre et que nous défendons, nous ne pouvons laisser de tels propos sans réaction», écrivent-ils.

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