Pays-Bas : Interdire la burqa, une mesure qui s’annonce difficilement applicable

Alors que l’interdiction de la burqa dans les espaces publics aux Pays-Bas est entrée en vigueur aujourd’hui, l’application de cette loi s’annonce compliquée, souligne le journal Libération.

La police a d’ores et déjà annoncé qu’elle n’en ferait pas une de ses priorités et qu’elle souhaitait éviter que les femmes intégralement voilées ne puissent entrer dans un commissariat pour déposer plainte.

«La police nous a annoncé qu’elle n’interviendrait pas dans le délai habituel de 30 minutes pour ces cas, si jamais elle intervient», a expliqué Pedro Peters, porte-parole de la société de transports publics de Rotterdam. «Cela signifie que la loi est inapplicable. Si une personne portant une burqa utilise nos services, notre personnel n’aura pas de soutien policier pour l’aider à réagir. Ce n’est pas aux agents de transport de faire appliquer la loi», a-t-il justifié.

Les hôpitaux ont affirmé qu’ils «ne refuseraient pas de prodiguer des soins à qui que ce soit, peu importent les vêtements portés». La fédération néerlandaise des centres médicaux universitaires a par ailleurs repoussé la possibilité d’appliquer la loi par eux-mêmes, avançant la crainte que les femmes voilées se détournent désormais des soins médicaux.

Le secteur de l’éducation marche lui aussi dans le sillage de celui des transports et de la santé. Ainsi, la loi qui devait entrer en vigueur tôt en juillet a été reportée à ce 1er août à la demande des écoles. Les établissements scolaires redouaient que la loi suscite des tensions avec les mères voilées en cette fin d’année scolaire. La ville d’Amsterdam, qui est opposé à cette interdiction, devrait, elle aussi, balayer l’application de cette loi.

Le parti communautaire Nida, qui se présente comme une formation «d’inspiration islamique» et met l’accent sur la lutte contre la discrimination envers les musulmans, a annoncé qu’il règlerait lui-même le montant des éventuelles amendes reçues par les femmes voilées.